lundi 30 mai 2022

Pensée chinoise et philosophie platonicienne : la complémentarité de la culture chinoise et de la culture occidentale, JianMing Zhou

 Résumé :


L’Idée de Platon, pierre angulaire de la philosophie occidentale, désigne la Forme pure transcendante. Son caractère abstrait et absolu par rapport aux choses sensibles le rapproche des formes géométriques. De l’autre côté, le concept Yin-Yang (changement, transformation ou mutation) de la pensée chinoise fait référence à la propriété universelle de toutes les choses du monde, mais ne possède cependant pas de forme propre absolue. La mutabilité des formes donne un aspect concret aux formes géométriques, mais l'unité de la transcendance ne peut être réalisée que dans la pensée. Il existe une cohérence extrême entre le ruban de Mobius, la bouteille de Klein et le diagramme de Taiji. La complémentarité entre le concept Yin-Yang associé au Tao de la pensée chinoise et l’Idée de Platon révèle une connotation profonde, commune à la culture chinoise et la culture occidentale.


Table des matières

  1. Introduction

2. Idée et forme

3. La mutabilité des formes

4. Le vrai, le bien et le beau

5. La complémentarité de la philosophie chinoise et de la philosophie occidentale


1. Introduction

   

Dans le contexte de l’âge axial, Platon (427-347 avant JC) ou Socrate et Platon, sont considérés comme un jalon dans l’histoire de la philosophie occidentale, à l’instar de Confucius (551-479 avant JC) ou Laozi et Confucius, dans la pensée chinoise. Bien que tout ne leur soit pas attribué, ils représentent le début et le fondement des deux philosophies, dont nous ne comprenons pas encore pleinement la portée jusqu’à ce jour. Pour la philosophique occidentale, Platon et Aristote (384-322 avant JC) représentent différents courants, de même que Laozi et Confucius. Aristote était un étudiant de Platon, tandis que la signification de leur désaccord n'est pas entièrement comprise. D’autre part, la relation aussi importante - peut-être plus profonde - entre Confucius et Platon, ne semble pas non plus être complètement saisie. Bien que Confucius et Platon n'aient aucun lien sur le plan historique, l'histoire révèle l'existence d'une relation complémentaire au-delà du temps et de l'espace. Cet article ne traite pas spécifiquement de leurs similitudes et de leurs différences au niveau doctrinal, mais les prend uniquement comme représentants, afin d’explorer l'origine de la pensée chinoise et de la philosophie occidentale.


2. Idée et Forme


L'Idée de Platon (eidos « idée ») a plusieurs sens, mais elle ne fait pas directement référence au concept exprimé par le langage ; ce travail a été développé par Aristote. Le sens essentiel de l'Idée de Platon est « idéal » ou « modèle »,  et se réfère à l'existence spatiale de la forme des choses. Ainsi, l’Idée et la Forme sont synonymes chez lui. Ceci apparaît clairement à travers la célèbre analogie du lit (La République X), qui montre que l'Idée est la Forme abstraite et parfaite des choses, et non pas la relation abstraite entre les choses. Il s’agit d’un point essentiel pour comprendre la notion d’Idée chez Platon.


L'Idée est une forme absolue. Le concept de lit n'a pas de propriétés physiques, en dehors de sa forme parfaite. Cette caractéristique est exactement la même que la pureté de la forme géométrique. Par exemple, le plan pris comme élément géométrique n’a pas d’épaisseur, soit pas de propriété physique. La forme pure de l'espace est donc une idée absolue, et non pas une figure géométrique. Comme le dit Platon, le peintre n’imite que des choses spécifiques, et la forme géométrique absolue s'exprime à travers des figures géométriques. Les Idées sont « mémorisées » (concept de la réminiscence), éclairant ainsi celles qui ne relèvent pas des émotions, et sont insensibles et insaisissables. La métaphore de la lumière est prépondérante dans les dialogues de Platon ; il s’agit d’un héritage important laissé à la philosophie occidentale et à la théologie.


