lundi 28 mars 2016

Note introductive aux rapports entre Yi Jing et code génétique humain par Loÿs THIMONIER

            Note introductive aux rapports entre Yi Jing et code génétique humain

                           par Loÿs THIMONIER (https://www.u-picardie.fr/eproad/membres/loys )

                                                                             ***

Préambule

  Une des motivations initiales de ce travail a été d’expliquer très précisément la correspondance mathématique entre les 64 hexagrammes du Yi Jing et les 64 codons du code génétique : ce nombre 64 résulte de modélisations combinatoires s’appliquant l’une au Yi Jing l’autre au code génétique, étude sérieuse jamais vraiment réalisée dans les textes diffusés sur cette question au grand public, qui proclament par ailleurs cette correspondance en insistant surtout sur son halo de mystère ...
   Un rapport étroit est ici souligné entre d’une part dans le cadre du Yi Jing les 4 situations combinatoires possibles issues d’un lancement de 3 pièces de monnaie identiques, et d’autre part les 4 bases azotées dont les initiales constituent les lettres A, C, G, T de l’alphabet du code génétique .

A - Yi Jing (pour l’impression des hexagrammes, cf https://fr.wikipedia.org/wiki/Hexagramme)


                              Le tàijí tú , symbole du Yīn et du Yang (souvent entouré des 8 trigrammes possibles)

   Le Yi Jing (易經- traduction en pinyin : yì jīng, également orthographié Yi King) - traité dont le titre peut se traduire par "Livre des mutations (ou transformations)" - est un des plus fameux livres de la civilisation chinoise, pour laquelle il joue un rôle aussi important que celui de la Bible dans la tradition judéo-chrétienne . Il s'agit d'un système de signes binaires (hexagrammes…), dont l’élaboration date du premier millénaire avant l'ère chrétienne . Occupant une place fondamentale dans l'histoire de la pensée chinoise dont il est considéré comme le plus ancien texte, c’est un traité unique en son genre dont la finalité est de décrire les états du monde et leurs évolutions .

  Il donne ainsi couramment lieu à des consultations divinatoires sur l’énigme du destin humain : toute personne sérieuse doit savoir pour s’y prêter, que ces consultations sont à réserver pour des questions profondes, mettant en jeu des forces subtiles dépassant notre dimension et à ne pas prendre à la légère…
 Il existe plusieurs méthodes de consultation, dont celle chinoise classique avec des baguettes.

  Une méthode très usitée et recommandée consiste à prendre 3 pièces de monnaie identiques consacrées à cet usage (par exemple préalablement rincées à l’eau pour les déconnecter de leur passé d’échanges de main en main), et après s’être concentré un moment :
- dans une 1e phase à les jeter simultanément 3 fois de suite ; à chaque jet on obtient, suivant le triplet non ordonné de côtés obtenus (Face ou Pile) des pièces et les règles d’association qui vont suivre, un trait - continu ou discontinu - d’un 1er trigramme, les 3 traits se superposant et se numérotant à partir du bas pour constituer le trigramme inférieur de l’hexagramme à venir ;
- dans une 2e phase à les jeter à nouveau simultanément 3 fois de suite, d’où un 2e trigramme, les 3 traits se superposant  et se numérotant de même à partir du bas pour constituer le trigramme supérieur de l’hexagramme résultant des 6 jets.
On notera qu’il y a 23 = 8 trigrammes possibles, chacun des 3 traits du trigramme étant continu ou discontinu .

  Il y a 4 situations combinatoires possibles à chaque jet simultané des 3 pièces, avec obtention d’un ensemble (non ordonné) parmi 4 types possibles de triplets :
. (1){Face, Face, Face}, auquel on associe un trait continu (Yang) - ici qualifié de vieux Yang  - mutant :     −o−
. (2){Face, Face, Pile}, auquel on associe un trait continu (Yang) - ici qualifié de jeune Yang  - non mutant : −−−
. (3){Face, Pile, Pile}, auquel on associe un trait discontinu (Yin) - ici qualifié de vieux Yin - mutant :         −x−
. (4){Pile, Pile, Pile}, auquel on associe un trait discontinu (Yin) - ici qualifié de jeune Yin  - non mutant :    −  −



Remarque : de nombreux textes sur la question proposent de coder ces 4 situations par un total numérique, mais c’est inutile si on a bien distingué ces 4 situations combinatoires (pour information, ce codage attribue les valeurs 3 à Face et 2 à Pile, d’où les 4 totaux possibles : 9 (1) , 8 (2) , 7 (3) , 6 (4) ) .

