mercredi 4 novembre 2015

緣 et « Livre des Transformations »

Dans l’article (http://coeur-et-esprit.blogspot.fr/2015_06_01_archive.html), nous avons interprété le caractère chinois 緣 comme signifiant l’origine, la chance et aussi le destin.

Ensuite, Didier Ferment a comparé la notion de  « destin » en français et la notion de « voie 道 » en chinois :
- Le « destin » en français est prédéfini par une entité supérieure à l'homme (dieu) : c'est une notion statique.
- La « voie 道 » en chinois est le chemin pour aller vers un but  : c'est une notion dynamique.

Ici, nous voulons revenir à l’étymologie de 緣 pour prolonger la reflexion de Didier :
緣 = 糸 + 彖
糸 = fils de soie
彖 = signe
緣 représente l'ensemble des signes liés par des fils de soie, donc l'ensemble des facteurs liés à l'interaction avec l'environnement à travers le temps et l'espace.

En fait cette interprétation est en rapport avec  le « livre des transformation » (Yi Jing,Yi King, 易经). Le Yi Jing est un des plus importants livres de la civilisation chinoise, et il tient une place presque aussi importante que celle de la Bible dans la tradition judéo-chrétienne. Le Yi Jing offre à l’homme une clé intemporellement neuve pour pénétrer l’énigme de son destin.

Le Yi Jing est constitué de 64 hexagrammes avec leurs textes pour retranscrire les états du monde et son évolution. Le caractère 彖 justement désigne le texte du jugement qui résume le sens d’un hexagramme.

Nous prenons comme exemple le premier hexagramme 乾 (http://wengu.tartarie.com/wg/wengu.php?l=Yijing&lang=fr&no=1) pour voir ce que signifie 彖 :

- Hexagramme  K’ien / Le Créateur : 乾
En haut K'ien : Le Créateur, le Ciel.
En bas K'ien : Le Créateur, le Ciel.
- Le Jugement : 貞利享元乾
LE CRÉATEUR opère une sublime réussite,
favorisant par la persévérance.

Ici, 彖 désigne le texte du jugement : 貞利享元乾.

Par conséquent, le caractère “緣”au sens propre symbolise l’interpétation des hexagrammes liés avec des fils de soie, donc le destin en chinois serait le résultat de la combinaison de tous les phénomènes qui à travers le temps et l’espace entrent dans le processus de transformation et qui sont délicatement associées, …

En ce sens, nous pouvons comprendre pourquoi 緣 est un concept si important pour les chinois, …

mercredi 7 octobre 2015

Ge Hong (葛洪 283 – 343) , un alchimiste, un médecin, un maître taoïste

La Chinoise Youyou TU vient d’être récompensée par le prix Nobel de médecine 2015 pour ses travaux sur le paludisme. Les découvertes de Youyou TU portant sur une nouvelle thérapie contre le paludisme s’inscrivent à la fois dans les progrès accomplis par la médecine moderne d’inspiration occidentale, et dans un appel aux traditions médicales ancestrales de la Chine [1].

C’est ainsi que dans un article paru en 2011 dans la revue américaine « Nature Medicine » [2], Youyou TU avait mentionné l’importance revêtue au cours de sa recherche par une phrase qu’elle avait relevée dans un livre de médecine chinoise traditionnelle, « le Manuel de prescriptions pour les situations d'urgence » (《肘后备急方》), écrit par Ge Hong  (葛洪 283 – 343) , un alchimiste, un médecin, un maître taoïste des temps anciens. Cette phrase disait, « prenez une poignée de Qinghao immergée dans 2 litres d’eau tiède, essorez le jus et buvez. »

Cette phrase avait fait réfléchir Youyou TU sur l’erreur possible commise jusqu’à alors dans le processus d’extraction du jus de Qinghao. Youyou TU a pensé que l'extraction conventionnelle par chauffage du jus de cette plante plongée dans l’eau bouillante pourrait en détruire les composants actifs et qu’au contraire l’extraction à une température modérée était davantage capable de préserver en eux une activité antipaludique.

Il nous paraît intéressant de présenter brièvement Ge Hong qui d’une certaine façon a joué un rôle important dans les découvertes de Youyou TU.

Ge Hong (葛洪 283 – 343) est un lettré chinois connu dans la tradition comme un alchimiste, un médecin, et également un maître taoïste.

