Le premier jour de 2013, Edgar Morin a écrit un article intitulé « En 2013, il faudra plus encore se méfier de la docte ignorance des experts ». Bien que trois ans ont passé, ses propos sont encore d’actualité :
- L’erreur n'est pas seulement aveuglement sur les faits. Elle est dans une vision unilatérale et réductrice qui ne voit qu'un élément, un seul aspect d'une réalité en elle-même à la fois une et multiple, c'est-à-dire complexe.
J’ai traduit cet article en chinois pour le présenter à des amis chinois, et je le partage ici aux ami(e)s français en vous souhaitant : Bonne année 2017!
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http://www.lemonde.fr/idees/article/2013/01/01/en-2013-il-faudra-plus-encore-se-mefier-de-la-docte-ignorance-des-experts_1811813_3232.html
En 2013, il faudra plus encore se méfier de la docte ignorance des experts
Le vide de la pensée politique en Europe et dans le monde est redoutable, estime le philosophe.
Hélas, nos dirigeants semblent totalement dépassés : ils sont incapables aujourd'hui de proposer un diagnostic juste de la situation et incapables, du coup, d'apporter des solutions concrètes, à la hauteur des enjeux. Tout se passe comme si une petite oligarchie intéressée seulement par son avenir à court terme avait pris les commandes." (Manifeste Roosevelt, 2012.)
"Un diagnostic juste" suppose une pensée capable de réunir et d'organiser les informations et connaissances dont nous disposons, mais qui sont compartimentées et dispersées.
Une telle pensée doit être consciente de l'erreur de sous-estimer l'erreur dont le propre, comme a dit Descartes, est d'ignorer qu'elle est erreur. Elle doit être consciente de l'illusion de sous-estimer l'illusion. Erreur et illusion ont conduit les responsables politiques et militaires du destin de la France au désastre de 1940 ; elles ont conduit Staline à faire confiance à Hitler, qui faillit anéantir l'Union soviétique.
Tout notre passé, même récent, fourmille d'erreurs et d'illusions, l'illusion d'un progrès indéfini de la société industrielle, l'illusion de l'impossibilité de nouvelles crises économiques, l'illusion soviétique et maoïste, et aujourd'hui règne encore l'illusion d'une sortie de la crise par l'économie néolibérale, qui pourtant a produit cette crise. Règne aussi l'illusion que la seule alternative se trouve entre deux erreurs, l'erreur que la rigueur est remède à la crise, l'erreur que la croissance est remède à la rigueur.
L'erreur n'est pas seulement aveuglement sur les faits. Elle est dans une vision unilatérale et réductrice qui ne voit qu'un élément, un seul aspect d'une réalité en elle-même à la fois une et multiple, c'est-à-dire complexe.
Hélas. Notre enseignement qui nous fournit de si multiples connaissances n'enseigne en rien sur les problèmes fondamentaux de la connaissance qui sont les risques d'erreur et d'illusion, et il n'enseigne nullement les conditions d'une connaissance pertinente, qui est de pouvoir affronter la complexité des réalités.
Notre machine à fournir des connaissances, incapable de nous fournir la capacité de relier les connaissances, produit dans les esprits myopies, cécités. Paradoxalement l'amoncellement sans lien des connaissances produit une nouvelle et très docte ignorance chez les experts et spécialistes, prétendant éclairer les responsables politiques et sociaux.
Pire, cette docte ignorance est incapable de percevoir le vide effrayant de la pensée politique, et cela non seulement dans tous nos partis en France, mais en Europe et dans le monde.
Nous avons vu, notamment dans les pays du "printemps arabe", mais aussi en Espagne et aux Etats Unis, une jeunesse animée par les plus justes aspirations à la dignité, à la liberté, à la fraternité, disposant d'une énergie sociologique perdue par les aînés domestiqués ou résignés, nous avons vu que cette énergie disposant d'une intelligente stratégie pacifique était capable d'abattre deux dictatures. Mais nous avons vu aussi cette jeunesse se diviser, l'incapacité des partis à vocation sociale de formuler une ligne, une voie, un dessein, et nous avons vu partout de nouvelles régressions à l'intérieur même des conquêtes démocratiques
Ce mal est généralisé. La gauche est incapable d'extraire de ses sources libertaires, socialistes, communistes une pensée qui réponde aux conditions actuelles de l'évolution et de la mondialisation. Elle est incapable d'intégrer la source écologique nécessaire à la sauvegarde de la planète. Les progrès d'un vichysme rampant, que nulle occupation étrangère n'impose, impose dans le dépérissement du peuple républicain de gauche la primauté de ce que fut la seconde France réactionnaire.
Notre président de gauche d'une France de droite ne peut ni retomber dans les illusions de la vieille gauche, ni perdre toute substance en se recentrant vers la droite. Il est condamné à un "en avant". Mais cela nécessite une profonde réforme de la vision des choses, c'est-à-dire de la structure de pensée. Cela suppose, à partir d'un diagnostic pertinent, d'indiquer une ligne, une voie, un dessein qui rassemble, harmonise et symphonise entre elles les grandes réformes qui ouvriraient la voie nouvelle.
Je dégagerais ce que pourrait être cette ligne, cette voie que j'ai proposée aussi bien dans La Voie que dans Le Chemin de l'espérance, écrit en collaboration avec Stéphane Hessel (Fayard, 2011).
Je voudrais principalement ici indiquer que l'occasion d'une réforme de la connaissance et de la pensée par l'éducation publique est aujourd'hui présente. Le recrutement de plus de 6000 enseignants doit permettre la formation de professeurs d'un type nouveau, aptes à traiter les problèmes fondamentaux et globaux ignorés de notre enseignement : les problèmes de la connaissance, l'identité et la condition humaines, l'ère planétaire, la compréhension humaine, l'affrontement des incertitudes, l'éthique.
Sur ce dernier point, l'idée d'introduire l'enseignement d'une morale laïque est à la fois nécessaire et insuffisante. La laïcité du début du XXe siècle était fondée sur la conviction que le progrès était une loi de l'histoire humaine et qu'il s'accompagnait nécessairement du progrès de la raison et du progrès de la démocratie.
Nous savons aujourd'hui que le progrès humain n'est ni certain ni irréversible. Nous connaissons les pathologies de la raison et nous ne pouvons taxer comme irrationnel tout ce qui est dans les passions, les mythes, les idéologies.
Nous devons revenir à la source de la laïcité, celle de l'esprit de la Renaissance, qui est la problématisation, et nous devons problématiser aussi ce qui était la solution, c'est-à-dire la raison et le progrès.
La morale alors ? Pour un esprit laïque, les sources de la morale sont anthropo-sociologiques. Sociologiques : dans le sens où communauté et solidarité sont à la fois les sources de l'éthique et les conditions du bien-vivre en société. Anthropologiques dans le sens où tout sujet humain porte en lui une double logique : une logique égocentrique, qui le met littéralement au centre de son monde, et qui conduit au "moi d'abord" ; une logique du "nous", c'est-à-dire du besoin d'amour et de communauté qui apparaît chez le nouveau-né et va se développer dans la famille, les groupes d'appartenance, les partis, la patrie.
Nous sommes dans une civilisation où se sont dégradées les anciennes solidarités, où la logique égocentrique s'est surdéveloppée et où la logique du "nous" collectif s'est "sous-développée". C'est pourquoi, outre l'éducation, une grande politique de solidarité devrait être développée, comportant le service civique de solidarité de la jeunesse, garçons et filles, et l'instauration de maisons de solidarité vouées à secourir les détresses et les solitudes.
Ainsi, nous pouvons voir qu'un des impératifs politiques est de tout faire pour développer conjointement ce qui apparaît comme antagoniste aux esprits binaires : l'autonomie individuelle et l'insertion communautaire.
Ainsi, nous pouvons voir déjà que la réforme de la connaissance et de la pensée est un préliminaire, nécessaire et non suffisant, à toute régénération et rénovation politiques, à toute nouvelle voie pour affronter les problèmes vitaux et mortels de notre époque.
Nous pouvons voir que nous pouvons commencer aujourd'hui une réforme de l'éducation par introduction de la connaissance des problèmes fondamentaux et vitaux que chacun doit affronter comme individu, citoyen, humain.
Edgar Morin, sociologue et philosophe
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http://blog.sciencenet.cn/home.php?mod=space&uid=2322490&do=blog&quickforward=1&id=1024385
2013年,应该更加提防博学专家的无知
哲学家认为,在欧洲和世界,政治思想的真空令人望而生畏。
唉,我们的领导人似乎完全落后于时代:他们现在无法对局势提供恰当的判断,于是也就无法对所面临的巨大挑战提供具体的解决方案,像一个只关心短期未来的寡头政治在掌舵。(宣言罗斯福,2012年)
“恰当的判断”的前提,是有种能将原本分离散乱的信息和知识聚合、组织起来的思想。
这种思想应该意识到低估错误的“错误”,就是笛卡尔所说的对错误的无知;意识到低估妄见的“妄见”。错误和妄见导致了1940年法国的灾难,导致斯大林相信希特勒,险些毁灭了苏联。
我们的过去甚至最近,充满了错误和妄见,工业社会无限进步的假象,新的经济危机不再出现的幻想,苏维埃和毛泽东主义的妄见,以及今天幻想从新自由主义经济危机走出来的妄见,还有流行的处于二种错误中的妄见:用严厉措施来补救经济危机,用经济增长来补救严厉措施。
“错误”不仅仅指看不见现实,而且指将原本统一的、多元的,即复杂的现实本身,片面化、简单化的世界观。
唉,我们的教育教授了那么丰富的知识,却没有教授关于知识的基本问题,这是错误和妄见的危险所在;我们的教育也没有教授恰当的知识前提,这是能够面对现实复杂性的力量所在。
那些提供给我们知识的机器,无法赋予我们将知识联系起来的能力,就在我们平庸的心中制造出盲目。
矛盾的是,只有积累而无联系的知识产生出新的博学无知专家,自以为明白政治和社会责任。
更糟的是,这种博学的无知无法感知政治思想的可怕空白,不仅在法国的各个政党而且在欧洲和世界各地存在。
我们已经看到,特别是在“阿拉伯之春”的国家,还有西班牙和美国,青年人渴望尊严、自由、博爱,拥有社会学的能量,却迷失于驯化和屈从,我们已经看到,这种能量拥有一种和平战略的智能,能够削弱两个独裁。但是,我们也看到了青年的分裂,有社会使命的政党无法统一路线、道路、计划,我们已经到处看到退步,即使在民主性胜利的内部。
这种不好的现象非常普遍。左派无法从自由主义者、社会主义者、共产主义者那里汲取思想,来回应演化和全球化。左派无法整合维护地球必须的生态资源,没有外国占领强加的阿谀奉承的维希主义在推进,在共和国人民的衰落中推行第二反动的法国。
我们的右派法国的左派总统,既不能陷入老左派的幻想,也不能重回右派,他被迫“前进”,但是这需要眼光,也就是说,需要思想结构的深刻变革,从恰当的诊断,指示出一条路线、道路、计划,在他们之间聚集、协调和指挥重大改革,开辟新的路径。
我梳理一下这条路线、道路,与Stéphane Hessel (Fayard, 2011)合作,我也在La Voie(道路)、Le Chemin de l'espérance(希望的道路)中提出过。
我这里主要表明,通过公共教育对知识和思想改革的机会现在出现了,招聘6000多名教师应该可以培训新型教师,适合于处理基本的、全球性的被我们教育忽视的问题:关于知识的问题、人的前提和身份、全球化时代、人道的理解、面对不确定性、伦理道德。
关于最后一点,引入世俗伦理教学的想法是必要的但不够。二十世纪初的世俗主义是基于这样的信念,进步是人类历史的规律,必然伴随着理性和民主的进步。
现在我们知道,人类进步既是不确定的,也是不可逆的。我们知道理性的病症,我们不能把所有有关激情、神话、意识形态归为非理性。
我们应该回到世俗主义的源头,文艺复兴精神的源头,这才是“问题”,我们也应该“问题化”解决方案,即理性和进步。
道德呢?对于世俗的精神而言,道德的源头是人类社会学。社会学:社区和团结是道德的两个来源,同时也是良好生活的前提。
人类学意义上,每个人拥有两种逻辑:一个是以自我为中心的逻辑,字面就是把自己放在世界的中心,并导致了“自我第一”;一个是“我们”的逻辑,也就是说,对爱和社区的需要表现在新生儿身上,发展于家庭、团体、政党、国家。
我们正处在一种文明中,古老的团结精神在退化,自我中心的逻辑过于发达,而“我们”的集体逻辑“欠发达”。这就是为什么除了教育外,还需发展大团结的政治,包括青少年、男孩和女孩团结的公民服务,并建造专用于抢救遇险和孤独的团结房屋。
因此,我们可以看到,迫切需要一种政治,相对于二元论尽可能同时发展:个人自治和社区融入。
因此,我们已经可以看到,知识和思想的改革是一个开端,对于政治性的革新和重生,对于迎接我们这个时代的极其重要和生死攸关的问题的挑战,都是必须和不过分的。
我们可以看到,从今天起我们可以通过介绍关于对基本的、重要的问题的认知开始教育改革,这是作为个人、公民、人类必须面对的。
Réflexions sur le cœur et l'esprit, et plus généralement sur la vie, en ouvrant un espace entre la pensée chinoise et la pensée occidentale.
