mercredi 19 octobre 2022

Worakls & Wen Yu - Inked : « encré » en nous

1. Inked : « encré » en nous [1] [2] 



Worakls, producteur de musique électronique, et Wen Yu, compositrice taïwanaise de talent, se sont associés sur le titre Inked. Véritable épopée musicale, ce titre mélange à la perfection deux cultures et nous emmène dans un monde féérique. 

Mélanger les cultures dans un morceau, sans que l’un des univers viennent prendre toute la place et effacer l’autre, est souvent périlleux. Loin d’être impressionné par l’exercice, Worakls a toujours aimé mélanger les styles et les univers. Sur le titre By The Brook, sorti sur l’album Orchestra en 2019, on pouvait déjà constater son attirance pour l’utilisation d’instruments asiatiques. Poussant l’expérience encore plus loin, le producteur décide, quelques temps plus tard, de contacter Wen Yu après être tombé sous le charme de son travail.

Le résultat est vibrant, totalement à la hauteur du talent des deux musiciens. Laissant toute sa place à l’expression des instruments et de la mélodie, qu’il s’agisse des sonorités asiatiques de la musicienne ou des beats électroniques de Worakls, ce titre est une pépite d’onirisme et nous fait quitter, durant 6 minutes, notre quotidien. Fermez les yeux, laissez vos pensées dériver et sentez l’espace évoluer au rythme de vos émotions. Entre puissance et douceur, ce titre est poétique, percutant et très cinématographique.

Travailler ensemble a été une expérience très spéciale, de partage d’émotions via la musique. Worakls m’a inspiré beaucoup de confiance et d’énergie positive, et j’ai vraiment l’impression que nous avons créée quelque chose de spécial, mélangeant différents genres et cultures autour d’une ambiance commune. – Wen Yu

Le titre Inked illustre le morceau et l’empreinte de nos cultures ‘‘encrées’’ en nous. On a donc décidé de prendre le mot au pied de la lettre. C’est comme ça que l’on a eu l’idée de choisir Camille, une artiste tatoueuse afin d’encrer réellement notre vision du morceau. – Worakls

2. Etymologie de




= (noir) + (terre)

: l’encre noire utilisée pour la calligraphie et la peinture chinoise.


L'encre de Chine fait partie de « quatre trésors du lettré » (文房四宝), les instruments de calligraphie et de peinture chinoises :

- le pinceau () 

- l’encre () 

- le papier () 

- la pierre à encre ()


Référence :

[1] https://ladistilleriemusicale.fr/2021/05/21/worakls-et-wen-yu-nous-emmene-loin-tres-loin-avec-inked/

[2] Worakls & Wen Yu - Inked

https://www.youtube.com/watch?v=whwmlTyVcS4

[3] 汉字解密|墨

https://www.xuehua.us/a/5eb8271386ec4d741fb79b53

[4] https://fr.wikipedia.org/wiki/B%C3%A2ton_d%27encre

[5] 雲門行草-永字八法

https://www.youtube.com/watch?v=yx96UQiKthc

dimanche 9 octobre 2022

La dialogue Claude Moment - Joan Mitchell

Les expositions « Monet - Mitchell » à la Fondation Louis Vitton mettent en scène un dialogue inédit entre les œuvres de deux artistes exceptionnels, Claude Monet (1840-1926) et Joan Mitchell (1925-1992).

Les expositions « Monet - Mitchell » donnent à voir leurs perceptions singulières face à un même paysage composé, souvent exprimées dans des formats particulièrement immersifs. Pour le dernier Monet, celui des Nymphéas, il s’agit de la restitution de motifs longuement observés devant les nymphéas de Giverny ; pour Joan Mitchell, dans l’atelier de La Tour, à Vétheuil, elle explore la transposition, à travers le filtre de la mémoire, de « feelings » – ces perceptions restées vives par-delà l’espace et le temps.


Né à Chicago, Joan Mitchell aimait le patinage artistique lorsqu'elle était jeune, mais s'est blessée au genou et a poursuivi des études de l'art. En 1955, Mitchell a voyagé entre New York et la France avant de s'installer en France, où elle a passé les 25 dernières années de sa vie à Vétheuil.


