mercredi 7 octobre 2015

Ge Hong (葛洪 283 – 343) , un alchimiste, un médecin, un maître taoïste

La Chinoise Youyou TU vient d’être récompensée par le prix Nobel de médecine 2015 pour ses travaux sur le paludisme. Les découvertes de Youyou TU portant sur une nouvelle thérapie contre le paludisme s’inscrivent à la fois dans les progrès accomplis par la médecine moderne d’inspiration occidentale, et dans un appel aux traditions médicales ancestrales de la Chine [1].

C’est ainsi que dans un article paru en 2011 dans la revue américaine « Nature Medicine » [2], Youyou TU avait mentionné l’importance revêtue au cours de sa recherche par une phrase qu’elle avait relevée dans un livre de médecine chinoise traditionnelle, « le Manuel de prescriptions pour les situations d'urgence » (《肘后备急方》), écrit par Ge Hong  (葛洪 283 – 343) , un alchimiste, un médecin, un maître taoïste des temps anciens. Cette phrase disait, « prenez une poignée de Qinghao immergée dans 2 litres d’eau tiède, essorez le jus et buvez. »

Cette phrase avait fait réfléchir Youyou TU sur l’erreur possible commise jusqu’à alors dans le processus d’extraction du jus de Qinghao. Youyou TU a pensé que l'extraction conventionnelle par chauffage du jus de cette plante plongée dans l’eau bouillante pourrait en détruire les composants actifs et qu’au contraire l’extraction à une température modérée était davantage capable de préserver en eux une activité antipaludique.

Il nous paraît intéressant de présenter brièvement Ge Hong qui d’une certaine façon a joué un rôle important dans les découvertes de Youyou TU.

Ge Hong (葛洪 283 – 343) est un lettré chinois connu dans la tradition comme un alchimiste, un médecin, et également un maître taoïste.

Ge Hong a été un auteur prolifique. Parmi les écrits qui restent de lui, on peut mentionner deux ouvrages essentiels :

1, Le manuel de prescriptions pour les situations d'urgence (《肘后备急方》)

Ge Hong avait lu, étudié et analysé beaucoup de livres de médecine, et il s’en est inspiré dans sa pratique de médecin tout en se livrant à des expériences médicales nouvelles. Il a consigné ces expériences dans un livre volumineux et difficile à transporter, Yu Han Fang (《玉函方》). Il s’est particulièrement attaché à décrire des maladies courantes à caractère urgent et à en proposer des remèdes. Il en a fait ensuite la matière d’un livre en trois tomes,  intitulé « Manuel de prescriptions pour les situations d'urgence » .

2, Le Baopuzi (《抱朴子》

Le Baopuzi (= celui qui embrasse la simplicité), a eu une grande influence sur le développement de l’alchimie chinoise, de la pratique et de la pensée taoïste, et reste de nos jours un ouvrage de référence pour leur étude, malgré son abord ardu et l’aspect difficilement interprétable d’une partie de son contenu. Il offre également un intérêt philosophique et documentaire sur la société de l’époque. [3]

Références :
[1] Nobel : Youyou Tu, la chercheuse qui a mélangé les médecines ancestrale et moderne
http://www.liberation.fr/sciences/2015/10/05/paludisme-youyou-tu-la-chercheuse-qui-a-melange-les-medecines-ancestrale-et-moderne_1397494
[2] The discovery of artemisinin (qinghaosu) and gifts from Chinese medicine
http://www.nature.com/nm/journal/v17/n10/full/nm.2471.html
[3] https://fr.wikipedia.org/wiki/Ge_Hong