lundi 4 mai 2015

Visite au Cimetière Chinois de Nolette

Cela faisait longtemps que j’avais entendu parler du Cimetière Chinois de Nolette à Noyelles-sur-Mer. Mais je n’avais jamais eu l’occasion d’y aller. Récemment, j’ai fait connaissance d’un collègue archéologue. Nous avons parlé de ce cimetière, et je me suis dit que c’était le moment de m’y rendre enfin pour leur rendre hommage. 

Un jour, mon fils Nicolas et moi nous sommes donc rendus dans ce cimetière situé dans un cadre verdoyant qui respire le calme et la sérénité. A l’entrée, une porte en marbre blanc sculpté, à l’intérieur des pins verts et des rangées de plaques en pierre blanche posées sur l’herbe. C’est là que sont inhumés, loin de leur pays, 884 travailleurs chinois morts peu après la premiere guerre mondiale. 

Pendant la première guerre mondiale, le gouvernement chinois a envoyé 140000 travailleurs chinois dans le nord de la France pour aider les alliés britanniques. Il y avait un peu près de 10000 ouvriers chinois qui étaient morts du dur labour, la faim, la guerre, et la maladie. En 1921, le Royaume-Uni, aidé par la France et la Chine, a décidé de construire un cimetière mémorial pour ces travailleurs, d’où vient ce cimetière Nolette aujourd’hui.

Cent ans sont passés, les médias parlent peu d’eux, mais mes amis français m’ont demandé de temps en temps : Où venaient ces ouvriers? Comment vivaient-ils à l’époque? Que pensent leurs compatriots d’aujourd’hui d’eux ? et ils se souviennent encore d’eux?

En lisant des documents, j’ai été touchée : après la guerre, la plupart de ces ouvriers ont été renvoyé en Chine, mais il reste une petite partie qui est installée et devenus la première génération d’immigré en France. On ne peut pas imaginé que ce sont ces travailleurs d’origine paysans illettrés qui ont fait bien des contributions à la modernisation de la Chine, …

L’histoire se souvient toujours des grands figures, mais il y a aussi beaucoup de petites figures comme eux qui écrivent l’histoire avec leurs vraies histoires, …

Deux livres de référence:

- Les travailleurs chinois en France dans la Première Guerre mondiale, 

- Strangers on the western front, Chinese workers in the great war. Guo Qi Xu (http://www.bundpic.com/2014/10/56343.shtml)


(Yu LI)

La culture chinoise : culture, civilisation et politique - - Lettre de JianMing ZHOU pour répondre à l’article de Didier Ferment

Si nous voulons bien comprendre ce qu’on entend par « culture chinoise », il faut savoir que « culture » et « civilisation » sont deux concepts qui se situent à des niveaux différents (si on se réfère à la théorie des catégories).

Selon moi, la culture est par essence le produit d’une intégration qui résulterait du conflit entre des civilisations différentes et de l’absorption réciproque des éléments qui les composent. L’intégration culturelle s’inscrit dans un processus dynamique de transformation sur une période qui déborde le cadre de l’histoire et transcende donc la civilisation qui est par essence mortelle.

S’il s’agit de parler d’un système et des activités politiques dans un pays donné, on se situe au niveau de ce qu’on appelle la civilisation. Le système féodal chinois est sous la dépendance des infrastructures sociales et économiques de la Chine dans les temps anciens, et il est très différent de celui de l’Europe. J’explique brièvement les différences entre ces deux féodalités:

1. La "féodalité" est un système social et politique qui se fonde sur la propriété de la terre.

2. En Europe au moyen âge, les suzerains et les vassaux possédaient les uns et les autres leur propres terres, et constituaient ensemble une communauté politique. Les suzerains étaient les représentants légaux de cette aristocratie qui détenait le pouvoir politique. Après l’intermède monarchique du 16ième au 18ième siècle, s’est peu à peu imposé un système démocratique. Ce système en vigueur actuellement dans la plupart des états occidentaux serait en quelque sorte un héritage du système féodal ancien dans la mesure où le pouvoir n’émane plus d’un seul homme (système monarchique), mais d’un groupe d’hommes que ce soit les meilleurs (système aristocratique) ou le peuple (système démocratique).

3. La féodalité chinoise est établie sur la propriété de tout ce qui vit sur le territoire. Le "天下 (tout ce et tous ceux qui sont au dessous du ciel)" est un concept traditionnel, qui englobe à la fois le pays et le peuple qui l’occupe. Des aristocraties humanistes fondatrices de la pensée chinoise dans les temps anciens aux régimes monarchiques aux tendances dictatoriales des époques qui ont suivi, le concept de féodalité chinoise a subi des changements complexes. Jusqu'à présent, cette notion n'a pas été interprétée de façon complète et correcte. Les transformations sociales et politiques, qu’a subies la Chine depuis une centaine d’années, afflige les chinois d’aujourd’hui.