Les Nymphéas de Claude Monet trouvent une consécration dès les années 1950 aux États-Unis, où ils sont perçus comme précurseurs de l’abstraction par les peintres de l’expressionisme abstrait. Après André Masson, Clément Greenberg, le célèbre critique américain, prend position pour défendre leur modernité : « Le principe que [Monet] a finalement trouvé (…) est plus large : il ne résidait pas dans la nature comme il pensait, mais dans l’essence même de l’art, dans sa faculté d’ « abstraction ».»


Dans ce contexte du « Monet Revival », Mitchell participe en 1957 et 1958 à des expositions consacrées à la notion d’ « impressionnisme abstrait », terme inventé par son amie Elaine de Kooning. 


À travers une soixantaine d’œuvres emblématiques des deux artistes, l’exposition offre au public un parcours enchanteur et sensible, scandé par de remarquables correspondances visuelles et thématiques. 


L’article a été adapté de l’article :

https://www.fondationlouisvuitton.fr/fr/evenements/claude-monet-joan-mitchell




jeudi 29 septembre 2022

Impressionnisme et théorie des ensembles - en 1874, « Impression, lever de soleil » de Monet et « Ensemble infini » de Cantor

J'ai souhaité dans une perspective plus large comprendre la signification de la confusion intellectuelle sans précédent que le théorème d'incomplétude de Gödel a suscitée dans le monde universitaire et le grand public.

En voyageant dans l'histoire, j'ai remarqué l'année particulière 1874, où l'impressionnisme et la théorie des ensembles sont apparus en même temps !


1. Impressionnisme : « Impression, soleil levant » de Claude Monent (1840-1926)


L'événement marquant de la naissance de l'impressionnisme a été le tableau de Monet, « Impression, soleil levant », exposé lors de la première exposition impressionniste en avril 1874, donnant ainsi son nom au mouvement.


L’article de Jules-Antoine Castagnary, « Les impressionnistes », a été paru dans « Le Siècle » le 29 avril 1874 : « Le mot même est passé dans leur langue : ce n'est pas paysage, c'est Impression que s'appelle au catalogue le Soleil levant de M. Monet. Par ce côté, ils sortent de la réalité et entrent en plein idéalisme. »  



2. Théorie des ensembles : les «  ensembles infinis »  de Cantor (1845-1918)


L'événement marquant de la naissance de la théorie des ensembles est un article publié par Cantor en 1874, “On a Characteristic Property of All Real Algebraic Numbers”. Cantor donne la définition d'un ensemble comme suit :


- A set is a gathering together into a whole of definite, distinct objects of our perception or our thought—which are called elements of the set.


Eduard Heine avait posé la question de l'unicité de l'écriture d'une fonction périodique d'une variable réelle comme série de fonctions trigonométriques. Intéressé par ce problème, Cantor obtint l'unicité pour les fonctions continues. En 1872, il s'attacha à définir l'ensemble des points de discontinuité de ces fonctions, ce qui présuppose de manipuler des ensembles infinis. C'est ainsi qu'il commença à s'interroger sur l'infini. En 1874, Cantor publia ses premiers travaux sur le sujet dans le Journal für die reine und angewandte Mathematik, où il donna la première démonstration que l'ensemble des réels n'est pas dénombrable.

 



Si l'impressionnisme est le tournant de l'art traditionnel vers l'art moderne, alors la théorie des ensembles est le tournant des mathématiques classiques vers les mathématiques modernes. 


Ainsi, l'art et les mathématiques, les deux domaines de la créativité humaine, peuvent aider à déchiffrer le théorème d'incomplétude de Gödel, dans un progrès commun vers la modernité et une inspiration mutuelle


Référence :

[1] https://fr.wikipedia.org/wiki/Impression,_soleil_levant

[2] https://fr.wikipedia.org/wiki/Georg_Cantor

[3] https://www.cantorsparadise.com/the-nature-of-infinity-and-beyond-a05c146df02c

mardi 20 septembre 2022

L’ « apprentissage » dans les cultures chinoise et occidentale - de l'étymologie de « apprentissage »

 I. Etymologie

1, Du chinois : les caractères chinois “學習”  


= 𦥑(deux mains+ 爻(Bagua [2]+ 冖(salle+ 子(étudiant


Etre conscient de, inspirer. - Shuowen Jiezi [1]

學,覺悟也。从教从冂。冂,尚矇也。- 说文解字




= (Plume) + (Blanc)


Pratiquer. Le petit oiseau essaie à plusieurs reprises de voler dans la journée. - Shuowen Jiezi [1]

習,数飞也。- 说文解字



2Du latin : apprendre 


Du latin apprehendere (« prendre, saisir, attraper ») [3]


II. L'"apprentissage" dans les cultures chinoise et occidentale


Selon la culture traditionnelle chinoise, l’accent de l’apprentissage est mis sur la « subjectivité » de l’individu :  « apprendre »  des autres et «  pratiquer »  de soi-même. 