Les choses spécifiques ne deviennent une réalité sensible qu’à travers leur participation de l’Idée ; les artisans ne font que des lits spécifiques selon l'Idée du lit. Les choses spécifiques sont différentes et variables, tandis que l'Idée en tant que forme complète, pure et immuable, est absolue et éternelle. En ce sens, l'Idée a une dimension ontologique et une existence transcendante. Platon n'a pas opéré de distinction entre l'ontologie et l’existence ; la nature transcendante de l’Idée n’est pas appréhendée, mais n’existe que dans l'âme. C’est justement l’Idée qui rend l'âme immortelle. Ceci constitue la véritable pierre angulaire de l'immortalité de l’âme chez Platon.


L'essence de la connaissance éternelle et nécessaire est l’Idée. En ce sens, la connaissance est absolue. Par conséquent, la connaissance en tant que vérité est de nature transcendante et précède toute expérience. Les connaissances sont donc des souvenirs des Idées, et l'apprentissage ne consiste donc qu’à se souvenir : c’est la théorie du souvenir des connaissances. Avec la notion d’Idée, Platon a jeté les bases de la philosophie occidentale, tout en laissant derrière lui la question de la phase commune dans l’expression des Idées en tant que concepts, problème que la philosophie occidentale n'a pas été en mesure de résoudre pendant plus de deux mille ans.


3. La mutabilité des Formes


L'Idée formelle de Platon n'a finalement pas été clairement développée et exprimée. Bien que celui-ci en ait débattu à plusieurs reprises dans ses dialogues, le problème crucial est que la métaphore ne peut pas exprimer explicitement la transition entre l'Idée et la chose sensibles, soit le phénomène de « participation ». Les Idées peuvent être imaginées (au moyen du souvenir) en pensée, mais elles ne peuvent pas exprimer la relation avec le monde reél dans la forme elle-même. Platon considère que les peintres et les poètes imitent simplement des choses concrètes et ne peuvent pas exprimer l'Idée elle-même. L'expression de la forme spatiale est réalisée par la géométrie. La géométrie occidentale a été pleinement développée dans les temps anciens, mais se réduisait alors qu’à la géométrie statique (géométrie euclidienne translationnelle), ne pouvant ainsi saisir la mutabilité des Formes. 


Bien que Platon ait pu s’inspirer de la pensée des autres sages grecs sur la mutabilité incessante des choses et la connaissance de géométrie, avait aussi une compréhension relative des formes géométriques, des changements de propriétés des choses et de la relation complexe entre les espaces (Le Timée), il n'a pas élaboré de théorie à ce sujet, encore moins de représentation valable de la mutabilité de Formes, demeurant ainsi entre la Forme et le concept. 


C’est en géométrie topologique moderne que l’on a découvert et étudié la mutabilité des Formes, avec tout d'abord le fameux ruban de Mobius (Figure 1), du nom du mathématicien allemand Ferdinand Mobius (1790-1868). Prenez une bande de papier, tournez les deux extrémités de 180 degrés, et les collez ensemble pour former un ruban de Mobius : sur chaque partie du ruban, il y a deux faces (Yin et Yang, selon la conception chinoise), mais pour le ruban entier Il n'y a qu'une seule face : le Yin et le Yang sont associés de manière simple et spéctaculaire !  




                                      Figure 1


Si vous remplacez le ruban de papier par un tube déformable et réalisez le collage de la surface intérieure et de la surface extérieure (Yin et Yang) du récipient, il est impossible de coller les deux extrémités du tube en tournant la surface intérieure, car on n’obtiendrait qu’un anneau creux comme un pneu. Il faut percer une extrémité du tube même, puis coller les deux extrémités (Figure 2). Ainsi obtient-on la bouteille de Klein avec une seule face, qui tient son nom du mathématicien allemand Felix Klein (1849-1925). 




                                        Figure 2


Le ruban de Möbius et la bouteille de Klein sont généralement étudiés comme des exemples bien connus de la géométrie topologique. En tant que des figures géométriques, elles sont claires, entrelacées et belles par ailleurs, mais les gens sont souvent perplexes devant la nature de ce qu'elles expriment. Presque tous les mathématiciens, les philosophes et les passionnés sont fascinés par cette dimension mystérieuse exprimée par de simples images géométriques, qui sont pourtant difficiles à appréhender : comment deux faces en deviennent-elles une seule, comment une seule en devient-elle deux ? Ces figures ont révélé la philosophie de la géométrie à partir de la mutabilité de formes, et exprimé les principes philosophiques les plus profonds par la méthode de la géométrie. Ce genre d’énigmes qui n’étaient pas entièrement compris par la philosophie et la géométrie occidentales ont été complètement saisis par d'anciens penseurs chinois.