Ge Hong a été un auteur prolifique. Parmi les écrits qui restent de lui, on peut mentionner deux ouvrages essentiels :

1, Le manuel de prescriptions pour les situations d'urgence (《肘后备急方》)

Ge Hong avait lu, étudié et analysé beaucoup de livres de médecine, et il s’en est inspiré dans sa pratique de médecin tout en se livrant à des expériences médicales nouvelles. Il a consigné ces expériences dans un livre volumineux et difficile à transporter, Yu Han Fang (《玉函方》). Il s’est particulièrement attaché à décrire des maladies courantes à caractère urgent et à en proposer des remèdes. Il en a fait ensuite la matière d’un livre en trois tomes,  intitulé « Manuel de prescriptions pour les situations d'urgence » .

2, Le Baopuzi (《抱朴子》

Le Baopuzi (= celui qui embrasse la simplicité), a eu une grande influence sur le développement de l’alchimie chinoise, de la pratique et de la pensée taoïste, et reste de nos jours un ouvrage de référence pour leur étude, malgré son abord ardu et l’aspect difficilement interprétable d’une partie de son contenu. Il offre également un intérêt philosophique et documentaire sur la société de l’époque. [3]

Références :
[1] Nobel : Youyou Tu, la chercheuse qui a mélangé les médecines ancestrale et moderne
http://www.liberation.fr/sciences/2015/10/05/paludisme-youyou-tu-la-chercheuse-qui-a-melange-les-medecines-ancestrale-et-moderne_1397494
[2] The discovery of artemisinin (qinghaosu) and gifts from Chinese medicine
http://www.nature.com/nm/journal/v17/n10/full/nm.2471.html
[3] https://fr.wikipedia.org/wiki/Ge_Hong


mardi 9 juin 2015

Le caractère chinois 緣 ( pinyin : Yuán)

Yu LI :

L'étymologie de 緣 :
緣 = 糸 + 彖
糸 = fils de soie
彖 = signe

On peut interpréter 緣 :
- au sens propre : un fils de soie associant des signes
- au sens figuré : l'ensemble des facteurs associés aux événements à travers le temps et l'espace.

Donc, 緣 signifie l’origine, l'occasion, et aussi le destin, mais dans la pensée chinoise 緣 prend un sens dynamique, puisque 緣 s'inscrit dans le temps et l'espace.

緣 est un concept très important pour les chinois. Pour connaître 緣, il faut écoute notre coeur.

Didier Ferment :

Alors, j’essai de comparer le « destin » en français et la « voie 道 » en chinois :

- Le « destin » en français est prédéfini par une entité supérieure à l'homme (dieu) : c'est statique.
- La « voie 道 » en chinois est le chemin pour aller à un but  : c'est dynamique.


lundi 4 mai 2015

Visite au Cimetière Chinois de Nolette

Cela faisait longtemps que j’avais entendu parler du Cimetière Chinois de Nolette à Noyelles-sur-Mer. Mais je n’avais jamais eu l’occasion d’y aller. Récemment, j’ai fait connaissance d’un collègue archéologue. Nous avons parlé de ce cimetière, et je me suis dit que c’était le moment de m’y rendre enfin pour leur rendre hommage. 

Un jour, mon fils Nicolas et moi nous sommes donc rendus dans ce cimetière situé dans un cadre verdoyant qui respire le calme et la sérénité. A l’entrée, une porte en marbre blanc sculpté, à l’intérieur des pins verts et des rangées de plaques en pierre blanche posées sur l’herbe. C’est là que sont inhumés, loin de leur pays, 884 travailleurs chinois morts peu après la premiere guerre mondiale. 

Pendant la première guerre mondiale, le gouvernement chinois a envoyé 140000 travailleurs chinois dans le nord de la France pour aider les alliés britanniques. Il y avait un peu près de 10000 ouvriers chinois qui étaient morts du dur labour, la faim, la guerre, et la maladie. En 1921, le Royaume-Uni, aidé par la France et la Chine, a décidé de construire un cimetière mémorial pour ces travailleurs, d’où vient ce cimetière Nolette aujourd’hui.

Cent ans sont passés, les médias parlent peu d’eux, mais mes amis français m’ont demandé de temps en temps : Où venaient ces ouvriers? Comment vivaient-ils à l’époque? Que pensent leurs compatriots d’aujourd’hui d’eux ? et ils se souviennent encore d’eux?