La subjectivité de l'individu est le véritable moteur de l'apprentissage, et la destination ultime de l’apprentissage.


Confucius a dit : "Lorsque vous enseignez à un étudiant, ne l'inspirez pas jusqu'à ce qu'il veuille comprendre mais ne puisse pas ; ne l'éclairez pas jusqu'à ce qu'il veuille parler mais ne puisse pas. Enseignez-lui un aspect, mais il ne pourra pas en déduire les trois autres, et cessez alors de l'enseigner."


Mencius a dit : "Si un homme veut atteindre une connaissance profonde, il doit suivre une certaine méthode d'apprentissage, afin de pouvoir comprendre naturellement la vérité de celle-ci. S'il peut naturellement comprendre la vérité, alors il pourra vivre dans son cœur et ne pas la perdre, et s'il peut vivre dans son cœur et ne pas la perdre, alors il pourra s'appuyer sur elle pour faire son travail. C'est pourquoi l’homme de bien espère qu'il pourra naturellement en comprendre la vérité.


Dans la tradition culturelle occidentale, l'apprentissage se réfère principalement à l'acquisition de connaissances, de la phrase de Socrate "la connaissance est la vertu" à celle de Bacon "la connaissance est le pouvoir". 


Si l'apprentissage de la connaissance est indispensable aux êtres humains, et si l'accumulation et l'évolution des connaissances constituent la principale composante et la force motrice de la civilisation humaine, l'accent mis unilatéralement sur cet apprentissage fondé sur la connaissance peut entraîner une confusion quant à la subjectivité de l’homme.


III. "Apprentissage automatique" en intelligence artificielle


Dans la pratique d’Intelligence Artificielle, on entend par "apprentissage automatique" la capacité d'une machine à "apprendre" en imitant la capacité d'apprentissage humaine. Cet accent fait la distinction entre les humains et les machines à différents niveaux.


En fait, l'"imitation" de l'apprentissage automatique implique trois niveaux, par exemple "l'apprentissage par renforcement", qui imite d'abord le comportement humain d'action-évaluation en interaction avec l'environnement pour définir un "agent", le modélise dans la machine, puis entraine la machine à apprendre pour obtenir son intelligence artificielle.


IV. "Apprentissage automatique" vs "apprentissage humain" 


"L'apprentissage automatique" est l'imitation de "l'apprentissage humain", l'"imitation" des êtres humains est l’essence de l’apprentissage automatique. Les machines peuvent imiter l'apprentissage et apprendre par elles-mêmes, mais son essence est la machine. La plus haute "imitation" des êtres humains est l'apprentissage des êtres humains par eux-mêmes.


La principale différence entre l'homme et la machine est que l'homme est avant tout un sujet inné qui apprend, alors que la machine acquis sa capacité d'apprendre grâce à un « inné artificiel ».


[1] Shuowen Jiezi (说文解字) : https://fr.wikipedia.org/wiki/Shuowen_Jiezi

[2] Bagua (八卦):hui trigrammes : https://www.blogger.com/blog/post/edit/2035233520342324807/8884734587109623054

[3] https://fr.wiktionary.org/wiki/appréhender


dimanche 11 septembre 2022

人 (homme) et 入 (entrer, pénétrer)

  (homme) et (entrer, pénétrer) sont deux caractères différents :

1, (homme)

Le caractère symbolise un homme débout.




L'homme, la plus précieuse des natures du ciel et de la terre. - Shuowen Jiezi [1]

人,天地之性最贵者也。- 说文解字


L'homme est la vertu du ciel et de la terre, la rencontre du yin et du yang, la rencontre des fantômes et des dieux, et la beauté des cinq éléments. - Classique des rites [2]

人者,天地之德,阴阳之交,鬼神之会,五行之秀气也。- 《礼·礼运》

2, (entrer, pénétrer)


Le caractère symbolise le passage du haut vers le bas. - Shuowen Jiezi [1]

内也。象从上俱下也。- 说文解字




[1] Shuowen Jiezi (说文解字) : https://fr.wikipedia.org/wiki/Shuowen_Jiezi

[2] Classique des rites (·礼运): https://fr.wikipedia.org/wiki/Classique_des_rites

mercredi 17 août 2022

Un spectacle de danse pour remercier les soignants de l'hôpital de Montdidier - France Bleu (16/8/2022)

«  Merci, l'hommage itinérant adressé au corps soignant » de la compagnie Les Echevelées, à laquelle j'ai participé, est terminé hier à Montdidier !