Si nous poussons davantage l’abstraction avec le ruban de Mobius et la bouteille de Klein, en supprimant leurs propriétés spatiales, nous pouvons obtenir un schéma de pensée plus théorique, avec le diagramme du Taiji chinois (Figure 3). Ce schéma exprime de façon abstraite la nature absolue de tout : le Yin et le Yang, et leur unité. C'est l'idée chinoise ancienne de Tao et de Yi (changement, transformation, mutation) :  « Connaître le blanc, garder le  noir, c'est le modèle du monde. La vertu constante ne faillira pas, et il reviendra à Wuji » (Laozi 28).  


                                    Figure 3


La correspondance entre le schéma du Taiji et l’énoncé de Laozi est saisissante. Ce n'est pas une analogie forcée entre un schéma et une citation, il s’agit de la cohérence des idées. Le ruban de Mobius et la bouteille de Klein montrent le processus d'unification du Yin et du Yang mais n’en expriment pas la dimension transcendante, car il manque cette idée dans la philosophie occidentale.  Or, celle-ci existe dans la philosophie chinoise, qui n'a toutefois pas de moyen clair de l'exprimer, du fait que la géométrie n’était pas suffisamment développée dans la Chine ancienne, et les conceptions philosophiques les plus profondes étaient véhiculées au moyen de schémas simples, tel que le diagramme du Taiji. Ce schéma n’a rien de mystérieux, mais reflète la profondeur de perspective de la pensée en elle-même. 


Grâce au ruban de Mobius et à la bouteille de Klein, les idées philosophiques contenues dans le diagramme du Taiji peuvent être exprimées de manière plus intuitive. Inversement, avec l'aide de la pensée chinoise, le sens de certains concepts de la géométrie moderne, qui comprend la géométrie non euclidienne, la géométrie projective, les groupes de transformations etc, peut être mieux compris, et seront même utiles pour appréhender certaines idées mathématiques et physiques complexes, telles que celle d’espace physique. Ainsi les scientifiques les plus avant-gardistes s’inspirent consciemment d’idées chinoises, telles que la théorie du chaos, la théorie de la non-linéarité, la théorie des systèmes complexes etc. Peut-être la pensée chinoise nous donnera quelque chose de plus profond.


4. Le vrai, le bien et le beau


Dans les dialogues de Platon, l’Idée, le beau, la vérité, la connaissance et le bien s’expliquent mutuellement et sont intimement enchevêtrés, leur pierre angulaire étant la Forme. Le beau est utilisé pour abstraire et expliquer la Forme, ainsi que pour dégager la relation entre l’Idée, la vérité et la connaissance. L'Idée est la Forme parfaite des choses. Elle n'a ni différence ni limite, elle est donc belle. En ce sens, le beau est la Forme complète des choses sensibles. Par conséquent, le beau constitue l'abstraction et la transcendance des choses sensibles. La Forme absolue est le beau, mais il existe des différences entre les choses sensibles, de là la pluralité des Idées, au sein desquelles se trouve une Idée supérieure que Platon appelle le bien (état idéal). « Ce qui donne le vrai aux objets de connaissance, la capacité aux sujets de connaissances, est l'Idée du bien. C'est la cause de la connaissance et du vrai dans la cognition. La vérité et la connaissance sont belles, mais l'Idée du bien est plus belle que les deux, ce qui est la connaissance du bien. » Par conséquent, l'Idée n'est pas l'existence ultime. L'Idée est transcendée (embellie) par le beau. De cette façon, Platon passe de l'Idée à la Forme la plus élevée : le Bien. L'Idée est transcendante. Elle n'a aucun moyen de retourner sur le rivage, donc elle ne peut devenir que le Bien qui appartient au dieu. Le beau ne peut pas être utilisé pour expliquer le divin, et Platon ne peut pas se prononcer davantage sur le bien. Ainsi, la philosophie de Platon ne parvient pas à dépasser la dichotomie.