vendredi 30 décembre 2016
mercredi 21 décembre 2016
La spectacle de Noël « Les Secrets de Xing » (Les secrets du bonheur)
Hier (19/12/2016) j'ai regardé la spectacle « Les Secrets de Xing » (Les secrets du bonheur) au cirque d'Amiens, très intéressante, et je l’ai présenté aux amis chinois (http://blog.sciencenet.cn/home.php?mod=space&uid=2322490&do=blog&id=1021611):
“幸福的秘密”-亚眠马戏团与湖南马戏团圣诞联合演出
偶而在街上看到一则圣诞演出的广告:“幸福的秘密”(Les Secrets de Xing )-法国亚眠马戏团与中国湖南马戏团联合演出,于是今天和全家一起去观看了,果真是一场特别且精彩的演出!
特别在于,“幸福的秘密”改自法国著名科幻作家儒尔·凡尔纳(Jules Verne, 1828-1905)的一部探险小说“一个中国人在中国的遭遇(Les Tribulations d'un Chinois en Chine)”,将中国杂技编入其中,由亚眠马戏团与湖南马戏团合作而成,编剧形式活泼,贴近法国观众,整个演出过程掌声笑声不断。
让我们来听听亚眠马戏团是怎么介绍演出的:
一,一次人文和文化的历险
“幸福的秘密”纳入“国家马戏和街头艺术”项目的二期教学中。第一期教学于八年前与亚眠市合作而启动:从幼儿园到小学六年级,一万六千名学生观看圣诞演出,每年见识一点马戏艺术的多样性。“幸福的秘密”改编自儒尔·凡尔纳的小说“一个中国人在中国的遭遇”,中国杂技是主角。
儒尔·凡尔纳马戏学校,国家马戏和街头艺术训练中心,最近开始与中国湖南马戏团合作,为交流、传承和相聚带来了一次特别的机会:一方面,15个11至18岁的年轻人伴随着金福旅行;另一方面,亚眠人也有机会发现这所学校带来的细腻精湛的杂技艺术。
Une aventure humaine et culturelle
Les Secrets de Xing s’inscrit dans deux démarches pédagogiques qui sont au coeur du projet du Pôle National Cirque et Arts de la Rue. La première est celle entamée depuis huit ans avec la Ville d’Amiens pour ses écoles : de la maternelle au CM2, les seize mille écoliers assistent au spectacle de Noël et découvrent chaque année un versant de la diversité des arts du cirque. Avec Les Secrets de Xing, adapté du roman Les Tribulation d’un Chinois en Chine de Jules Verne, c’est l’acrobatie chinoise qui est à l’honneur. L’Ecole du Cirque Jules Verne, centre de formation du Pôle National Cirque et Arts de la Rue, collabore depuis peu avec l’école Artistique de Perfectionnement de Cirque de Hunan en Chine. Ce partenariat est apparu comme une opportunité unique pour permettre l’échange, la transmission, la rencontre : quinze jeunes agés de 11 à 18 an accompagnent King-Fo dans son voyage. De leur côté, les amiénois ont ainsi l’occasion de découvrir la virtuosité délicate des arts acrobatiques pratiqués par cette école.
二,简介小说“一个中国人在中国的遭遇”
小说首次发行于1879年,讲述了19世纪中期(清朝)一个年轻的中国纨绔子弟金福的故事:
金福厌倦了生活,没有幸福感。有一天,发现自己破产了,不想给未来的妻子一个悲惨的生活,他选择去死。在自杀的时候,他意识到自己还什么都没体会到,决定在死之前至少要在他的一生中经历一场情感。于是他请求他的老师兼朋友哲学家王先生,在规定的时间来杀他,他希望这将让他害怕死亡而能体验到某种感觉,王先生同意了,然后就消失了。后来,金福知道他并没有破产,然后想和Lé-Ou结婚过日子,但王先生不见了,金福到全国各地找他,要跟他说他不希望死。金福是在王先生要谋杀他的威胁下懂得生命的价值的。
儒尔·凡尔纳一生没到过中国,但他对中国了解甚多。与同时代其他欧洲作家不一样,凡尔纳在本书中积极地塑造了一个中国主人公的中国式生活,他把各种文化、历史、社会、语言等信息和评论融合在一起,创作了一部集旅游、冒险为一体的幽默小说。
此小说还被改编出电影:
1965年 《杀手闹翻天》,让-保罗·贝尔蒙多主演
1987年 《少爷的磨难》,陈佩斯主演
Résumé
Kin-Fo est un jeune Chinois riche, qui est indifférent à tout et ne connaît pas le bonheur. Un jour, il se retrouve ruiné. Ne voulant pas imposer à sa future épouse une vie misérable, il préfère mourir. Au moment de se donner la mort, il se rend compte qu'il ne ressent rien, et décide qu'il ne peut mourir sans connaître d'émotions au moins une fois dans sa vie. Il demande donc à son maître et ami, le philosophe Wang, de le tuer dans un délai imparti, ce qui, il l'espère, lui fera redouter la mort et éprouver quelques émotions. Wang accepte, puis disparaît. Plus tard, Kin-Fo apprend qu'il n'est pas ruiné. Il veut alors vivre et épouser Lé-Ou. Cependant, Wang reste introuvable et Kin-Fo le pourchassera dans toute la Chine pour lui dire qu'il ne veut plus mourir. Kin-Fo comprend la valeur de la vie en étant sous la menace constante d'être assassiné par Wang.
dimanche 9 octobre 2016
Anatole Ghestin - le Dernier Missionnaire Occidental en Chine
Le jour de St Valentin j’ai expliqué l’étymologie du caractère chinois «愛 (amour)» sur ce blog (http://coeur-et-esprit.blogspot.fr), et l’ai partagé avec l’ami Philippe, ensuite Philippe m’a écrit une lettre en parlant d’une visite de ses amies Anne Françoise et Marc, d’où nous avons découvert la vie passionnante et touchante du dernier missionnaire occidental en Chine, Anatole Ghestin (Ting Ming-Cheng en Chinois),…
Voici notre dialogue :
Phillippe: Merci pour ton article sur le coeur, il est intéressant tout comme les documents que tu joins....
La langue chinoise est à la fois si belle et tellement complexe !!!
J'ai reçu ton message alors que je voulais te poser une question concernant justement la langue chinoise....
J'ai des amis qui sont venus ce week end et au hasard d'une conversation, elle m'a appris qu'un des lointains oncle de sa grand mère avait vécu en Chine. En fait, il a fait plus qu'vivre. Je te donne l'extrait qu'on a trouvé le concernant ....
Nous sommes en 1907 ; Anatole Ghestin a trente-quatre ans. Cet homme, né à Haubourdin près de Lille, quitte sa famille et la France pour toujours. Jésuite, il part rejoindre sa mission en Chine. Pendant cinquante-trois ans, il décrit à sa famille avec talent, poésie, mais aussi avec réalisme, sa vie et celle de ce peuple chinois qu’il aime tant. Malgré la misère, la chaleur insupportable, le froid intense, les guerres, les inondations, le père Ghestin, devenu le père Ting, sillonne ses paroisses à bicyclette. À un âge avancé, il affronte les intempéries, mais aussi les dangers d’un pays en guerre permanente, forçant l’admiration de la population qui le protège à maintes reprises. Il meurt à la mission de Tchang-kia-Tchoang en 1961, veillé par Mgr Tchao, évêque de Sienhsien. Il fut le dernier missionnaire occidental, et le seul autorisé à demeurer sur place sous le régime communiste. Écrites au jour le jour sans autre intention que d’informer sa famille lointaine, ces lettres qui témoignent d’une « foi à déplacer les montagnes » sont aussi des documents exceptionnels sur la Chine de la première moitié de ce siècle.
Voila, cet homme qui était rentré dans l'ordre des jésuites à fait l'objet d'un livre, qu'on trouve encore et dont le titre est : Désormais, je m'appelle Ting Ming-Cheng.
Mon amie se demande ce que cela veut dire ..... J'ai cherché et j'ai trouvé ceci : 听命称. Celui qui obéit aux ordres, autrement dit Celui qui suit les preceptes de la réligion ....
Bon, si tout cela est faux, je demande ton indulgence .... et si preneur de toute information ...
Yu : Merci pour cette information, c’est très touchant!
Voici les senses de trois caractères de son nom :
丁(Ting) : un nom de famille
鸣(Ming) : le cri des oiseaux; sonner, resonner,
盛(Cheng) : grand, flourish
Par contre ton interprétation son nom 听命称 est très intéressante! Elle prononce bien comme 丁鸣盛, et surtout ça corresponds bien la vie de cet homme. A partir de cela, on pourrait voir quelle imagination peut donner par des caractères chinois, ...