Au cours de ces sept représentations, avec différents publics, personnel médical, patients ; dans différents lieux, châteaux, pelouses, ciels bleus, nuages blancs, nous avons dansé à travers l'histoire, le présent et l'avenir, témoignant et exprimant le traumatisme personnel et social de la première vague de la pandémie. Pour moi, ce fut une belle et inoubliable aventure ! 


Hier (2022/8/16), c'était la dernière représentation à l'hôpital de Montdidier, à 40 km d'Amiens, et notre représentation a été diffusée par Radio France Bleu et Radio Picard.

Voici l’article de la Radio France Bleu (https://www.francebleu.fr/infos/societe/un-spectacle-de-danse-pour-les-soignants-de-l-hopital-de-mondidier-1660720302) :

Titre : Un spectacle de danse pour remercier les soignants de l'hôpital de Montdidier

Les Echevelées, une compagnie de danse contemporaine amiénoise, proposait ce mardi son spectacle "merci" dans la cour de l'hôpital de Montdidier. Une performance qui fait la part belle aux témoignages des soignants et à leur engagement pendant la crise du Covid.

Dans la cour de l'hôpital de Montdidier, les 9 danseuses enchaînent les mouvements plus ou moins lents, le tout sur fond de musiques plus ou moins rythmées... mais aussi de témoignages de soignants, qui racontent la période de la crise sanitaire, depuis son commencement au début de l'année 2020. C'est le cadre du spectacle "Merci", conçu par la compagnie de danse contemporaine amiénoise "Les Echevelées", et proposé ce mardi aux soignants de l'hôpital de Montdidier.


Ils étaient une quarantaine, quelques résidents de l'EHPAD attenant compris, à assister à la représentation. Et pendant que les danseuses s'exécutent, Cassandra, du service pédiatrie de l'hôpital, est venue jeter un coup d'oeil : "On était au courant, faut juste arriver à se libérer." Les témoignages diffusés dans les enceintes lui parle : "C'est ce qui s'est passé, c'est ce que l'ensemble du personnel soignant a ressenti à ce moment là. C'est bien, on pense un peu à nous." A sa droite, Kelly, cadre de santé au service des urgences, apprécie le côté "apaisant" du spectacle. "Ca nous fait du bien, en plus on est dans un service plutôt actif. C'est une petite pause calme et de détente. Ca fait du bien de se sentir encore soutenu par nos concitoyens. »


Cette performance artistique, Chloé Lejeune, la chorégraphe des Echevelées, la propose à tous les établissements hospitaliers qui le souhaite. Elle était déjà venue au mois de juin au CHU d'Amiens. Pour elle, ancienne psychomotricienne, c'est l'occasion de rendre hommage aux soignants, mais aussi de porter un message politique : "A mon niveau de chorégraphe, je ne peux rien faire de plus que dédier une pièce à ce sujet qui me tient à cœur. Ca me déchire de voir que les soignants n'ont pas de bonnes conditions de travail, qu'on les laisse agoniser. C'est ma façon de m'engager." 


Pour la direction de l'hôpital, qui s'est rapproché des Echevelées après leur représentation au CHU d'Amiens, c'était l'occasion de remercier le personnel, mais aussi de l'offrir un moment de détente : "Ce sont des choses qui peuvent paraître anecdotique mais qui touchent. En plus c'est très beau, totalement hors des sentiers battus. C'était important de remercier les équipes", explique Thibaut Gargam, le directeur adjoint de l'hôpital de Montdidier. La compagnie les Echevelées recherche maintenant d'autres établissements de santé qui souhaite accueillir une nouvelle représentation de leur spectacle.





jeudi 7 juillet 2022

Avantages et inconvénients du late-comer dans le développement économique - Xiaokai Yang

Xiaokai Yang (né sous le nom de Yang Xiguang ; chinois simplifié : 杨小凯 ; 6 octobre 1948 - 7 juillet 2004) était un économiste sino-australien. Il était l' un des théoriciens de premier plan dans le monde analyse économique, et un militant influent pour la démocratie en Chine;

L’article intitulé « Avantages et inconvénients du late-comer dans le développement économique » est un de ses articles représentatifs pour expliquer ses points de vue économique. Je le traduit en français.


