Dans la Chine ancienne, à l'époque de la dynastie Tang (618-906), le Go était l'un des Quatre Arts nécessairement maîtrisés par toute personne cultivée, avec la poésie, la musique et la peinture. Bien que parfois le champ lexical de la guerre et de la bataille soit utilisé pour décrire l'affrontement de deux joueurs, le Go n'est pas considéré comme un affrontement entre deux concurrents, ni comme une compétition. Bien au contraire, le Go doit permettre aux joueurs de se détacher, d'entrer en transcendance, d'adopter un état d'esprit d'ermite. Il s'agit là d'une caractéristique typique des chinois : dépasser le simple jeu, aller au-delà des règles et de l'enjeu.
Une légende, l' « histoire du manche pourri » (265-420), traduit fort bien cet état d'esprit : Wang Zhi, un bûcheron, alla couper du bois dans la montagne. Il vit deux ermites qui jouaient au Go et resta à leurs côtés, observant la partie. Le temps passait et, de temps à autre, il mangeait une datte. Soudain, il entendit crier : « Pourquoi ne rentres-tu pas ? Regarde le manche de ta hache ! ». Il découvrit alors que son manche avait pourri. Cent ans s'étaient écoulés.
Loin de cet état d'esprit d’ermite aujourd’hui, AlphaGo, la rencontre du Go et de l’IA, a battu les humains est un véritable révélateur, notamment du point de vue de la relation entre l'Homme et la Machine.