(Après la conversation avec Phillippe, j’ai recherché sur l’internet certaines documents à propos de ce sujet et les ai transmis à Anne-Françoise.)
Anne-Françoise : Je vous remercie Philippe et toi de vos recherches concernant mon aïeul devenu prêtre en Chine !
Il est parti de sa famille lilloise le 8 octobre 1907 pour arriver à Shanghai le 14 novembre 1907 pour atteindre la mission de TIEN TSIN (XIAN XIAN autrefois SHIEN SHIEN) le 23 novembre !!!
Dans le livre de famille ont été rééditées toutes les lettres journalières que cet aïeul a écrit à sa famille jusqu'à sa mort le 28 janvier 1961!!! Ce livre, je l’ai en français et donc ai découvert une partie de ma généalogie, mais aussi toute la vie en Chine à cette époque ! PASSIONNANT
Anatole Ghestin est un oncle de ma grand mère maternelle.
Un grand merci pour la vidéo que tu as trouvé, cette française est l épouse d’un cousin germain de ma maman , ils sont allés sur les traces de cet aieul, il y a environ 20-25 ans!!!
Référence :
[1] 在中国的最后一名传教士-《从今以后我叫“丁”》, l’article que j’ai écrit dans mon blog chinois pour présenter Anatole Ghestin : http://blog.sciencenet.cn/blog-2322490-956180.html
Voici notre dialogue :
Phillippe: Merci pour ton article sur le coeur, il est intéressant tout comme les documents que tu joins....
La langue chinoise est à la fois si belle et tellement complexe !!!
J'ai reçu ton message alors que je voulais te poser une question concernant justement la langue chinoise....
J'ai des amis qui sont venus ce week end et au hasard d'une conversation, elle m'a appris qu'un des lointains oncle de sa grand mère avait vécu en Chine. En fait, il a fait plus qu'vivre. Je te donne l'extrait qu'on a trouvé le concernant ....
Nous sommes en 1907 ; Anatole Ghestin a trente-quatre ans. Cet homme, né à Haubourdin près de Lille, quitte sa famille et la France pour toujours. Jésuite, il part rejoindre sa mission en Chine. Pendant cinquante-trois ans, il décrit à sa famille avec talent, poésie, mais aussi avec réalisme, sa vie et celle de ce peuple chinois qu’il aime tant. Malgré la misère, la chaleur insupportable, le froid intense, les guerres, les inondations, le père Ghestin, devenu le père Ting, sillonne ses paroisses à bicyclette. À un âge avancé, il affronte les intempéries, mais aussi les dangers d’un pays en guerre permanente, forçant l’admiration de la population qui le protège à maintes reprises. Il meurt à la mission de Tchang-kia-Tchoang en 1961, veillé par Mgr Tchao, évêque de Sienhsien. Il fut le dernier missionnaire occidental, et le seul autorisé à demeurer sur place sous le régime communiste. Écrites au jour le jour sans autre intention que d’informer sa famille lointaine, ces lettres qui témoignent d’une « foi à déplacer les montagnes » sont aussi des documents exceptionnels sur la Chine de la première moitié de ce siècle.
Voila, cet homme qui était rentré dans l'ordre des jésuites à fait l'objet d'un livre, qu'on trouve encore et dont le titre est : Désormais, je m'appelle Ting Ming-Cheng.
Mon amie se demande ce que cela veut dire ..... J'ai cherché et j'ai trouvé ceci : 听命称. Celui qui obéit aux ordres, autrement dit Celui qui suit les preceptes de la réligion ....
Bon, si tout cela est faux, je demande ton indulgence .... et si preneur de toute information ...
Yu : Merci pour cette information, c’est très touchant!
Voici les senses de trois caractères de son nom :
丁(Ting) : un nom de famille
鸣(Ming) : le cri des oiseaux; sonner, resonner,
盛(Cheng) : grand, flourish
Par contre ton interprétation son nom 听命称 est très intéressante! Elle prononce bien comme 丁鸣盛, et surtout ça corresponds bien la vie de cet homme. A partir de cela, on pourrait voir quelle imagination peut donner par des caractères chinois, ...
(Après la conversation avec Phillippe, j’ai recherché sur l’internet certaines documents à propos de ce sujet et les ai transmis à Anne-Françoise.)
Anne-Françoise : Je vous remercie Philippe et toi de vos recherches concernant mon aïeul devenu prêtre en Chine !
Il est parti de sa famille lilloise le 8 octobre 1907 pour arriver à Shanghai le 14 novembre 1907 pour atteindre la mission de TIEN TSIN (XIAN XIAN autrefois SHIEN SHIEN) le 23 novembre !!!
Dans le livre de famille ont été rééditées toutes les lettres journalières que cet aïeul a écrit à sa famille jusqu'à sa mort le 28 janvier 1961!!! Ce livre, je l’ai en français et donc ai découvert une partie de ma généalogie, mais aussi toute la vie en Chine à cette époque ! PASSIONNANT
Anatole Ghestin est un oncle de ma grand mère maternelle.
Un grand merci pour la vidéo que tu as trouvé, cette française est l épouse d’un cousin germain de ma maman , ils sont allés sur les traces de cet aieul, il y a environ 20-25 ans!!!
Référence :
[1] 在中国的最后一名传教士-《从今以后我叫“丁”》, l’article que j’ai écrit dans mon blog chinois pour présenter Anatole Ghestin : http://blog.sciencenet.cn/blog-2322490-956180.html
samedi 24 septembre 2016
Les « périples de Zheng He » contre la « version sur la menace de la Chine »
Depuis la rentrée tous mes collègues ont été occupés par les soutenances et la reprise des cours. Ce n’est que la semaine dernière que j’ai pu avoir une discussion intéressante avec deux d’entre eux. Nous avons évoque certains sujets intéressants, et nous nous sommes posé un certain nombre de questions :
- La Chine représente-t-elle une menace réelle pour l’équilibre du monde?
- La Chine a une richesse historique et culturelle singulière, mais l’image qu’elle nous offre aujourd’hui n’en est-elle pas très éloignée?
- Que peut-on penser du comportement de certains chinois d’aujourd’hui qui semblent essentiellement préoccupés de leur réussite sociale et matérielle?
- Est-ce que le mode de raisonnement « dialectique » est inhérent à la pensée chinoise?
A propos de la menace que pourrait représenter la Chine, j’ai évoqué les sept périples du navigateur chinois de l’époque Ming Zheng He (1371 – 1433) qui, un peu près d’un siècle avant Christophe Colomb (1451 – 1506 ), avait poussé ses explorations du monde jusqu’au Moyen Orient et jusqu’au sud de l’Afrique (https://fr.wikipedia.org/wiki/Zheng_He). Celles-ci, dont mes collègues n’avaient jamais entendu parler, n’avaient, semble-t-il, pas pour objectifs de conquérir ou d’exploiter des terres nouvelles mais d’y faire rayonner la civilisation chinoise. On peut à partir de là oser un parallèle à sept siècles d’intervalle et réfléchir sur la réalité de l’apparente volonté expansionniste de la Chine d’aujourd’hui dans le domaine économique.
Afin d’apporter à mes collègues des informations complémentaires sur cet événement important dans l’histoire de la Chine, j’ai consulté des documents et je suis tombée sur un article où l'ex-ambassadeur de Chine en France évoquait le même sujet (http://french.peopledaily.com.cn/Horizon/3537782.html).
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Les ''périples de Zheng He'' contre la ''version sur la menace de la Chine''
"J'ai travaillé à l'étranger pendant plus de 20 ans, pour l'essentiel aux Etats-Unis et en Europe. J'ai constaté que les gens ordinaires ignorent les sept périples de Zheng He, à l'exception des milieux des historiens occidentaux", a noté Wu Jianmin, l'ex-ambassadeur de Chine en France.
La Chine n'est pas une menace pour le monde
Ayant travaillé comme ambassadeur de Chine à l'étranger pendant 9 ans, il a découvert que les partisans de la ''version sur la menace de la Chine'' sont nombreux, a révélé Wu. Pour convaincre ces derniers, il a cité l'exemple de Zheng He.
''Un jour, j'ai visité une école militaire en France. Un officier m'a demandé : 'La Chine est de plus en plus puissante. Nous l'avons tous constaté. Comment pouvez-vous vous engager à ne pas commettre une agression contre un autre pays ?' J'ai alors cité l'exemple des sept périples de Zheng He. 'Entre 1405 et 1433, la flotte chinoise de Zheng He était la plus puissante du monde. A l'époque, nos armes étaient les plus modernes dans le monde : alors que le reste du monde restait à l'ère des armes blanches, la Chine maîtrisait déjà les armes à feu. La Chine était plus civilisée que les pays visités par Zheng He. Toutefois, nous n'avons pas envahi ces pays. Les Chinois leur ont apporté le commerce, la civilisation chinoise, la porcelaine, le thé et la soie. Après cela, ils sont retourné chez eux''.
L'exploit de Zheng He fait penser à la tradition plus lointaine des Chinois. ''Il y a 2500 ans, Confucius a recommandé de donner la priorité à la réconciliation, à l'époque des Trois Royaumes (220-280),Zhuge Liang a capturé sept fois Meng Huo et l'a relâché sept fois. Quand je les raconte, ces anecdotes surprennent les étrangers qui me demandent : 'C'est vrai ?' ''
La montée pacifique et dans l'esprit ouvert
Dans les circonstances actuelles, la célébration de l'exploit de Zheng He revêt une double signification : d'abord, on déclare ainsi que la montée de la Chine est pacifique (paix et développement). Il y en a beaucoup, dans le monde entier, qui craignent la montée de la Chine. Dans le monde actuel, un grand débat s'organise, des Etats-Unis à l'Europe, au Japon en passant par les pays en développement. Le sujet essentiel du débat est : que deviendra la Chine et quelle influence exercera-t-elle sur le monde après son redressement ?
''Il y a 600 ans, à l'époque de Zheng He, la Chine était la première puissance du monde sur le plan militaire, scientifique, culturel et enfin économique. Pourtant, les Chinois n'ont pas profité de leur supériorité militaire pour conquérir d'autres pays, pour les réduire à l'état de colonie. Cela montre que la bonne entente fait partie de la culture chinoise et que la montée de la Chine a un caractère essentiellement pacifique''.
''Deuxièmement, par une rétrospective du parcours de l'évolution de la Chine, on doit garder l'esprit ouvert et faire comprendre aux Chinois que la politique de la porte close signifie le retard et que tout pays en retard s'expose aux coups des autres'', a-t-il continué. Le PIB de Chine représentait le tiers du monde en 1820, mais n'était que de moins de 1% du monde en 1949, une chute libre en 129 ans. ''La Chine se trouve à un stade de développement essentiel. Comment réaliser un nouveau développement ? On doit mettre en œuvre la politique d'ouverture, tant sur le plan national qu'interrégional. Le protectionnisme régional doit être rejeté.''