  Chaque lancement produit ainsi un trait parmi 4 possibles, chacun associé à une des 4 situations combinatoires :
(1) : vieux Yang −o− , (2) : jeune Yin −  − , (3) : jeune Yang −−− , (4) vieux Yin − x −   .      

Les règles d’évolution des traits, issues de la culture chinoise, sont les suivantes :
 . un trait discontinu (Yin) est mutant (vieux) :  − x −   ou   non mutant ne se transformant pas (jeune) : −  −   ;
 . un trait continu (Yang) est de même mutant (vieux) :   −o−   ou  non mutant ne se transformant pas (jeune) : −−−  .
 . un trait continu mutant :  −o−  évolue vers un trait discontinu non mutant :  −  −   ;
 . un trait discontinu mutant : − x − évolue vers un trait continu non mutant : −−−   .

  Par empilement successif de bas en haut de traits continus ou discontinus, on obtient ainsi un 1er hexagramme, qui s’il comporte des traits mutants se transformera en un 2e hexagramme, comme le montre l’exemple suivant. Du fait des 8 valeurs possibles pour chacun des 2  trigrammes constituant le 1er hexagramme, celui-ci admet 8 x 8 = 64 valeurs possibles .


Exemple

* Supposons que les 6 lancements de 3 pièces chacun conduisent aux situations successives suivantes :  (4) , (3) , (2) , (1) , (3) , (1)  .
D’où les traits successifs (de bas en haut) : −x− , −−− , −  − , −o− , −−− , −o− ,
et donc l’hexagramme :
Ce 1er  hexagramme est celui de la situation initiale .

* Comme le tirage a produit certains traits mutants (vieux Yin ou vieux Yang ), ceux-ci vont évoluer : vieux Yin  évoluant en trait continu Yang, vieux Yang évoluant en trait discontinu Yin, d’où la transformation en un 2e hexagramme .
 Compte tenu de ses traits
mutants (n° 1: −x−, n°4 : −o− ,  n°6 : −o−),  l’hexagramme précédent   va ainsi se transformer en un 2e hexagramme , celui de la situation finale après transformation :  

 Les commentaires associés dans le Yi Jing à chacun de ces 2 hexagrammes sont à prendre en compte, ainsi que ceux spécifiques aux traits en mutation (la symbolique est particulièrement difficile d’accès pour l’Occidental non vraiment connaisseur de la pensée chinoise profonde : il lui est vivement conseillé de se limiter aux indications les plus basiques, qui lui permettront d’avoir déjà une idée souvent remarquablement précise de l’évolution de la situation).

  Le Yi Jing est le fruit d'une recherche  spéculative et cosmogonique très élaborée datant du premier millénaire avant J.C. , dont les articulations ont sous-tendu durablement la pensée chinoise.
   Sa structure mathématique impressionna LEIBNIZ, le grand philosophe et scientifique allemand de la 2e moitié du 18e s., extrêmement surpris de découvrir que l’ordre naturel des hexagrammes définissait un système de numérotation binaire (devenu plus tard l’algèbre de BOOLE, base du langage informatique) que lui-même venait d’inventer .
   De fait, partant d'une opposition/complémentarité entre les principes générateurs Yin (= réceptif, féminin, lune...) et Yang (= créatif, masculin, soleil…) et subdivisant cette dualité de façon systématique, le Yi Jing débouche sur une série de 64 hexagrammes et des textes associés, qui peuvent interpréter toutes les transformations possibles.


Le philosophe et sociologue français Edgar MORIN a écrit dans La Méthode, 1. La Nature de la Nature, p. 228 (éditions du Seuil, Paris, 1977) :
 "Le Yi-King ou Livre des transformations de l'archaïque magie chinoise apporte l'image la plus exemplaire de l'identité du Génésique et du Génétique. La boucle circulaire est un cercle cosmogonique symboliquement tourbillonnaire par le
S intérieur qui à la fois sépare et unit le Yin et le Yang. La figure se forme non à partir du centre mais de la périphérie et naît de la rencontre de mouvements de directions opposés. Le Yin et le Yang sont intimement épousés l'un dans l'autre, mais distincts, ils sont à la fois complémentaires, concurrents, antagonistes. La figure primordiale du Yi-King est donc une figure d'ordre, d'harmonie, mais portant en elle l'idée tourbillonnaire et le principe d'antagonisme. C'est une figure de complexité. "

   On peut déceler des relations profondes entre les 64 hexagrammes du Yi Jing  et les 64 triplets du code génétique humain, objet de l’étude suivante .