*****


Titre : Avantages et inconvénients du late-comer dans le développement économique - Xiaokai Yang


Les économistes chinois d'aujourd'hui parlent souvent de l'avantage du late-comer dans le développement économique. Mais ils accordent peu d'attention aux désavantages du late-comer dont s'inquiètent les économistes occidentaux. Le désavantage du late-mover dans le développement économique est également appelé la "malédiction du late-mover". Il s'agit du phénomène suivant : les late-comer s dans le développement économique ont souvent plus de possibilités d'imiter la technologie des pays développés et utilisent l'imitation technologique au lieu de l'imitation institutionnelle. Comme la réforme institutionnelle est plus douloureuse que l'imitation technologique et plus pénible pour les intérêts particuliers, le fait de disposer d'une plus grande marge de manœuvre pour imiter la technologie a retardé la réforme institutionnelle. Cette stratégie consistant à utiliser l'imitation technologique au lieu de l'imitation institutionnelle n'est pas mauvaise à court terme, mais le coût à long terme est extrêmement élevé. 


Nous utilisons quelques exemples pour illustrer ce désavantage du late-comer. Le premier pays à avoir réussi dans le monde, le Royaume-Uni, est devenu prospère et fort grâce à l'ordre constitutionnel et au système juridique qui protège la propriété privée. En revanche, l'économie française a pris du retard en raison du système autoritaire et de l'atteinte arbitraire à la propriété par le gouvernement avant le 19e siècle. Nous pouvons en déduire qu'avant le 20e siècle, il était impossible de réussir l'industrialisation avec des entreprises d'État, des systèmes autocratiques et une planification centrale. Cependant, dans les années 1930, l'Union soviétique a utilisé le système autocratique, les entreprises d'État et la planification centrale pour réaliser l'industrialisation en imitant le modèle et la technologie d'industrialisation réussie du capitalisme. Ce succès à court terme a fait que l'infrastructure du système constitutionnel et juridique de la Russie n'est pas fermement établie. Le peuple russe a payé un prix très élevé pour cela. Non seulement le développement économique à long terme a été endommagé, mais de nombreuses personnes ont été persécutées à mort. C'est un exemple de désavantage pour les retardataires.


Le mouvement d'occidentalisation de la dynastie Qing est un autre exemple. Le gouvernement japonais a imité le système capitaliste avec l'attitude d'un bon élève. Le gouvernement japonais n'a pratiquement pas créé d'entreprises d'État, à l'exception de quelques "usines modèles" que le peuple ne connaissait pas du tout au début. Après avoir rapidement vendu son "usine modèle", il a fondamentalement cessé de créer des entreprises d'État. Le système politique a également appris de l'Occident, s'est engagé dans la liberté de parti et la politique parlementaire, mais a refusé d'abandonner le pouvoir réel de l'empereur. Cependant, après le mouvement d'occidentalisation, la Chine a voulu réaliser l'industrialisation par le biais d'entreprises d'État (gérées par le gouvernement), de coentreprises (coentreprises entre le gouvernement et les entreprises) et de sous-traitance (entreprises gérées par le gouvernement et supervisées par les entreprises) sans changer son système politique. C'était certainement mieux que l'économie chinoise avant le mouvement d'occidentalisation. Cependant, cela a institutionnalisé l'opportunisme national. Le gouvernement est en concurrence avec le peuple pour le profit. Il est non seulement le créateur des règles du jeu, mais aussi les arbitres et les joueurs, de sorte que l'économie privée ne peut pas se développer. Le plus intéressant est que dans le mouvement d'occidentalisation, parce que le gouvernement insistait sur la position dominante des entreprises d'État et monopolisait les ressources, de nombreuses entreprises privées n'étaient pas aussi compétitives que les entreprises d'État.