Politique diplomatique, véhicule de la culture pacifique
''Aujourd'hui, la Chine poursuit une politique étrangère d'indépendance et de paix. C'est un patrimoine essentiel d'une culture pacifique et légué par nos grands ancêtres. L'attachement à la paix, le respect de l'autre partie, l'esprit d'égalité et la réciprocité sont autant d'aspects qu'on peut voir à travers les sept périples de Zheng He. Ces principes passent jusqu'à nos jours'', a expliqué Wu.
(Par Wu Jianmin, président de l'Institut de Diplomatie, l'ex-ambassadeur de Chine en France)
13/07/2005
- La Chine représente-t-elle une menace réelle pour l’équilibre du monde?
- La Chine a une richesse historique et culturelle singulière, mais l’image qu’elle nous offre aujourd’hui n’en est-elle pas très éloignée?
- Que peut-on penser du comportement de certains chinois d’aujourd’hui qui semblent essentiellement préoccupés de leur réussite sociale et matérielle?
- Est-ce que le mode de raisonnement « dialectique » est inhérent à la pensée chinoise?
A propos de la menace que pourrait représenter la Chine, j’ai évoqué les sept périples du navigateur chinois de l’époque Ming Zheng He (1371 – 1433) qui, un peu près d’un siècle avant Christophe Colomb (1451 – 1506 ), avait poussé ses explorations du monde jusqu’au Moyen Orient et jusqu’au sud de l’Afrique (https://fr.wikipedia.org/wiki/Zheng_He). Celles-ci, dont mes collègues n’avaient jamais entendu parler, n’avaient, semble-t-il, pas pour objectifs de conquérir ou d’exploiter des terres nouvelles mais d’y faire rayonner la civilisation chinoise. On peut à partir de là oser un parallèle à sept siècles d’intervalle et réfléchir sur la réalité de l’apparente volonté expansionniste de la Chine d’aujourd’hui dans le domaine économique.
Afin d’apporter à mes collègues des informations complémentaires sur cet événement important dans l’histoire de la Chine, j’ai consulté des documents et je suis tombée sur un article où l'ex-ambassadeur de Chine en France évoquait le même sujet (http://french.peopledaily.com.cn/Horizon/3537782.html).
******
Les ''périples de Zheng He'' contre la ''version sur la menace de la Chine''
"J'ai travaillé à l'étranger pendant plus de 20 ans, pour l'essentiel aux Etats-Unis et en Europe. J'ai constaté que les gens ordinaires ignorent les sept périples de Zheng He, à l'exception des milieux des historiens occidentaux", a noté Wu Jianmin, l'ex-ambassadeur de Chine en France.
La Chine n'est pas une menace pour le monde
Ayant travaillé comme ambassadeur de Chine à l'étranger pendant 9 ans, il a découvert que les partisans de la ''version sur la menace de la Chine'' sont nombreux, a révélé Wu. Pour convaincre ces derniers, il a cité l'exemple de Zheng He.
''Un jour, j'ai visité une école militaire en France. Un officier m'a demandé : 'La Chine est de plus en plus puissante. Nous l'avons tous constaté. Comment pouvez-vous vous engager à ne pas commettre une agression contre un autre pays ?' J'ai alors cité l'exemple des sept périples de Zheng He. 'Entre 1405 et 1433, la flotte chinoise de Zheng He était la plus puissante du monde. A l'époque, nos armes étaient les plus modernes dans le monde : alors que le reste du monde restait à l'ère des armes blanches, la Chine maîtrisait déjà les armes à feu. La Chine était plus civilisée que les pays visités par Zheng He. Toutefois, nous n'avons pas envahi ces pays. Les Chinois leur ont apporté le commerce, la civilisation chinoise, la porcelaine, le thé et la soie. Après cela, ils sont retourné chez eux''.
L'exploit de Zheng He fait penser à la tradition plus lointaine des Chinois. ''Il y a 2500 ans, Confucius a recommandé de donner la priorité à la réconciliation, à l'époque des Trois Royaumes (220-280),Zhuge Liang a capturé sept fois Meng Huo et l'a relâché sept fois. Quand je les raconte, ces anecdotes surprennent les étrangers qui me demandent : 'C'est vrai ?' ''
La montée pacifique et dans l'esprit ouvert
Dans les circonstances actuelles, la célébration de l'exploit de Zheng He revêt une double signification : d'abord, on déclare ainsi que la montée de la Chine est pacifique (paix et développement). Il y en a beaucoup, dans le monde entier, qui craignent la montée de la Chine. Dans le monde actuel, un grand débat s'organise, des Etats-Unis à l'Europe, au Japon en passant par les pays en développement. Le sujet essentiel du débat est : que deviendra la Chine et quelle influence exercera-t-elle sur le monde après son redressement ?
''Il y a 600 ans, à l'époque de Zheng He, la Chine était la première puissance du monde sur le plan militaire, scientifique, culturel et enfin économique. Pourtant, les Chinois n'ont pas profité de leur supériorité militaire pour conquérir d'autres pays, pour les réduire à l'état de colonie. Cela montre que la bonne entente fait partie de la culture chinoise et que la montée de la Chine a un caractère essentiellement pacifique''.
''Deuxièmement, par une rétrospective du parcours de l'évolution de la Chine, on doit garder l'esprit ouvert et faire comprendre aux Chinois que la politique de la porte close signifie le retard et que tout pays en retard s'expose aux coups des autres'', a-t-il continué. Le PIB de Chine représentait le tiers du monde en 1820, mais n'était que de moins de 1% du monde en 1949, une chute libre en 129 ans. ''La Chine se trouve à un stade de développement essentiel. Comment réaliser un nouveau développement ? On doit mettre en œuvre la politique d'ouverture, tant sur le plan national qu'interrégional. Le protectionnisme régional doit être rejeté.''
Politique diplomatique, véhicule de la culture pacifique
''Aujourd'hui, la Chine poursuit une politique étrangère d'indépendance et de paix. C'est un patrimoine essentiel d'une culture pacifique et légué par nos grands ancêtres. L'attachement à la paix, le respect de l'autre partie, l'esprit d'égalité et la réciprocité sont autant d'aspects qu'on peut voir à travers les sept périples de Zheng He. Ces principes passent jusqu'à nos jours'', a expliqué Wu.
(Par Wu Jianmin, président de l'Institut de Diplomatie, l'ex-ambassadeur de Chine en France)
13/07/2005
vendredi 26 août 2016
L'histoire "lance-bouclier (矛盾)" - la contradiction et le paradoxe
L'histoire "lance-bouclier" est une histoire ancienne connue en Chine. Elle a été racontée dans un livre écrit par le philosophe Han Fei Zi (韩非子,280 av. J.-C - 233 av. J.-C) [1] à la fin de la période des Royaumes combattants.
1, L'histoire "lance-bouclier (矛盾)"
Un commerçant du royaume de Chu vendait à la fois des lances et des boucliers. Il se vantait de ses lances en disant que ses lances étaient très fortes, et capables de transpercer n'importe quelle défense; ensuite il recommandait ses boucliers en disant que ses boucliers étaient très résistants à toute arme. Quelqu'un lui a demandé d'utiliser cette lance capable de percer un bouclier pour voir ce qui se passerait. Ce commerçant bâillait sans pouvoir dire un mot.
1, L'histoire "lance-bouclier (矛盾)"
Un commerçant du royaume de Chu vendait à la fois des lances et des boucliers. Il se vantait de ses lances en disant que ses lances étaient très fortes, et capables de transpercer n'importe quelle défense; ensuite il recommandait ses boucliers en disant que ses boucliers étaient très résistants à toute arme. Quelqu'un lui a demandé d'utiliser cette lance capable de percer un bouclier pour voir ce qui se passerait. Ce commerçant bâillait sans pouvoir dire un mot.
2, Contradiction ou paradoxe
Cette histoire montre que "une lance peut tout percer" et "une lance ne peut pas percer un bouclier" ne peuvent pas exister à la fois.
En chinois, "lance-bouclier (矛盾)" désigne "contradiction". Pourtant, dans certains documents, "lance-bouclier (矛盾)" est traduit en "paradoxe" [2], ça signifie qu'on n'a pas distingué la "contradiction" et le "paradoxe".
En étymologie la "contradiction" signifie "contredire" (du latin contradicere, contra (contre) + dicere (dire)); le paradoxe (du grec paradoxos, para (contre) + doxe (opinion)) désigne une idée ou une proposition à première vue surprenante ou choquante, c'est-à-dire allant contre le sens commun.
La question est que, concernant l'histoire "lance-bouclier" on la traduit en "contradiction" ou "paradoxe", ou les deux possible?
dimanche 29 mai 2016
Bonne fête aux mamans!
En Chine, on fête les mères le deuxième dimanche de mai, et en France la fête des Meres est célébrée aujourd’hui (le dernier dimanche de mai).
En Chine depuis les temps anciens, la fleur d’Hémérocalle était dédiée aux mères : quand un enfant se destinait à quitter le foyer familial pour voyager au loin, il plantait des hémérocalles en espérant que sa mère pourrait compenser la peine de l’absence en regardant ces fleurs. L’hémérocalle porte un joli nom : l’herbe sans tristesse.
Un poème chinois ancien dit : " Des hémérocalles poussent dans la cour au seuil de la maison, l’enfant en voyage erre à l'horizon, la maman est appuyée contre la porte, elle espère voir des hémérocalles fleurir. " - 「萱草生堂阶,游子行天涯;慈母倚堂门,不见萱草花。」
Un poème chinois ancien dit : " Des hémérocalles poussent dans la cour au seuil de la maison, l’enfant en voyage erre à l'horizon, la maman est appuyée contre la porte, elle espère voir des hémérocalles fleurir. " - 「萱草生堂阶,游子行天涯;慈母倚堂门,不见萱草花。」
lundi 28 mars 2016
Note introductive aux rapports entre Yi Jing et code génétique humain par Loÿs THIMONIER
Note introductive aux rapports entre Yi Jing et code génétique humain
par Loÿs THIMONIER (https://www.u-picardie.fr/eproad/membres/loys )
***
Préambule
Une des motivations initiales de ce travail a été d’expliquer très précisément la correspondance mathématique entre les 64 hexagrammes du Yi Jing et les 64 codons du code génétique : ce nombre 64 résulte de modélisations combinatoires s’appliquant l’une au Yi Jing l’autre au code génétique, étude sérieuse jamais vraiment réalisée dans les textes diffusés sur cette question au grand public, qui proclament par ailleurs cette correspondance en insistant surtout sur son halo de mystère ...
Un rapport étroit est ici souligné entre d’une part dans le cadre du Yi Jing les 4 situations combinatoires possibles issues d’un lancement de 3 pièces de monnaie identiques, et d’autre part les 4 bases azotées dont les initiales constituent les lettres A, C, G, T de l’alphabet du code génétique .