B - Code génétique (https://fr.wikipedia.org/wiki/Code_génétique)



   L'information génétique est structurée en gènes, instructions génétiques et facteurs déterminant les caractères apparents d'un individu, l'ensemble des gènes d'un organisme constituant son génome, l'ensemble des gènes d'une cellule son génotype . Le support des gènes est constitué par une macromolécule biologique présente dans toutes les cellules, contenant  toute l'information génétique permettant le développement et le fonctionnement des êtres vivants : l’Acide DésoxyriboNucléique ou ADN, dont la découverte de la structure en double hélice par James WATSON et Francis CRICK date de 1954 (conduisant à leur prix Nobel en 1961) . Cette découverte a révolutionné l'étude du vivant, livrant une clé fondamentale pour comprendre la grammaire et le langage des cellules.

   Une molécule d'ADN forme une pelote microscopique enroulée dans le noyau des cellules (chez les organismes eucaryotes, c'est-à-dire constitués de cellules munies d'un noyau) ou dans le cytoplasme (chez les procaryotes, cellules dénuées de noyau, comme les bactéries) ; une fois déroulée, la molécule d'ADN s'étire en un fil gigantesque, constitué par un enchaînement précis de caractères dans un alphabet à 4 lettres chimiques : les bases azotées ou "nucléotides", adénine A, cytosine C, guanine G, thymine T. Ces caractères forment des mots, les gènes, qui s'enchaînent le long de l'ADN.

  L'ADN est formé de 2 brins, complémentaires semblables à une photographie et son négatif,  antiparallèles formant une double hélice, enroulés l'un autour de l'autre. Chacun de ces brins est un polymère (molécule constituée de la répétition de nombreux motifs) appelé polynucléotide ; en effet, chaque élément d’un brin est un nucléotide (molécule organique élément de base d'un acide nucléique) comportant entre autres une des 4 bases azotées possibles ; l'ordre dans lequel se succèdent les nucléotides le long d'un brin d'ADN constitue la séquence de ce brin portant l'information génétique.

 Le code génétique est l'ensemble des règles permettant de traduire l’information génétique afin de synthétiser les protéines ; il repose sur la correspondance entre d'une part des triplets de nucléotides (codons) et d'autre part les acides aminés incorporés dans les protéines synthétisées lors d’une phase de traduction par des composés complexes, les ribosomes :

-  Un messager intermédiaire est nécessaire pour la lecture par la cellule du message génétique codé dans l’ADN : c’est  la molécule d'ARN (Acide RiboNucléique) dit messager - MONOD, JACOB et al., 1960 - noté ARNm, qui permet la transcription sous forme nucléotidique dans le noyau cellulaire, jusqu'au cytoplasme, où cette information est traduite par les ribosomes sous forme de molécules particulières, les protéines ; chaque gène code une instruction déterminant la synthèse d'une protéine particulière, chargée dans la cellule d'une tâche spécifique .
  La molécule d'ARN possède une structure chimique proche de celle de l'ADN, à la différence près qu'elle ne comporte qu'un seul brin linéaire, et qu'elle est constituée par un enchaînement de caractères légèrement différents dans un alphabet à 4 lettres où la thymine T est remplacée par l’uracile U (qui présente une légère différence sur l’atome de carbone) : A, U, G et C. Cet ARN est synthétisé, au cours du processus de transcription, à partir d'un segment de la molécule d'ADN qui lui sert de "moule", la molécule d'ARN alors produite étant une "photocopie" de gènes portés par l'ADN .

-  La traduction en protéines est réalisée via une série de triplets (codons) de nucléotides : chaque codon code 1 des 20 acides aminés naturels ; il y a 64 (43) codons possibles sur l’alphabet précédent de 4 lettres : à 1 des 20 acides aminés peuvent donc correspondre plusieurs codons ; enfin 3 des 64 triplets (dits "codons-stop") ne codent aucun acide aminé, indiquant juste lors de la traduction la fin de la protéine.

  La ressemblance du code génétique avec les 64 hexagrammes du système symbolique du Yi Jing est frappante . On peut être encore plus surpris que LEIBNIZ au 18e s. en constatant que si on regroupe les 6 traits consécutifs d’un hexagramme du Yi Jing en 3 groupes de 2 traits consécutifs, chaque groupe est un ensemble parmi 4 (22 =4, chaque trait ayant la valeur continu ou discontinu) doublets possibles, qui chacun peut être mis en correspondance avec l’une des 4 bases azotées composant l’ADN, et que chaque hexagramme équivaut alors à l’un des triplets (codons) génétiques.