L’idée du Tao chinois désigne le changement en soi et se manifeste par la relativité et la transcendance du Yin et du Yang en toutes choses. À travers l'image de la bouteille de Klein, nous pouvons voir le processus de changement du Yang en Yin et du Yang en Yin. De chaque point de vue particulier, le Yin et le Yang sont clairement opposés, mais dans l'ensemble, il n'y a pas de différence entre le Yin et le Yang : il s’agit d’une unité dans l’harmonie.


Par conséquent, les idées de la pensée chinoise ne sont pas des formes figées de la beauté, mais des changements ou des transformations de formes en soi. La stagnation de la mutabilité des formes signifierait la mort de la pensée chinoise, car la pensée chinoise est la mutabilité des formes en soi. Le diagramme du Taiji n’est pas la forme du beau, bien qu’il soit beau dans la forme. Il contient la beauté du changement, la beauté de la fluidité, la beauté de la pensée, et donc le beau en soi. Dans ce sens, il est l’unité du beau et du bien. L’esprit de la culture chinoise est plein de sa propre unité harmonisée, et l’homme et le ciel sont ce qui intègre le Yin et le Yang de la manière la plus complète dans le monde. « L'unité entre le ciel et l'homme » correspond à l’idée d’unité transcendante au-delà des changements intrinsèques à toutes les choses du monde. La voie du Yin et du Yang n'est pas une opposition absolue et la pensée chinoise ne consiste pas en une dualité opposée. Au contraire, elle s'unifie en elle-même de manière permanente.


De fait, la vérité s'exprime dans la connaissance. La doctrine de la connaissance de Platon ne renvoie en réalité pas à la connaissance des propriétés et des relations entre les choses, mais à la compréhension de la relation entre l’Idée et la pensée. C'est pourquoi beaucoup de gens se méprennent sur ses connaissances.


Le souvenir de Platon se réfère en fait à la pensée. L'Idée est une existence transcendante : elle ne peut être ressentie ou observée à l'œil nu, et seule la pensée (la mémoire) peut s'en approcher. Par conséquent, d’après le philosophe, la connaissance est le souvenir de l’Idée. On comprend parfaitement que l'artisan a fait un lit selon l'Idée dans son esprit (grâce à la mémoire), ceci n'est guère surprenant. Ainsi, bien que l'Idée soit transcendante, la pensée peut s'en approcher. Le souvenir de Platon est un processus par lequel la pensée s'approche de l'Idée. L’Idée en tant que connaissance de la vérité ne peut pas être appréhendée. L'image de Socrate est d'admettre qu'il est un débatteur ignorant. Il entend qu'il n'existe pas de connaissance ultime, mais seulement la poursuite de la connaissance, le débat et le dialogue sont un processus au cours duquel deux personnes recherchent ensemble la vraie connaissance.


Donc bien que la connaissance absolue - soit l’Idée - ne puisse être atteinte, les gens peuvent partager la lumière de l'Idée dans la poursuite de cette dernière ; là réside le sens véritable de la célèbre métaphore de la grotte de Platon. Les débats de Socrate et les dialogues de Platon décrivent le processus qui rapproche indéfiniment de la vérité.


Dans la pensée chinoise, l'idée du Tao s'exprime dans toutes les choses du monde. Le Yin-Yang est la propriété absolue des choses, et non pas une chose absolue en elle-même. Le Yin-Yang n'est pas une existence transcendante et se réalise en tout, sans avoir de forme absolue en soi : « La grande image n’a pas de forme » (Laozi 41). Il existe dans chaque chose une opposition entre le Yin et le Yang, mais il n'y pas de Yin et de Yang absolus. Le Yin-Yang se situe dans le dépassement de l’opposition, il est éternel grâce au changement. Les gens le saisissent par la pensée. Le diagramme du Taiji est un paradigme, une sorte de référent, pour la pensée ; c’est la caractéristique la plus essentielle de la philosophie chinoise.


Bien sûr, la connaissance des choses obtenue par l’homme a son propre processus d'occurrence, d’apprentissage, et d'assimilation. Il s’agit du renouvellement des connaissances dans le développement et l'accumulation, c'est-à-dire le changement des connaissances en soi, c’est en cela que consiste la vraie connaissance : la vérité. Confucius a dit: «Adonnez-vous à l’étude avec une foi profonde, conservez la bonne voie jusqu’à la mort. » (Les Entretiens de Confucius, chapitre « Taibo »). C'est par l’apprentissage et la poursuite constante que nous pouvons saisir et conserver le Tao.