A - Yi Jing (pour l’impression des hexagrammes, cf https://fr.wikipedia.org/wiki/Hexagramme)
Le tàijí tú , symbole du Yīn et du Yang (souvent entouré des 8 trigrammes possibles)
Le Yi Jing (易經- traduction en pinyin : yì jīng, également orthographié Yi King) - traité dont le titre peut se traduire par "Livre des mutations (ou transformations)" - est un des plus fameux livres de la civilisation chinoise, pour laquelle il joue un rôle aussi important que celui de la Bible dans la tradition judéo-chrétienne . Il s'agit d'un système de signes binaires (hexagrammes…), dont l’élaboration date du premier millénaire avant l'ère chrétienne . Occupant une place fondamentale dans l'histoire de la pensée chinoise dont il est considéré comme le plus ancien texte, c’est un traité unique en son genre dont la finalité est de décrire les états du monde et leurs évolutions .
Il donne ainsi couramment lieu à des consultations divinatoires sur l’énigme du destin humain : toute personne sérieuse doit savoir pour s’y prêter, que ces consultations sont à réserver pour des questions profondes, mettant en jeu des forces subtiles dépassant notre dimension et à ne pas prendre à la légère…
Il existe plusieurs méthodes de consultation, dont celle chinoise classique avec des baguettes.
Une méthode très usitée et recommandée consiste à prendre 3 pièces de monnaie identiques consacrées à cet usage (par exemple préalablement rincées à l’eau pour les déconnecter de leur passé d’échanges de main en main), et après s’être concentré un moment :
- dans une 1e phase à les jeter simultanément 3 fois de suite ; à chaque jet on obtient, suivant le triplet non ordonné de côtés obtenus (Face ou Pile) des pièces et les règles d’association qui vont suivre, un trait - continu ou discontinu - d’un 1er trigramme, les 3 traits se superposant et se numérotant à partir du bas pour constituer le trigramme inférieur de l’hexagramme à venir ;
- dans une 2e phase à les jeter à nouveau simultanément 3 fois de suite, d’où un 2e trigramme, les 3 traits se superposant et se numérotant de même à partir du bas pour constituer le trigramme supérieur de l’hexagramme résultant des 6 jets.
On notera qu’il y a 23 = 8 trigrammes possibles, chacun des 3 traits du trigramme étant continu ou discontinu .
Il y a 4 situations combinatoires possibles à chaque jet simultané des 3 pièces, avec obtention d’un ensemble (non ordonné) parmi 4 types possibles de triplets :
. (1){Face, Face, Face}, auquel on associe un trait continu (Yang) - ici qualifié de vieux Yang - mutant : −o−
. (2){Face, Face, Pile}, auquel on associe un trait continu (Yang) - ici qualifié de jeune Yang - non mutant : −−−
. (3){Face, Pile, Pile}, auquel on associe un trait discontinu (Yin) - ici qualifié de vieux Yin - mutant : −x−
. (4){Pile, Pile, Pile}, auquel on associe un trait discontinu (Yin) - ici qualifié de jeune Yin - non mutant : − −
Remarque : de nombreux textes sur la question proposent de coder ces 4 situations par un total numérique, mais c’est inutile si on a bien distingué ces 4 situations combinatoires (pour information, ce codage attribue les valeurs 3 à Face et 2 à Pile, d’où les 4 totaux possibles : 9 (1) , 8 (2) , 7 (3) , 6 (4) ) .
Chaque lancement produit ainsi un trait parmi 4 possibles, chacun associé à une des 4 situations combinatoires :
(1) : vieux Yang −o− , (2) : jeune Yin − − , (3) : jeune Yang −−− , (4) vieux Yin − x − .
Les règles d’évolution des traits, issues de la culture chinoise, sont les suivantes :
. un trait discontinu (Yin) est mutant (vieux) : − x − ou non mutant ne se transformant pas (jeune) : − − ;
. un trait continu (Yang) est de même mutant (vieux) : −o− ou non mutant ne se transformant pas (jeune) : −−− .
. un trait continu mutant : −o− évolue vers un trait discontinu non mutant : − − ;
. un trait discontinu mutant : − x − évolue vers un trait continu non mutant : −−− .
Par empilement successif de bas en haut de traits continus ou discontinus, on obtient ainsi un 1er hexagramme, qui s’il comporte des traits mutants se transformera en un 2e hexagramme, comme le montre l’exemple suivant. Du fait des 8 valeurs possibles pour chacun des 2 trigrammes constituant le 1er hexagramme, celui-ci admet 8 x 8 = 64 valeurs possibles .
Exemple
* Supposons que les 6 lancements de 3 pièces chacun conduisent aux situations successives suivantes : (4) , (3) , (2) , (1) , (3) , (1) .
D’où les traits successifs (de bas en haut) : −x− , −−− , − − , −o− , −−− , −o− ,
et donc l’hexagramme :
Ce 1er hexagramme est celui de la situation initiale .
* Comme le tirage a produit certains traits mutants (vieux Yin ou vieux Yang ), ceux-ci vont évoluer : vieux Yin évoluant en trait continu Yang, vieux Yang évoluant en trait discontinu Yin, d’où la transformation en un 2e hexagramme .
Compte tenu de ses traits
mutants (n° 1: −x−, n°4 : −o− , n°6 : −o−), l’hexagramme précédent va ainsi se transformer en un 2e hexagramme , celui de la situation finale après transformation :
Les commentaires associés dans le Yi Jing à chacun de ces 2 hexagrammes sont à prendre en compte, ainsi que ceux spécifiques aux traits en mutation (la symbolique est particulièrement difficile d’accès pour l’Occidental non vraiment connaisseur de la pensée chinoise profonde : il lui est vivement conseillé de se limiter aux indications les plus basiques, qui lui permettront d’avoir déjà une idée souvent remarquablement précise de l’évolution de la situation).
Le Yi Jing est le fruit d'une recherche spéculative et cosmogonique très élaborée datant du premier millénaire avant J.C. , dont les articulations ont sous-tendu durablement la pensée chinoise.
Sa structure mathématique impressionna LEIBNIZ, le grand philosophe et scientifique allemand de la 2e moitié du 18e s., extrêmement surpris de découvrir que l’ordre naturel des hexagrammes définissait un système de numérotation binaire (devenu plus tard l’algèbre de BOOLE, base du langage informatique) que lui-même venait d’inventer .
De fait, partant d'une opposition/complémentarité entre les principes générateurs Yin (= réceptif, féminin, lune...) et Yang (= créatif, masculin, soleil…) et subdivisant cette dualité de façon systématique, le Yi Jing débouche sur une série de 64 hexagrammes et des textes associés, qui peuvent interpréter toutes les transformations possibles.
Le philosophe et sociologue français Edgar MORIN a écrit dans La Méthode, 1. La Nature de la Nature, p. 228 (éditions du Seuil, Paris, 1977) :
"Le Yi-King ou Livre des transformations de l'archaïque magie chinoise apporte l'image la plus exemplaire de l'identité du Génésique et du Génétique. La boucle circulaire est un cercle cosmogonique symboliquement tourbillonnaire par le
S intérieur qui à la fois sépare et unit le Yin et le Yang. La figure se forme non à partir du centre mais de la périphérie et naît de la rencontre de mouvements de directions opposés. Le Yin et le Yang sont intimement épousés l'un dans l'autre, mais distincts, ils sont à la fois complémentaires, concurrents, antagonistes. La figure primordiale du Yi-King est donc une figure d'ordre, d'harmonie, mais portant en elle l'idée tourbillonnaire et le principe d'antagonisme. C'est une figure de complexité. "
On peut déceler des relations profondes entre les 64 hexagrammes du Yi Jing et les 64 triplets du code génétique humain, objet de l’étude suivante .
B - Code génétique (https://fr.wikipedia.org/wiki/Code_génétique)
L'information génétique est structurée en gènes, instructions génétiques et facteurs déterminant les caractères apparents d'un individu, l'ensemble des gènes d'un organisme constituant son génome, l'ensemble des gènes d'une cellule son génotype . Le support des gènes est constitué par une macromolécule biologique présente dans toutes les cellules, contenant toute l'information génétique permettant le développement et le fonctionnement des êtres vivants : l’Acide DésoxyriboNucléique ou ADN, dont la découverte de la structure en double hélice par James WATSON et Francis CRICK date de 1954 (conduisant à leur prix Nobel en 1961) . Cette découverte a révolutionné l'étude du vivant, livrant une clé fondamentale pour comprendre la grammaire et le langage des cellules.
Une molécule d'ADN forme une pelote microscopique enroulée dans le noyau des cellules (chez les organismes eucaryotes, c'est-à-dire constitués de cellules munies d'un noyau) ou dans le cytoplasme (chez les procaryotes, cellules dénuées de noyau, comme les bactéries) ; une fois déroulée, la molécule d'ADN s'étire en un fil gigantesque, constitué par un enchaînement précis de caractères dans un alphabet à 4 lettres chimiques : les bases azotées ou "nucléotides", adénine A, cytosine C, guanine G, thymine T. Ces caractères forment des mots, les gènes, qui s'enchaînent le long de l'ADN.
L'ADN est formé de 2 brins, complémentaires semblables à une photographie et son négatif, antiparallèles formant une double hélice, enroulés l'un autour de l'autre. Chacun de ces brins est un polymère (molécule constituée de la répétition de nombreux motifs) appelé polynucléotide ; en effet, chaque élément d’un brin est un nucléotide (molécule organique élément de base d'un acide nucléique) comportant entre autres une des 4 bases azotées possibles ; l'ordre dans lequel se succèdent les nucléotides le long d'un brin d'ADN constitue la séquence de ce brin portant l'information génétique.
Le code génétique est l'ensemble des règles permettant de traduire l’information génétique afin de synthétiser les protéines ; il repose sur la correspondance entre d'une part des triplets de nucléotides (codons) et d'autre part les acides aminés incorporés dans les protéines synthétisées lors d’une phase de traduction par des composés complexes, les ribosomes :
- Un messager intermédiaire est nécessaire pour la lecture par la cellule du message génétique codé dans l’ADN : c’est la molécule d'ARN (Acide RiboNucléique) dit messager - MONOD, JACOB et al., 1960 - noté ARNm, qui permet la transcription sous forme nucléotidique dans le noyau cellulaire, jusqu'au cytoplasme, où cette information est traduite par les ribosomes sous forme de molécules particulières, les protéines ; chaque gène code une instruction déterminant la synthèse d'une protéine particulière, chargée dans la cellule d'une tâche spécifique .
La molécule d'ARN possède une structure chimique proche de celle de l'ADN, à la différence près qu'elle ne comporte qu'un seul brin linéaire, et qu'elle est constituée par un enchaînement de caractères légèrement différents dans un alphabet à 4 lettres où la thymine T est remplacée par l’uracile U (qui présente une légère différence sur l’atome de carbone) : A, U, G et C. Cet ARN est synthétisé, au cours du processus de transcription, à partir d'un segment de la molécule d'ADN qui lui sert de "moule", la molécule d'ARN alors produite étant une "photocopie" de gènes portés par l'ADN .