Aujourd'hui, nous savons tous que ce système consistant à insister sur les entreprises gérées par le gouvernement est plus que réussi. Cependant, dans les années 1980 et 1990, la Chine a utilisé des entreprises d'État (gérées par le gouvernement), des coentreprises (coentreprises entre le gouvernement et les entreprises) et des systèmes de sous-traitance (entreprises gérées par le gouvernement) pour imiter l'exportation de produits à forte intensité de main-d'œuvre de Hong Kong et de Taïwan afin de guider les nouveaux modèles d'industrialisation et les grandes quantités. De nombreuses entreprises de canton et de village sont équivalentes à l'entreprise conjointe gouvernement-entreprise et à l'entreprise supervisée par le gouvernement dans le mouvement d'occidentalisation. Ce système extrêmement arriéré a été décrit par de nombreuses personnes comme une "innovation institutionnelle" aujourd'hui. D'après les leçons de la Russie, nous pouvons voir que ce succès à court terme peut être une autre "malédiction pour les late-comers". Il peut remplacer les réformes institutionnelles par une imitation technologique, ce qui entraîne des coûts élevés à long terme.


Dans les années 1980, le développement de l'industrie chinoise de l'électroménager était essentiellement dominé par les entreprises d'État. Ce processus de développement était un processus typique de remplacement de la réforme du système par l'imitation technologique. L'importation d'ensembles complets d'équipements est une imitation technique, et si la privatisation n'est pas réalisée, c'est pour remplacer la réforme du système par une imitation technique. Le gouvernement monopolise les banques, les assurances, la construction automobile et les télécommunications, et remplace les réformes institutionnelles par des méthodes de gestion qui imitent les nouvelles technologies et le capitalisme. C'est également le désavantage de la Chine en tant que late-comer. L'inconvénient le plus important de ce désavantage du late-comer n'est pas la faible efficacité des entreprises d'État, mais l'institutionnalisation de l'opportunisme national, où le gouvernement agit à la fois comme un arbitre et un acteur. Dans ce système, plus l'efficacité des entreprises d'État est élevée, plus elles sont désavantagées pour le développement économique à long terme.


Le commerce électronique, les actions et les marchés à terme sont d'autres exemples des désavantages des retardataires chinois. Vous avez vu que sous le monopole des entreprises d'État, le marché à terme ne peut pas réussir. Mais je crois que la Chine du commerce électronique a un avantage de retardataire. Je crois que la Chine a également un désavantage de retardataire dans le commerce électronique. Il suffit de voir que la plupart des sociétés Internet sont des entreprises d'État ou des entreprises mixtes gouvernement-entreprises pour comprendre cela. Dans les années 1950, la Chine pensait également avoir un avantage de retardataire dans l'industrie électronique. Par conséquent, la rhétorique consistant à dépasser la Grande-Bretagne et à rattraper les États-Unis est devenue une blague historique. Le Japon, qui était similaire à la Chine dans l'industrie électronique à l'époque, est au contraire devenu une puissance industrielle en apprenant honnêtement le système capitaliste. Après la Seconde Guerre mondiale, les autorités militaires d'occupation américaines ont rédigé une constitution (adoptée par référendum) pour le Japon (plutôt que le style soviétique, qui institutionnalise le pouvoir illimité du gouvernement), et le Congrès a adopté une loi sur la concurrence loyale pour dissoudre les monopoles privés. Les chaebol (sous la pression des États-Unis) ont créé une situation de conflits entre États en guerre dans l'économie. Le principe sacré et inviolable de la propriété privée dans la Constitution et le système des brevets sont devenus la force motrice du succès du Japon. Aujourd'hui, il est absolument impossible pour la Chine d'obtenir l'avantage du retard en matière de commerce électronique à condition que le gouvernement monopolise les secteurs de la banque et du crédit. En Chine, parce que le gouvernement monopolise le secteur bancaire, les cartes de crédit et les chèques personnels ne peuvent pas être popularisés, et ces deux méthodes sont les principales méthodes de paiement du commerce électronique. Comment le commerce électronique peut-il se développer sans eux ? Le marché boursier est un autre exemple de désavantage pour les retardataires. Le matériel du marché boursier chinois a atteint les normes internationales, mais la cotation des sociétés privées est strictement limitée, et les sociétés privées n'obtiennent pas de licence pour émettre des sociétés de papier. Par conséquent, le marché boursier est devenu un outil permettant de sucer le sang des actionnaires pour subventionner les entreprises d'État inefficaces. Selon les mots des gens du peuple, "après avoir mangé les finances, on mange les banques, après avoir mangé les banques, on mange les actionnaires". Ce phénomène a été décrit par certains comme une "innovation de système". La comparaison entre le Japon et la Chine montre que pour obtenir un avantage de retardataire, il faut d'abord être un bon élève qui apprend le système performant. Avant de réussir l'examen, un mauvais élève n'est pas qualifié pour parler d’« innovation de système ».