En fait, la "féodalité chinoise" désigne principalement les régimes politiques traditionnels des anciennes dynasties, où le pouvoir absolu du monarque est le fruit de la violence et de la guerre. Le système féodal ou bureaucratique consiste dans la délégation par le monarque de ce pouvoir à ceux qui le servent, mais ces derniers restent dépendants du monarque et peuvent à tout moment être privés d’un pouvoir qu’ils ne possèdent pas dans le mesure où il leur a été simplement délégué.

On peut donc voir que les fondements sur lesquels a toujours reposé et repose encore les systèmes politiques de la Chine sont très différents de ceux de l'Occident. En sachant cela, il est plus facile de comprendre les raisons pour lesquelles il existe toujours des contradictions qui peuvent paraitre absurdes entre la culture chinoise et sa traduction politique.

La culture chinoise a réalisé l'intégration culturelle du système féodal dans la société chinoise, et l’histoire souvent brillante de la chine est le produit de cette société féodale.

La culture confucéenne a joué un rôle essentiel dans l'orientation culturelle de la féodalité chinoise, mais le confucianiste n'a jamais considéré le pouvoir comme un objectif. S’il a été souvent le « maître du roi », c’est-à-dire,  son conseiller, son guide et le précepteur de ses enfants, il considérait ce statut comme un honneur et ne cherchait en aucune façon à en tirer un profit.

Le confucianiste lui-même se considère comme un transmetteur. Il aime s’entourer de disciples, mais n’a sur un plan personnel aucune ambition politique. Il n’aspire à aucun autre pouvoir qu’intellectuel.

L’Idéal confucianiste est antérieur à l’existence de Confucius lui-même.  Avant Confucius il y avait des sages qui aspiraient à mener une vie paisible avec peu de moyens matériels, sans désir de possession, en quelque sorte une vie d’ermite, mais souvent entourée de quelques disciples. Confucius a hérité de cette tradition et en a rassemblé les éléments en les interprétant. Pour lui, l’homme est nécessaire à l’homme, c’est-à-dire, que le premier besoin de l’être humain est d’entrer en relation avec d’autres humains. Le Taoisme, autre école de pensée qui avait précédé le confucianisme, n’en est pas très éloigné à cette différence prés que, pour le taoïste, ce qui est essentiel c’est l’harmonie entre l’homme et la nature, alors que, pour le confucianiste, c’est l’harmonie entre les êtres humains.

L’entrée de la Chine dans le concert des grandes nations mondiales, non pas tant au niveau économique (ce qui est déjà fait) qu’au niveau culturel (ce qui reste à faire) n’est pas seulement l’affaire de la Chine, mais celle des autres nations en particulier du monde occidental.

La compréhension réciproque des fondements de la civilisation occidentale et de la civilisation chinoise traditionnelle, les interactions qui peuvent s’opérer entre ces deux types de civilisation et l’unité au sens large qui peut les rassembler, telles sont les données dont il faut prendre conscience de deux côtés si l’on veut comprendre les affaires et l’avenir du monde.

(Traduit par Jean-François BARBIER et Yu LI)

周剑铭:“中国文化:文化、文明与政治”

如果要比较全面地理解中国文化,就要知道“文化”与“文明”是不同层次的概念(这属于范畴论的内容),我对于文化的定义是:文化本质是文化的整合,比如,不同文明的冲突与吸收就是文化的整合过程,文化的整合比文明更具有长期的历史阶段和超越性。

政治制度和政治活动属于文明层次,中国封建制度主要受古代的社会经济基础制约,中国封建制度具有完全不同于西欧封建的性质。在这里简要地解释中国与西欧“封建”的不同:

1. “封建”是以土地的所有权为基础的社会政治制度。
2.   西欧君主与贵族各自领有自己的领地,共同组成政治共同体,君主是贵族政治的“法人代表”。西方现代政治民主制度与西欧封建制度具有一定的承继性。
3.   “中国封建”建立在对所有土地的所有权的基础上,“天下”这个最传统性的观念包括了所有的土地和人民,从早期的文化国家到中、晚期的封建政治的专制统治,“中国封建”这个概念经历了复杂的内涵转变,迄今未得到全面、正确的阐释;中国近现代以来的社会和政治制度转型问题迄今仍在困扰中国人。“中国封建”现在主要指传统的王朝政治制,在这种政治制度中,帝王的绝对所有权由暴力、战争取得,“分封制”或“帝制官僚体制”只是指部份权力的委托管理。

由此可以看出,中国的政治“要素”与西方的情况完全不同。知道了这一点,就不难理解中国文化与中国政治总是让人感到相背谬的原因了。

中国文化实现了对中国封建制度与中国社会的文化整合,使中国封建社会创造了中国历史的辉煌;儒家文化在中国封建政治中具有文化指导性的地位,儒家从来没有以取得国家权力为自己的目标,“帝王之师”只是荣耀而不是功利;儒家自身本质是非政治的,孔子以前的儒家“先圣”中就以“隐士”为品质,这与中国文化中的具有哲学性质的道家一样。

中国的现代化不仅仅是中国自己意义上的,西方文明与中国传统文明的文化整合具有更全面的意义,理解这一点是对所有对人类文化和世界事务感兴趣的人的要求。