- La traduction en protéines est réalisée via une série de triplets (codons) de nucléotides : chaque codon code 1 des 20 acides aminés naturels ; il y a 64 (43) codons possibles sur l’alphabet précédent de 4 lettres : à 1 des 20 acides aminés peuvent donc correspondre plusieurs codons ; enfin 3 des 64 triplets (dits "codons-stop") ne codent aucun acide aminé, indiquant juste lors de la traduction la fin de la protéine.
La ressemblance du code génétique avec les 64 hexagrammes du système symbolique du Yi Jing est frappante . On peut être encore plus surpris que LEIBNIZ au 18e s. en constatant que si on regroupe les 6 traits consécutifs d’un hexagramme du Yi Jing en 3 groupes de 2 traits consécutifs, chaque groupe est un ensemble parmi 4 (22 =4, chaque trait ayant la valeur continu ou discontinu) doublets possibles, qui chacun peut être mis en correspondance avec l’une des 4 bases azotées composant l’ADN, et que chaque hexagramme équivaut alors à l’un des triplets (codons) génétiques.
La structure de l’ordre naturel décrit dans le Yi Jing se trouve ainsi en correspondance avec celle du code génétique : on pourrait se livrer à une étude mathématique bien plus approfondie, et constater la richesse potentielle d’un abord du Yi Jing au travers de la notion d’information, qui permet d’aborder celle de transformation .
On pourrait par ailleurs en continuant beaucoup plus loin voir apparaître une multitude complexe de rapports étroits avec les types d’énergies subtiles intervenant en acupuncture, médecine chinoise traditionnelle, et tradition indo-tibétaine des 8 chakras (cf références du C) .
C - Références à des écrits sur les rapports entre Yi Jing et code génétique
Nombre d’auteurs - assez peu sérieux, encore moins savants, parfois même quelque peu exaltés - ont écrit divers articles ou livres en rapport avec le sujet, le mettant à toutes les sauces – notamment quantique ! – en n’aboutissant qu’à une salade illusoire et inconsistante, malheureusement commercialisable …
Au moins deux livres sont à recommander :
- Yi-king et code génétique, une clef cachée de la vie , par le Dr. Margit SCHÖNBERGER, éditeur : Les Deux Océans - Paris, 1991 ;
- Le diamant chauve , "Plus" ou la tradition des évidences , par Jacques PIALOUX, acupuncteur O.M.D. (Oriental Medecine Doctor), éditeur : Fondation Cornelius Celsus - Sion (SUISSE), 2009 .
Ce dernier livre est extrêmement savant et détaillé, exposant une théorie générale de l'énergétique fondée sur le Yi Jing, rassemblée ici en un manuel médical utilisé par des ostéopathes. L’auteur s’appuie sur l’ensemble mathématique du Yi Jing pour relier trois courants de pensée : acupuncture et médecine traditionnelle chinoise, tantrisme et tradition indo-tibétaine, génétique et science occidentale.
À l’instar des 64 hexagrammes du Yi Jing, le code génétique et ses 64 codons, comme la table périodique des éléments simples, s’élaborent et fonctionnent selon des schémas similaires ; il en va de même de la conscience humaine et de son évolution, figurées par les 7 véhicules de conscience et les chakras du tantrisme ; les 8 merveilleux vaisseaux et l’ensemble des énergies décrites en acupuncture, sont présents dans les 64 hexagrammes et dans leurs transformations, et constituent le lien entre les chakras et les codons de l’ADN. Deux études ont été rajoutées à la fin de l'ouvrage : la première représente la synthèse, en 25 pages, de la science chinoise des énergies qui trouve son application en acupuncture ; la seconde, en annexe, comporte le tableau de correspondance analogique des 64 hexagrammes du Yi Jing et, entre autres, de l'ensemble des énergies décrites en acupuncture, mais également des 64 codons de l'ADN du code génétique .
D –Annexe : une brève histoire de la génétique
I - 1e époque : MENDEL
La génétique est une discipline relativement jeune : les premières lois de l'hérédité ont été découvertes vers 1860 par le morave Grégor MENDEL, ignorées de la plupart de ses contemporains et oubliées durant plus de 40 ans, avant d'être redécouvertes au
début du 20e siècle . Observant la transmission d'une génération à l'autre de certains caractères apparents chez le pois, il en a
d’une part déduit les lois de MENDEL, simples et toujours valables aujourd'hui, et d’autre part a émis l'hypothèse que les
caractères apparents transmis entre générations sont déterminés par des facteurs héréditaires qui obéissent toujours aux mêmes
lois.
La redécouverte des lois de MENDEL au début du 20e siècle a conduit à définir un premier vocabulaire de base :
phénotype : ensemble des caractères apparents d'un individu ;
gènes : facteurs déterminant les caractères apparents ;
génotype : ensemble des gènes d'un individu ;
allèle : une des formes possibles d'un même gène ;
homozygote : un individu est homozygote pour un gène quand il possède deux allèles identiques de ce gène ;
hétérozygote : un individu est hétérozygote pour un gène quand il possède deux allèles différents de ce gène ;
allèle dominant ou récessif : soit un individu hétérozygote pour un gène comportant les deux allèles G et g ; si cet individu n'exprime que le caractère correspondant à l'allèle G, celui-ci sera dit "dominant" par rapport à l'allèle g "récessif".
II - 2e époque : MORGAN
De 1909 à 1915, l'américain Thomas MORGAN a déterminé les premiers fondements moléculaires de la génétique en étudiant
la transmission héréditaire de différents caractères chez la drosophile (mouche du vinaigre), ce qui a donné naissance à la théorie chromosomique de l'hérédité, affirmant principalement que les gènes sont des éléments matériels portés par les chromosomes,
qui apparaissent dans la cellule sous forme de bâtonnets subissant, au cours de la division cellulaire, des processus complexes de dédoublement et de séparation. Toutes les cellules d'une même espèce comportent 2n chromosomes (n = 23 chez l'homme), à l'exception des cellules sexuelles matures, les gamètes (spermatozoïdes et ovules), qui ne renferment que n chromosomes.
Quand un spermatozoïde à n chromosomes (paternels) féconde un ovule à n chromosomes (maternels), il en résulte un oeuf fécondé, ou zygote, à 2n chromosomes appariés (chromosomes "homologues"). Toutes les cellules issues de ce zygote par un processus de division nommé mitose, comportent n chromosomes paternels et n chromosomes maternels. Seules les cellules précurseurs des cellules sexuelles subissent une division spéciale nommée méiose, qui aboutit à des gamètes à n chromosomes, après la séparation des chromosomes homologues.
Au cours de la méiose, la diversité génétique est augmentée considérablement : les chromosomes homologues s'associent puis échangent certains segments avant de se séparer, certains gènes étant ainsi transférés d'un chromosome homologue sur l'autre ; chacun des gamètes issus d'une même cellule précurseur possède alors une combinaison de gènes différente de celle des autres gamètes. Grâce au brassage génétique ainsi créé par la méiose et la fécondation, tout zygote possède un patrimoine unique de gènes paternels et maternels, d’où résulte le phénotype.
Chaque gène occupe une position déterminée sur un chromosome. Deux gènes situés sur un même chromosome ont d'autant plus de chances de ne pas être séparés lors de la méiose - donc d'être transmis ensemble à la descendance - qu'ils sont plus proches l'un de l'autre : c'est grâce à ceci que MORGAN put établir sa théorie de l'hérédité, en comparant la transmission de plusieurs
caractères chez la drosophile.
La génétique de MORGAN, complétant celle de MENDEL en y introduisant de nouveaux concepts, a donné lieu à un deuxième vocabulaire de base :
distance génétique : distance entre deux gènes sur le chromosome,
locus génique : position d'un gène sur le chromosome,
mutation : modification du matériel héréditaire.
III - 3e époque : la génétique moléculaire
Il restait à déterminer la nature chimique des gènes et des chromosomes, ce qui fut fait au cours des années 1950 avec l'avènement de la génétique moléculaire, entraînant avec la découverte de l’ADN un fulgurant essor dans la connaissance du vivant et de sa structure moléculaire : cette discipline et ses résultats ont fait l’objet du B .
IV - 4e époque : la révolution du génie génétique
Après l’élucidation fondamentale de la grammaire du vivant, il restait à étudier la fonction d'un gène donné, défi resté insurmontable jusqu'au milieu des années 1970, car on ne savait pas isoler un gène déterminé au sein de l'immense molécule d'ADN.
En 1975 a été inventé le génie génétique, ensemble des outils permettant de bricoler "sur mesure" la molécule d'ADN, dans le but de purifier des gènes, de les manipuler à volonté dans le génome de différentes espèces, et de déterminer leur séquence (c'est-à-dire l'enchaînement des lettres chimiques A, T, G et C, constituant le message inscrit dans les gènes).
On a découvert d’abord les "enzymes de restriction", sortes de ciseaux moléculaires qui découpent l'ADN en des sites bien précis ; on a ainsi pu isoler des segments d'ADN donnés.
On a ensuite découvert comment insérer ces segments d'ADN dans des micro-organismes capables de les reproduire à l'identique en de très nombreux exemplaires, ou "clones".
On a pu dès lors déterminer la séquence d'un gène donné, grâce aux techniques de séquençage mises au point par Paul BERG, Walter GILBERT et Frederick SANGER (prix Nobel de Chimie en 1980).
Une ère nouvelle s’est ouverte pour la biologie et la médecine, avec le déchiffrage de l'encyclopédie de l'ADN, qui s'est considérablement accru au fil des années parallèlement aux progrès extraordinaires des techniques .
par Loÿs THIMONIER (https://www.u-picardie.fr/eproad/membres/loys )
***
Préambule
Une des motivations initiales de ce travail a été d’expliquer très précisément la correspondance mathématique entre les 64 hexagrammes du Yi Jing et les 64 codons du code génétique : ce nombre 64 résulte de modélisations combinatoires s’appliquant l’une au Yi Jing l’autre au code génétique, étude sérieuse jamais vraiment réalisée dans les textes diffusés sur cette question au grand public, qui proclament par ailleurs cette correspondance en insistant surtout sur son halo de mystère ...
Un rapport étroit est ici souligné entre d’une part dans le cadre du Yi Jing les 4 situations combinatoires possibles issues d’un lancement de 3 pièces de monnaie identiques, et d’autre part les 4 bases azotées dont les initiales constituent les lettres A, C, G, T de l’alphabet du code génétique .
A - Yi Jing (pour l’impression des hexagrammes, cf https://fr.wikipedia.org/wiki/Hexagramme)
Le tàijí tú , symbole du Yīn et du Yang (souvent entouré des 8 trigrammes possibles)
Le Yi Jing (易經- traduction en pinyin : yì jīng, également orthographié Yi King) - traité dont le titre peut se traduire par "Livre des mutations (ou transformations)" - est un des plus fameux livres de la civilisation chinoise, pour laquelle il joue un rôle aussi important que celui de la Bible dans la tradition judéo-chrétienne . Il s'agit d'un système de signes binaires (hexagrammes…), dont l’élaboration date du premier millénaire avant l'ère chrétienne . Occupant une place fondamentale dans l'histoire de la pensée chinoise dont il est considéré comme le plus ancien texte, c’est un traité unique en son genre dont la finalité est de décrire les états du monde et leurs évolutions .