Lorsque j'ai visité Pudong, j'ai ressenti profondément le désavantage de la Chine en tant que retardataire. Dans la zone franche d'exportation de Pudong, 85 % des entreprises sont des "coentreprises gouvernement-entreprises" (les entreprises d'État chinoises représentent plus de 50 % des parts), c'est-à-dire que le gouvernement utilise son monopole sur les terres et d'autres ressources pour coopérer avec des entreprises étrangères qui sont en concurrence directe avec les entreprises privées chinoises pour les bénéfices. Dans une économie libre, la plupart des gouvernements ne font que louer des terrains et fournir des services dans les zones franches d'exportation, et ne gèrent généralement pas d'entreprises. Dans une économie libre, les entreprises privées s'engagent rarement volontairement dans des coentreprises avec le gouvernement. Dans la zone franche d'exportation, le gouvernement de Pudong a recours à la "coopération gouvernement-entreprise", imitant la technologie et les méthodes de gestion capitalistes pour retarder les réformes institutionnelles. En apparence, c'est assez efficace, mais cela laisse en réalité des dangers cachés dans le système. Je me suis rendu en Corée du Sud pour une réunion en juin et j'ai appris qu'une raison importante de la crise financière sud-coréenne est le contrôle exercé par le gouvernement sur les banques privées et le privilège de nommer le président. Les réformes qui ont suivi la crise financière se sont également concentrées sur ce système rétrograde, c'est-à-dire qu'elles ont aboli le privilège des participations du gouvernement et de la nomination du président des grandes entreprises privées. Cependant, de nombreux Chinois m'ont dit qu'ils appréciaient le système des grandes entreprises de la Corée du Sud et que les entreprises d'État chinoises devaient également créer des groupes d'entreprises. Mais ce que j'ai appris en Corée du Sud, c'est que la grande majorité des grandes entreprises sud-coréennes sont des entreprises privées, et même la plupart des banques sont des banques privées semblables à la banque chinoise Minsheng. Avant la réforme, ces banques étaient également nommées par le gouvernement en tant que président du conseil d'administration comme la Minsheng Bank. Ce privilège gouvernemental est l'une des causes de la crise financière.


J'ai même été surpris lorsque j'ai entendu parler de la création par le gouvernement d'une société de capital-risque de haute technologie à Pudong. Même la chose la plus inadaptée pour le gouvernement, comme le capital-risque, doit être faite par le gouvernement, et pour mettre en œuvre la politique industrielle du gouvernement (le succès du Royaume-Uni La caractéristique du développement économique est qu'il n'y a pas de politique industrielle), ce qui montre la gravité des désavantages de la Chine en tant que retardataire. Aujourd'hui, tout le monde parle de la manière dont l'industrie nationale sera touchée après son entrée dans l'OMC. Comme l'a dit Zhang Weiying, si les entreprises d'État sont touchées, cela peut être une bonne nouvelle pour l'économie chinoise. Beaucoup de gens pensent que l'industrie automobile chinoise n'est pas compétitive, mais ils n'ont pas compris que c'est l'industrie automobile publique chinoise, et non l'industrie automobile privée, qui n'est pas compétitive. Je pense que si les réglementations limitant les banques privées et l'industrie automobile sont abolies, la Chine aura le plus grand constructeur automobile privé du monde d'ici 10 ans. En regardant l'expérience de l'entreprise privée "Broad", beaucoup de gens seront d'accord avec moi. Les slogans "rajeunir le pays par la science et l'éducation" et "rajeunir le pays par l'éducation" sont partout en Chine. Ce sont toutes des manifestations des désavantages du late-comer. Si vous voulez vraiment utiliser les avantages du late-comer, vous devez le promouvoir. 



Référence :

[1] https://stringfixer.com/fr/Xiaokai_Yang

[2] 杨小凯,经济发展中的后发优势和劣势, http://www.aisixiang.com/data/3512.html

[3] Yang Xiaokai, Advantages and disadvantages of latecomers in economic development,  https://blog.fearcat.in/a?ID=00050-0179fa04-4924-46ea-87ec-61f689a90ef8