Laozi met l'accent sur les idées de souplesse, de quiétude, de détachement, connotées par la métaphore du vallon et qui renvoient à la mutabilité des formes dans un état statique : « connaître le mâle et garder la femelle », ou encore l’image du nouveau-né issu de la femme enceinte. Le corps de la bouteille de Klein est une forme (un récipient) où le Yin contient le Yang : s’il n'y a pas de Yin, le Yang ne peut pas naître, mais une fois que le Yang apparaît, le Yin n'est déjà plus celui du passé. Par conséquent, la mutabilité de formes ne consiste pas en la répétition d’un cycle, mais plutôt en un renouvellement permanent. La bouteille de Klein en tant que forme figée ne peut pas exprimer cette idée supérieure, elle n'est que l’enveloppe figée d’une forme muable. Du point de vue de la pensée occidentale traditionnelle, il est donc impossible de comprendre le mystère si simple qui est représenté par le ruban de Mobius, encore moins de parvenir à l’idée supérieure de renouvellement dans la mutabilité. Or, le diagramme du Taiji, plus abstrait, peut orienter la pensée de l’être humain pour les actualiser, et apercevoir en pensée la mutabilité et le renouvellement des formes. Il s’agit de la transformation de la « grande image sans forme », de la compréhension et de la réitération du principe : « par le non-agir, rien qui ne se fasse ».  Il s’agit aussi de la tolérance, de la conviction, de l'attente et de l'espoir de « L’Invariable milieu ». Ces grandes idées se reflètent pleinement dans les concepts culturels chinois anciens : la transcendance du Tao, l’éternité du changement : « Sur la baignoire de Tang, les mots suivants étaient gravés : Si vous pouvez vous rénover un jour, faites-le de jour en jour, que ce renouvellement soit quotidien. » (la « Grande Étude »). L’élévation de la pensée chinoise tient foncièrement à cette dimension transcendante, dont la beauté fait souvent tressaillir.


5. La complémentarité de la pensée chinoise et la philosophie occidentale


À partir de l'analyse ci-dessus, nous pouvons voir que bien qu'il existe une différence claire entre la philosophie occidentale et la pensée chinoise, celles-ci sont unitaires dans leur complémentarité. Tout d’abord, ceci se manifeste pleinement à travers la cohérence entre le ruban de Mobius, la bouteille de Klein et le diagramme du Taiji. Du point de vue de la géométrie euclidienne, il n’y a pas d’intérêt à discerner les deux faces (Yin et Yang) d'un plan, mais si celui-ci se met à muer, il manifeste les propriétés des deux faces du Yin et du Yang et ce genre d’opposition, grâce à la mutabilité, atteint de nouveau l’unité. C'est en cela que l'idée formelle et la pensée chinoise sont unitaires. D'un autre côté, toute chose particulière possède un caractère différencié et antithétique (soit le Yin et le Yang) qui est universel, sans que le monde en soit pour autant divisé et détruit. Par son propre changement, le monde devient l'harmonie du Tao. Le Tao se manifeste de manière transcendante dans toutes les choses du monde ; ceci reflète sa dimension absolue et éternelle. Là se trouvent la complémentarité et la cohérence entre la pensée chinoise et les idées de la philosophie occidentale. Ce n'est que sur ce plan supérieur que nous pouvons saisir plus profondément la signification de toute la culture humaine.


Remerciements :

Traduit par Yu Li, et merci à Laetitia Chhiv pour sa relecture attentive et ses corrections soigneuses. 


Référence

[1] https://fr.wikipedia.org/wiki/Platon

[2] Yi Jing – Yi King, le Livre des Mutations (Richard Wilhelm), http://wengu.tartarie.com/wg/wengu.php?l=Yijing&lang=fr&no=0

[3] Lun Yu - Les Entretiens de Confucius (Séraphin Couvreur)  http://wengu.tartarie.com/wg/wengu.php?l=Lunyu&lang=fr

[4] The Doctrine of the Mean (James Legge), http://nothingistic.org/library/confucius/mean/index.html

[5] Tao Te King (Stanislas Julien), https://fr.wikisource.org/wiki/Tao_Te_King_(Stanislas_Julien)




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