Il donne ainsi couramment lieu à des consultations divinatoires sur l’énigme du destin humain : toute personne sérieuse doit savoir pour s’y prêter, que ces consultations sont à réserver pour des questions profondes, mettant en jeu des forces subtiles dépassant notre dimension et à ne pas prendre à la légère…
Il existe plusieurs méthodes de consultation, dont celle chinoise classique avec des baguettes.
Une méthode très usitée et recommandée consiste à prendre 3 pièces de monnaie identiques consacrées à cet usage (par exemple préalablement rincées à l’eau pour les déconnecter de leur passé d’échanges de main en main), et après s’être concentré un moment :
- dans une 1e phase à les jeter simultanément 3 fois de suite ; à chaque jet on obtient, suivant le triplet non ordonné de côtés obtenus (Face ou Pile) des pièces et les règles d’association qui vont suivre, un trait - continu ou discontinu - d’un 1er trigramme, les 3 traits se superposant et se numérotant à partir du bas pour constituer le trigramme inférieur de l’hexagramme à venir ;
- dans une 2e phase à les jeter à nouveau simultanément 3 fois de suite, d’où un 2e trigramme, les 3 traits se superposant et se numérotant de même à partir du bas pour constituer le trigramme supérieur de l’hexagramme résultant des 6 jets.
On notera qu’il y a 23 = 8 trigrammes possibles, chacun des 3 traits du trigramme étant continu ou discontinu .
Il y a 4 situations combinatoires possibles à chaque jet simultané des 3 pièces, avec obtention d’un ensemble (non ordonné) parmi 4 types possibles de triplets :
. (1){Face, Face, Face}, auquel on associe un trait continu (Yang) - ici qualifié de vieux Yang - mutant : −o−
. (2){Face, Face, Pile}, auquel on associe un trait continu (Yang) - ici qualifié de jeune Yang - non mutant : −−−
. (3){Face, Pile, Pile}, auquel on associe un trait discontinu (Yin) - ici qualifié de vieux Yin - mutant : −x−
. (4){Pile, Pile, Pile}, auquel on associe un trait discontinu (Yin) - ici qualifié de jeune Yin - non mutant : − −
Remarque : de nombreux textes sur la question proposent de coder ces 4 situations par un total numérique, mais c’est inutile si on a bien distingué ces 4 situations combinatoires (pour information, ce codage attribue les valeurs 3 à Face et 2 à Pile, d’où les 4 totaux possibles : 9 (1) , 8 (2) , 7 (3) , 6 (4) ) .
Chaque lancement produit ainsi un trait parmi 4 possibles, chacun associé à une des 4 situations combinatoires :
(1) : vieux Yang −o− , (2) : jeune Yin − − , (3) : jeune Yang −−− , (4) vieux Yin − x − .
Les règles d’évolution des traits, issues de la culture chinoise, sont les suivantes :
. un trait discontinu (Yin) est mutant (vieux) : − x − ou non mutant ne se transformant pas (jeune) : − − ;
. un trait continu (Yang) est de même mutant (vieux) : −o− ou non mutant ne se transformant pas (jeune) : −−− .
. un trait continu mutant : −o− évolue vers un trait discontinu non mutant : − − ;
. un trait discontinu mutant : − x − évolue vers un trait continu non mutant : −−− .
Par empilement successif de bas en haut de traits continus ou discontinus, on obtient ainsi un 1er hexagramme, qui s’il comporte des traits mutants se transformera en un 2e hexagramme, comme le montre l’exemple suivant. Du fait des 8 valeurs possibles pour chacun des 2 trigrammes constituant le 1er hexagramme, celui-ci admet 8 x 8 = 64 valeurs possibles .
Exemple
* Supposons que les 6 lancements de 3 pièces chacun conduisent aux situations successives suivantes : (4) , (3) , (2) , (1) , (3) , (1) .
D’où les traits successifs (de bas en haut) : −x− , −−− , − − , −o− , −−− , −o− ,
et donc l’hexagramme :
Ce 1er hexagramme est celui de la situation initiale .
* Comme le tirage a produit certains traits mutants (vieux Yin ou vieux Yang ), ceux-ci vont évoluer : vieux Yin évoluant en trait continu Yang, vieux Yang évoluant en trait discontinu Yin, d’où la transformation en un 2e hexagramme .
Compte tenu de ses traits
mutants (n° 1: −x−, n°4 : −o− , n°6 : −o−), l’hexagramme précédent va ainsi se transformer en un 2e hexagramme , celui de la situation finale après transformation :
Les commentaires associés dans le Yi Jing à chacun de ces 2 hexagrammes sont à prendre en compte, ainsi que ceux spécifiques aux traits en mutation (la symbolique est particulièrement difficile d’accès pour l’Occidental non vraiment connaisseur de la pensée chinoise profonde : il lui est vivement conseillé de se limiter aux indications les plus basiques, qui lui permettront d’avoir déjà une idée souvent remarquablement précise de l’évolution de la situation).
Le Yi Jing est le fruit d'une recherche spéculative et cosmogonique très élaborée datant du premier millénaire avant J.C. , dont les articulations ont sous-tendu durablement la pensée chinoise.
Sa structure mathématique impressionna LEIBNIZ, le grand philosophe et scientifique allemand de la 2e moitié du 18e s., extrêmement surpris de découvrir que l’ordre naturel des hexagrammes définissait un système de numérotation binaire (devenu plus tard l’algèbre de BOOLE, base du langage informatique) que lui-même venait d’inventer .
De fait, partant d'une opposition/complémentarité entre les principes générateurs Yin (= réceptif, féminin, lune...) et Yang (= créatif, masculin, soleil…) et subdivisant cette dualité de façon systématique, le Yi Jing débouche sur une série de 64 hexagrammes et des textes associés, qui peuvent interpréter toutes les transformations possibles.
Le philosophe et sociologue français Edgar MORIN a écrit dans La Méthode, 1. La Nature de la Nature, p. 228 (éditions du Seuil, Paris, 1977) :
"Le Yi-King ou Livre des transformations de l'archaïque magie chinoise apporte l'image la plus exemplaire de l'identité du Génésique et du Génétique. La boucle circulaire est un cercle cosmogonique symboliquement tourbillonnaire par le
S intérieur qui à la fois sépare et unit le Yin et le Yang. La figure se forme non à partir du centre mais de la périphérie et naît de la rencontre de mouvements de directions opposés. Le Yin et le Yang sont intimement épousés l'un dans l'autre, mais distincts, ils sont à la fois complémentaires, concurrents, antagonistes. La figure primordiale du Yi-King est donc une figure d'ordre, d'harmonie, mais portant en elle l'idée tourbillonnaire et le principe d'antagonisme. C'est une figure de complexité. "
On peut déceler des relations profondes entre les 64 hexagrammes du Yi Jing et les 64 triplets du code génétique humain, objet de l’étude suivante .
B - Code génétique (https://fr.wikipedia.org/wiki/Code_génétique)
L'information génétique est structurée en gènes, instructions génétiques et facteurs déterminant les caractères apparents d'un individu, l'ensemble des gènes d'un organisme constituant son génome, l'ensemble des gènes d'une cellule son génotype . Le support des gènes est constitué par une macromolécule biologique présente dans toutes les cellules, contenant toute l'information génétique permettant le développement et le fonctionnement des êtres vivants : l’Acide DésoxyriboNucléique ou ADN, dont la découverte de la structure en double hélice par James WATSON et Francis CRICK date de 1954 (conduisant à leur prix Nobel en 1961) . Cette découverte a révolutionné l'étude du vivant, livrant une clé fondamentale pour comprendre la grammaire et le langage des cellules.
Une molécule d'ADN forme une pelote microscopique enroulée dans le noyau des cellules (chez les organismes eucaryotes, c'est-à-dire constitués de cellules munies d'un noyau) ou dans le cytoplasme (chez les procaryotes, cellules dénuées de noyau, comme les bactéries) ; une fois déroulée, la molécule d'ADN s'étire en un fil gigantesque, constitué par un enchaînement précis de caractères dans un alphabet à 4 lettres chimiques : les bases azotées ou "nucléotides", adénine A, cytosine C, guanine G, thymine T. Ces caractères forment des mots, les gènes, qui s'enchaînent le long de l'ADN.
L'ADN est formé de 2 brins, complémentaires semblables à une photographie et son négatif, antiparallèles formant une double hélice, enroulés l'un autour de l'autre. Chacun de ces brins est un polymère (molécule constituée de la répétition de nombreux motifs) appelé polynucléotide ; en effet, chaque élément d’un brin est un nucléotide (molécule organique élément de base d'un acide nucléique) comportant entre autres une des 4 bases azotées possibles ; l'ordre dans lequel se succèdent les nucléotides le long d'un brin d'ADN constitue la séquence de ce brin portant l'information génétique.
Le code génétique est l'ensemble des règles permettant de traduire l’information génétique afin de synthétiser les protéines ; il repose sur la correspondance entre d'une part des triplets de nucléotides (codons) et d'autre part les acides aminés incorporés dans les protéines synthétisées lors d’une phase de traduction par des composés complexes, les ribosomes :
- Un messager intermédiaire est nécessaire pour la lecture par la cellule du message génétique codé dans l’ADN : c’est la molécule d'ARN (Acide RiboNucléique) dit messager - MONOD, JACOB et al., 1960 - noté ARNm, qui permet la transcription sous forme nucléotidique dans le noyau cellulaire, jusqu'au cytoplasme, où cette information est traduite par les ribosomes sous forme de molécules particulières, les protéines ; chaque gène code une instruction déterminant la synthèse d'une protéine particulière, chargée dans la cellule d'une tâche spécifique .
La molécule d'ARN possède une structure chimique proche de celle de l'ADN, à la différence près qu'elle ne comporte qu'un seul brin linéaire, et qu'elle est constituée par un enchaînement de caractères légèrement différents dans un alphabet à 4 lettres où la thymine T est remplacée par l’uracile U (qui présente une légère différence sur l’atome de carbone) : A, U, G et C. Cet ARN est synthétisé, au cours du processus de transcription, à partir d'un segment de la molécule d'ADN qui lui sert de "moule", la molécule d'ARN alors produite étant une "photocopie" de gènes portés par l'ADN .
- La traduction en protéines est réalisée via une série de triplets (codons) de nucléotides : chaque codon code 1 des 20 acides aminés naturels ; il y a 64 (43) codons possibles sur l’alphabet précédent de 4 lettres : à 1 des 20 acides aminés peuvent donc correspondre plusieurs codons ; enfin 3 des 64 triplets (dits "codons-stop") ne codent aucun acide aminé, indiquant juste lors de la traduction la fin de la protéine.