  La structure de l’ordre naturel décrit dans le Yi Jing se trouve ainsi en correspondance avec celle du code génétique : on pourrait se livrer à une étude mathématique bien plus approfondie, et constater la richesse potentielle d’un abord du Yi Jing au travers de la notion d’information, qui permet d’aborder celle de transformation .

On pourrait par ailleurs en continuant beaucoup plus loin voir apparaître une multitude complexe de rapports étroits avec les types d’énergies subtiles intervenant en acupuncture, médecine chinoise traditionnelle, et tradition indo-tibétaine des 8 chakras (cf références du C) .

C - Références à des écrits sur les rapports entre Yi Jing et code génétique

   Nombre d’auteurs - assez peu sérieux, encore moins savants, parfois même quelque peu exaltés - ont écrit divers articles ou livres en rapport avec le sujet, le mettant à toutes les sauces – notamment quantique ! – en n’aboutissant qu’à une salade illusoire et inconsistante, malheureusement commercialisable …

 Au moins deux livres sont à recommander :

- Yi-king et code génétique, une clef cachée de la vie , par le Dr. Margit SCHÖNBERGER, éditeur : Les Deux Océans - Paris, 1991 ;

- Le diamant chauve , "Plus" ou la tradition des évidences , par Jacques PIALOUX,  acupuncteur O.M.D. (Oriental Medecine Doctor), éditeur : Fondation Cornelius Celsus - Sion (SUISSE), 2009 .

   Ce dernier livre est extrêmement savant et détaillé, exposant une théorie générale de l'énergétique fondée sur le Yi Jing, rassemblée ici en un manuel médical utilisé par des ostéopathes. L’auteur s’appuie sur l’ensemble mathématique du Yi Jing pour relier trois courants de pensée : acupuncture et médecine traditionnelle chinoise, tantrisme et tradition indo-tibétaine, génétique et science occidentale.


  À l’instar des 64 hexagrammes du Yi Jing, le code génétique et ses 64 codons, comme la table périodique des éléments simples, s’élaborent et fonctionnent selon des schémas similaires ; il en va de même de la conscience humaine et de son évolution, figurées par les 7 véhicules de conscience et les chakras du tantrisme ; les 8 merveilleux vaisseaux et l’ensemble des énergies décrites en acupuncture, sont présents dans les 64 hexagrammes et dans leurs transformations, et constituent le lien entre les chakras et les codons de l’ADN. Deux études ont été rajoutées à la fin de l'ouvrage : la première représente la synthèse, en 25 pages, de la science chinoise des énergies qui trouve son application en acupuncture ; la seconde, en annexe, comporte le tableau de correspondance analogique des 64 hexagrammes du Yi Jing et, entre autres, de l'ensemble des énergies décrites en acupuncture, mais également des 64 codons de l'ADN du code génétique .


D –Annexe : une brève histoire de la génétique

I - 1e époque : MENDEL
 
  La génétique est une discipline relativement jeune : les premières lois de l'hérédité ont été découvertes vers 1860 par le morave Grégor MENDEL, ignorées de la plupart de ses contemporains et oubliées durant plus de 40 ans, avant d'être redécouvertes au
début du 20e siècle . Observant la transmission d'une génération à l'autre de certains caractères apparents chez le pois, il en a
d’une part déduit les lois de MENDEL, simples et toujours valables aujourd'hui, et d’autre part a émis l'hypothèse que les
caractères apparents transmis entre générations sont déterminés par des facteurs héréditaires qui obéissent toujours aux mêmes
lois.

 La redécouverte des lois de MENDEL au début du 20e siècle a conduit à définir un premier vocabulaire de base :
phénotype : ensemble des caractères apparents d'un individu ;
gènes : facteurs déterminant les caractères apparents ;
génotype : ensemble des gènes d'un individu ;
allèle : une des formes possibles d'un même gène ;
homozygote : un individu est homozygote pour un gène quand il possède deux allèles identiques de ce gène ;
hétérozygote : un individu est hétérozygote pour un gène quand il possède deux allèles différents de ce gène ;
allèle dominant ou récessif : soit un individu hétérozygote pour un gène comportant les deux allèles G et g ; si cet individu n'exprime que le caractère correspondant à l'allèle G, celui-ci sera dit "dominant" par rapport à l'allèle g "récessif".

