Par hasard, je suis tombée sur un paragraphe des « Entretiens de Confucius » traduit par Séraphin Couvreur :
- Adonnez-vous à l'étude avec une foi profonde, conservez la bonne voie jusqu'à la mort; n'entrez pas dans un pays troublé; ne demeurez pas dans un état en rébellion. Si le monde suit la Voie, montrez-vous , sinon cachez-vous. Si le pays suit la Voie, ayez honte de n'avoir ni richesses ni honneurs. Mais s'il ne la suit pas, ayez honte d'en avoir.
“笃信好学,守死善道。危邦不入,乱邦不居。天下有道则见,无道则隐。邦有道,贫且贱焉,耻也;邦无道,富且贵焉,耻也。”
La traduction était si fluide que je pensais que c’était un traducteur contemporain, mais quand je me suis renseignée sur l'Internet, j’ai découvert que c’était un missionnaire jésuite ! Séraphin Couvreur (顾赛芬, nom en Chinois, 1835-1919) est aussi un des sinologues les plus féconds à l’époque. En plus, sa vie a un lien fort avec Amiens!
Séraphin Couvreur est né à Varennes dans la Somme, à 30 kilomètres d’Amiens. Après avoir suivi la scolarité du séminaire d'Amiens, Séraphin Couvreur a fait ses études de philosophie et de théologie à Vals et Laval. Professeur de grammaire au collège d'Amiens, il demande à être envoyé en mission pour la Chine en 1870. Il est décédé en 1919 à Xianxian en Chine (河北献县).
Séraphin Couvreur a composé plusieurs dictionnaires et traduit un grand nombre d’œuvres classiques chinoises. Quand il traduisait « Entretiens de Confucius », il adoptait une méthode philologique en utilisant en même temps le chinois, le français et le latin, et il marquait la prononciation de chaque caractère chinois. Pas étonnant que sa traduction est si expressive! Pour ses travaux, il recevra trois fois le prix Stanislas Julien.
Le 27 Decembre, un de derniers jours de 2019, je suis allée à Varennes. Sur la route de campagne, j’imaginais comment Séraphin Couvreur prenait ce petit chemin pour aller à Amiens, puis aller en Chine, . . . Quand je suis arrivé à Varennes, j'ai vu un petit village avec une dizaine de familles où j'ai rencontré un vieil homme sur la route. Je lui ai demandé s'il connaissait Séraphin Couvreur, il a dit que non et m’a conseillé de m’en renseigner au marie. A la mairie, il y avait deux personnes qui étaient en train de faire les travaux. Je leur montrais les informations sur Séraphin Couvreur de Wikipédia, et ils m'ont dit que Varennes est bien là, mais ils n'ont pas entendu parler d'une famille de Couvreurs. Ils m’ont proposé d’aller aux archives départementales de la Somme pour m’en renseigner. Je leur ai demandé s'il y avait quelques choses à visiter au village, ils m’ont dit qu'il y avait une église dont la clé chez quelqu’un qui s’appelait Jean-Marie, et il y avait aussi une cémitière anglaise de la Première Guerre mondiale.
Je suis allée à cette cémitière, et vu que des rangées de pierres tombales se tenaient sur des herbes bien taillées où les jeunes soldats de vingtaines ans dormaient pour toujours, …
Dans quelque sorte, tout le monde est une poussière de l'histoire, et quand les poussières scintillantes se forment une lumière, elle pourrait nous inspirer : il y a des prédécesseurs, il doit y avoir des successeurs, . . .
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