La ressemblance du code génétique avec les 64 hexagrammes du système symbolique du Yi Jing est frappante . On peut être encore plus surpris que LEIBNIZ au 18e s. en constatant que si on regroupe les 6 traits consécutifs d’un hexagramme du Yi Jing en 3 groupes de 2 traits consécutifs, chaque groupe est un ensemble parmi 4 (22 =4, chaque trait ayant la valeur continu ou discontinu) doublets possibles, qui chacun peut être mis en correspondance avec l’une des 4 bases azotées composant l’ADN, et que chaque hexagramme équivaut alors à l’un des triplets (codons) génétiques.
La structure de l’ordre naturel décrit dans le Yi Jing se trouve ainsi en correspondance avec celle du code génétique : on pourrait se livrer à une étude mathématique bien plus approfondie, et constater la richesse potentielle d’un abord du Yi Jing au travers de la notion d’information, qui permet d’aborder celle de transformation .
On pourrait par ailleurs en continuant beaucoup plus loin voir apparaître une multitude complexe de rapports étroits avec les types d’énergies subtiles intervenant en acupuncture, médecine chinoise traditionnelle, et tradition indo-tibétaine des 8 chakras (cf références du C) .
C - Références à des écrits sur les rapports entre Yi Jing et code génétique
Nombre d’auteurs - assez peu sérieux, encore moins savants, parfois même quelque peu exaltés - ont écrit divers articles ou livres en rapport avec le sujet, le mettant à toutes les sauces – notamment quantique ! – en n’aboutissant qu’à une salade illusoire et inconsistante, malheureusement commercialisable …
Au moins deux livres sont à recommander :
- Yi-king et code génétique, une clef cachée de la vie , par le Dr. Margit SCHÖNBERGER, éditeur : Les Deux Océans - Paris, 1991 ;
- Le diamant chauve , "Plus" ou la tradition des évidences , par Jacques PIALOUX, acupuncteur O.M.D. (Oriental Medecine Doctor), éditeur : Fondation Cornelius Celsus - Sion (SUISSE), 2009 .
Ce dernier livre est extrêmement savant et détaillé, exposant une théorie générale de l'énergétique fondée sur le Yi Jing, rassemblée ici en un manuel médical utilisé par des ostéopathes. L’auteur s’appuie sur l’ensemble mathématique du Yi Jing pour relier trois courants de pensée : acupuncture et médecine traditionnelle chinoise, tantrisme et tradition indo-tibétaine, génétique et science occidentale.
À l’instar des 64 hexagrammes du Yi Jing, le code génétique et ses 64 codons, comme la table périodique des éléments simples, s’élaborent et fonctionnent selon des schémas similaires ; il en va de même de la conscience humaine et de son évolution, figurées par les 7 véhicules de conscience et les chakras du tantrisme ; les 8 merveilleux vaisseaux et l’ensemble des énergies décrites en acupuncture, sont présents dans les 64 hexagrammes et dans leurs transformations, et constituent le lien entre les chakras et les codons de l’ADN. Deux études ont été rajoutées à la fin de l'ouvrage : la première représente la synthèse, en 25 pages, de la science chinoise des énergies qui trouve son application en acupuncture ; la seconde, en annexe, comporte le tableau de correspondance analogique des 64 hexagrammes du Yi Jing et, entre autres, de l'ensemble des énergies décrites en acupuncture, mais également des 64 codons de l'ADN du code génétique .
D –Annexe : une brève histoire de la génétique
I - 1e époque : MENDEL
La génétique est une discipline relativement jeune : les premières lois de l'hérédité ont été découvertes vers 1860 par le morave Grégor MENDEL, ignorées de la plupart de ses contemporains et oubliées durant plus de 40 ans, avant d'être redécouvertes au
début du 20e siècle . Observant la transmission d'une génération à l'autre de certains caractères apparents chez le pois, il en a
d’une part déduit les lois de MENDEL, simples et toujours valables aujourd'hui, et d’autre part a émis l'hypothèse que les
caractères apparents transmis entre générations sont déterminés par des facteurs héréditaires qui obéissent toujours aux mêmes
lois.
La redécouverte des lois de MENDEL au début du 20e siècle a conduit à définir un premier vocabulaire de base :
phénotype : ensemble des caractères apparents d'un individu ;
gènes : facteurs déterminant les caractères apparents ;
génotype : ensemble des gènes d'un individu ;
allèle : une des formes possibles d'un même gène ;
homozygote : un individu est homozygote pour un gène quand il possède deux allèles identiques de ce gène ;
hétérozygote : un individu est hétérozygote pour un gène quand il possède deux allèles différents de ce gène ;
allèle dominant ou récessif : soit un individu hétérozygote pour un gène comportant les deux allèles G et g ; si cet individu n'exprime que le caractère correspondant à l'allèle G, celui-ci sera dit "dominant" par rapport à l'allèle g "récessif".
II - 2e époque : MORGAN
De 1909 à 1915, l'américain Thomas MORGAN a déterminé les premiers fondements moléculaires de la génétique en étudiant
la transmission héréditaire de différents caractères chez la drosophile (mouche du vinaigre), ce qui a donné naissance à la théorie chromosomique de l'hérédité, affirmant principalement que les gènes sont des éléments matériels portés par les chromosomes,
qui apparaissent dans la cellule sous forme de bâtonnets subissant, au cours de la division cellulaire, des processus complexes de dédoublement et de séparation. Toutes les cellules d'une même espèce comportent 2n chromosomes (n = 23 chez l'homme), à l'exception des cellules sexuelles matures, les gamètes (spermatozoïdes et ovules), qui ne renferment que n chromosomes.
Quand un spermatozoïde à n chromosomes (paternels) féconde un ovule à n chromosomes (maternels), il en résulte un oeuf fécondé, ou zygote, à 2n chromosomes appariés (chromosomes "homologues"). Toutes les cellules issues de ce zygote par un processus de division nommé mitose, comportent n chromosomes paternels et n chromosomes maternels. Seules les cellules précurseurs des cellules sexuelles subissent une division spéciale nommée méiose, qui aboutit à des gamètes à n chromosomes, après la séparation des chromosomes homologues.
Au cours de la méiose, la diversité génétique est augmentée considérablement : les chromosomes homologues s'associent puis échangent certains segments avant de se séparer, certains gènes étant ainsi transférés d'un chromosome homologue sur l'autre ; chacun des gamètes issus d'une même cellule précurseur possède alors une combinaison de gènes différente de celle des autres gamètes. Grâce au brassage génétique ainsi créé par la méiose et la fécondation, tout zygote possède un patrimoine unique de gènes paternels et maternels, d’où résulte le phénotype.
Chaque gène occupe une position déterminée sur un chromosome. Deux gènes situés sur un même chromosome ont d'autant plus de chances de ne pas être séparés lors de la méiose - donc d'être transmis ensemble à la descendance - qu'ils sont plus proches l'un de l'autre : c'est grâce à ceci que MORGAN put établir sa théorie de l'hérédité, en comparant la transmission de plusieurs
caractères chez la drosophile.
La génétique de MORGAN, complétant celle de MENDEL en y introduisant de nouveaux concepts, a donné lieu à un deuxième vocabulaire de base :
distance génétique : distance entre deux gènes sur le chromosome,
locus génique : position d'un gène sur le chromosome,
mutation : modification du matériel héréditaire.
III - 3e époque : la génétique moléculaire
Il restait à déterminer la nature chimique des gènes et des chromosomes, ce qui fut fait au cours des années 1950 avec l'avènement de la génétique moléculaire, entraînant avec la découverte de l’ADN un fulgurant essor dans la connaissance du vivant et de sa structure moléculaire : cette discipline et ses résultats ont fait l’objet du B .
IV - 4e époque : la révolution du génie génétique
Après l’élucidation fondamentale de la grammaire du vivant, il restait à étudier la fonction d'un gène donné, défi resté insurmontable jusqu'au milieu des années 1970, car on ne savait pas isoler un gène déterminé au sein de l'immense molécule d'ADN.
En 1975 a été inventé le génie génétique, ensemble des outils permettant de bricoler "sur mesure" la molécule d'ADN, dans le but de purifier des gènes, de les manipuler à volonté dans le génome de différentes espèces, et de déterminer leur séquence (c'est-à-dire l'enchaînement des lettres chimiques A, T, G et C, constituant le message inscrit dans les gènes).
On a découvert d’abord les "enzymes de restriction", sortes de ciseaux moléculaires qui découpent l'ADN en des sites bien précis ; on a ainsi pu isoler des segments d'ADN donnés.
On a ensuite découvert comment insérer ces segments d'ADN dans des micro-organismes capables de les reproduire à l'identique en de très nombreux exemplaires, ou "clones".
On a pu dès lors déterminer la séquence d'un gène donné, grâce aux techniques de séquençage mises au point par Paul BERG, Walter GILBERT et Frederick SANGER (prix Nobel de Chimie en 1980).
Une ère nouvelle s’est ouverte pour la biologie et la médecine, avec le déchiffrage de l'encyclopédie de l'ADN, qui s'est considérablement accru au fil des années parallèlement aux progrès extraordinaires des techniques .
dimanche 14 février 2016
Le caractère chinois «愛 (amour)» (pinyin : aiˋ)
Pour la fête de St Valentin, nous allons étudier l’étymologie du caractère chinois «愛 (amour)» :
愛 = 受+心
受 : tenir, accepter, offrir
心 : cœur
On peut interpréter 愛 :
- au sens propre : une personne recevant le coeur de l'autre ou offrant son cœur à l'autre;
- au sens figuré : ressentir avec son cœur, ressentir un sentiment d'affection et d'attachement, qui pousse ceux qui l'éprouvent à rechercher une proximité physique, spirituelle ou même imaginaire avec l'objet de cet amour et à adopter un comportement particulier.
Si le « cœur » existe, alors l'« amour » existe; si le « cœur » n’existe pas, alors l'« amour » n’existe pas. Mais on a tous un « cœur »…
-YouTube:漢字的故事“愛”
https://www.youtube.com/watch?v=8w9NM18hrXI
- CNRTL
http://www.cnrtl.fr/lexicographie/coeur
(Yu Li, Marilyne Rosselle)
愛 = 受+心
受 : tenir, accepter, offrir
心 : cœur
On peut interpréter 愛 :
- au sens propre : une personne recevant le coeur de l'autre ou offrant son cœur à l'autre;
- au sens figuré : ressentir avec son cœur, ressentir un sentiment d'affection et d'attachement, qui pousse ceux qui l'éprouvent à rechercher une proximité physique, spirituelle ou même imaginaire avec l'objet de cet amour et à adopter un comportement particulier.
Si le « cœur » existe, alors l'« amour » existe; si le « cœur » n’existe pas, alors l'« amour » n’existe pas. Mais on a tous un « cœur »…
-YouTube:漢字的故事“愛”
https://www.youtube.com/watch?v=8w9NM18hrXI
- CNRTL
http://www.cnrtl.fr/lexicographie/coeur
(Yu Li, Marilyne Rosselle)
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