II - 2e époque : MORGAN

  De 1909 à 1915, l'américain Thomas MORGAN a déterminé les premiers fondements moléculaires de la génétique en étudiant
la transmission héréditaire de différents caractères chez la drosophile (mouche du vinaigre), ce qui a donné naissance à la théorie chromosomique de l'hérédité, affirmant principalement que les gènes sont des éléments matériels portés par les chromosomes,
qui apparaissent dans la cellule sous forme de bâtonnets subissant, au cours de la division cellulaire, des processus complexes de dédoublement et de séparation. Toutes les cellules d'une même espèce comportent 2n chromosomes (n = 23 chez l'homme), à l'exception des cellules sexuelles matures, les gamètes (spermatozoïdes et ovules), qui ne renferment que n chromosomes.

  Quand un spermatozoïde à n chromosomes (paternels) féconde un ovule à n chromosomes (maternels), il en résulte un oeuf fécondé, ou zygote, à 2n chromosomes appariés (chromosomes "homologues"). Toutes les cellules issues de ce zygote par un processus de division nommé mitose, comportent n chromosomes paternels et n chromosomes maternels. Seules les cellules précurseurs des cellules sexuelles subissent une division spéciale nommée méiose, qui aboutit à des gamètes à n chromosomes, après la séparation des chromosomes homologues.

Au cours de la méiose, la diversité génétique est augmentée considérablement : les chromosomes homologues s'associent puis échangent certains segments avant de se séparer, certains gènes étant ainsi transférés d'un chromosome homologue sur l'autre ; chacun des gamètes issus d'une même cellule précurseur possède alors une combinaison de gènes différente de celle des autres gamètes. Grâce au brassage génétique ainsi créé par la méiose et la fécondation, tout zygote possède un patrimoine unique de gènes paternels et maternels, d’où résulte le phénotype.

 Chaque gène occupe une position déterminée sur un chromosome. Deux gènes situés sur un même chromosome ont d'autant plus de chances de ne pas être séparés lors de la méiose - donc d'être transmis ensemble à la descendance - qu'ils sont plus proches l'un de l'autre : c'est grâce à ceci que MORGAN put établir sa théorie de l'hérédité, en comparant la transmission de plusieurs
caractères chez la drosophile.


La génétique de MORGAN, complétant celle de MENDEL en y introduisant de nouveaux concepts, a donné lieu à un deuxième vocabulaire de base :
distance génétique : distance entre deux gènes sur le chromosome,
locus génique : position d'un gène sur le chromosome,
mutation : modification du matériel héréditaire.

III - 3e époque : la génétique moléculaire
 
  Il restait à déterminer la nature chimique des gènes et des chromosomes, ce qui fut fait au cours des années 1950 avec l'avènement de la génétique moléculaire, entraînant avec la découverte de l’ADN un fulgurant essor dans la connaissance du vivant et de sa structure moléculaire : cette discipline et ses résultats ont fait l’objet du B .

IV - 4e époque : la révolution du génie génétique

  Après l’élucidation fondamentale de la grammaire du vivant, il restait à étudier la fonction d'un gène donné, défi resté insurmontable jusqu'au milieu des années 1970, car on ne savait pas isoler un gène déterminé au sein de l'immense molécule d'ADN.
 
 En 1975 a été inventé le génie génétique, ensemble des outils permettant de bricoler "sur mesure" la molécule d'ADN, dans le but de purifier des gènes, de les manipuler à volonté dans le génome de différentes espèces, et de déterminer leur séquence (c'est-à-dire l'enchaînement des lettres chimiques A, T, G et C, constituant le message inscrit dans les gènes).

 On a découvert  d’abord les "enzymes de restriction", sortes de ciseaux moléculaires qui découpent l'ADN en des sites bien précis ; on a ainsi pu isoler des segments d'ADN donnés.

 On a ensuite découvert comment insérer ces segments d'ADN dans des micro-organismes capables de les reproduire à l'identique en de très nombreux exemplaires, ou "clones".

  On a pu dès lors déterminer la séquence d'un gène donné, grâce aux techniques de séquençage mises au point par Paul BERG, Walter GILBERT et Frederick SANGER (prix Nobel de Chimie en 1980).

Une ère nouvelle s’est  ouverte pour la biologie et la médecine, avec le déchiffrage de l'encyclopédie de l'ADN, qui s'est considérablement accru au fil des années parallèlement aux progrès extraordinaires des techniques .