En lisant des documents, j’ai été touchée : après la guerre, la plupart de ces ouvriers ont été renvoyé en Chine, mais il reste une petite partie qui est installée et devenus la première génération d’immigré en France. On ne peut pas imaginé que ce sont ces travailleurs d’origine paysans illettrés qui ont fait bien des contributions à la modernisation de la Chine, …

L’histoire se souvient toujours des grands figures, mais il y a aussi beaucoup de petites figures comme eux qui écrivent l’histoire avec leurs vraies histoires, …

Deux livres de référence:

- Les travailleurs chinois en France dans la Première Guerre mondiale, 

- Strangers on the western front, Chinese workers in the great war. Guo Qi Xu (http://www.bundpic.com/2014/10/56343.shtml)


(Yu LI)

La culture chinoise : culture, civilisation et politique - - Lettre de JianMing ZHOU pour répondre à l’article de Didier Ferment

Si nous voulons bien comprendre ce qu’on entend par « culture chinoise », il faut savoir que « culture » et « civilisation » sont deux concepts qui se situent à des niveaux différents (si on se réfère à la théorie des catégories).

Selon moi, la culture est par essence le produit d’une intégration qui résulterait du conflit entre des civilisations différentes et de l’absorption réciproque des éléments qui les composent. L’intégration culturelle s’inscrit dans un processus dynamique de transformation sur une période qui déborde le cadre de l’histoire et transcende donc la civilisation qui est par essence mortelle.

S’il s’agit de parler d’un système et des activités politiques dans un pays donné, on se situe au niveau de ce qu’on appelle la civilisation. Le système féodal chinois est sous la dépendance des infrastructures sociales et économiques de la Chine dans les temps anciens, et il est très différent de celui de l’Europe. J’explique brièvement les différences entre ces deux féodalités:

1. La "féodalité" est un système social et politique qui se fonde sur la propriété de la terre.

2. En Europe au moyen âge, les suzerains et les vassaux possédaient les uns et les autres leur propres terres, et constituaient ensemble une communauté politique. Les suzerains étaient les représentants légaux de cette aristocratie qui détenait le pouvoir politique. Après l’intermède monarchique du 16ième au 18ième siècle, s’est peu à peu imposé un système démocratique. Ce système en vigueur actuellement dans la plupart des états occidentaux serait en quelque sorte un héritage du système féodal ancien dans la mesure où le pouvoir n’émane plus d’un seul homme (système monarchique), mais d’un groupe d’hommes que ce soit les meilleurs (système aristocratique) ou le peuple (système démocratique).

3. La féodalité chinoise est établie sur la propriété de tout ce qui vit sur le territoire. Le "天下 (tout ce et tous ceux qui sont au dessous du ciel)" est un concept traditionnel, qui englobe à la fois le pays et le peuple qui l’occupe. Des aristocraties humanistes fondatrices de la pensée chinoise dans les temps anciens aux régimes monarchiques aux tendances dictatoriales des époques qui ont suivi, le concept de féodalité chinoise a subi des changements complexes. Jusqu'à présent, cette notion n'a pas été interprétée de façon complète et correcte. Les transformations sociales et politiques, qu’a subies la Chine depuis une centaine d’années, afflige les chinois d’aujourd’hui.

En fait, la "féodalité chinoise" désigne principalement les régimes politiques traditionnels des anciennes dynasties, où le pouvoir absolu du monarque est le fruit de la violence et de la guerre. Le système féodal ou bureaucratique consiste dans la délégation par le monarque de ce pouvoir à ceux qui le servent, mais ces derniers restent dépendants du monarque et peuvent à tout moment être privés d’un pouvoir qu’ils ne possèdent pas dans le mesure où il leur a été simplement délégué.

On peut donc voir que les fondements sur lesquels a toujours reposé et repose encore les systèmes politiques de la Chine sont très différents de ceux de l'Occident. En sachant cela, il est plus facile de comprendre les raisons pour lesquelles il existe toujours des contradictions qui peuvent paraitre absurdes entre la culture chinoise et sa traduction politique.

La culture chinoise a réalisé l'intégration culturelle du système féodal dans la société chinoise, et l’histoire souvent brillante de la chine est le produit de cette société féodale.

La culture confucéenne a joué un rôle essentiel dans l'orientation culturelle de la féodalité chinoise, mais le confucianiste n'a jamais considéré le pouvoir comme un objectif. S’il a été souvent le « maître du roi », c’est-à-dire,  son conseiller, son guide et le précepteur de ses enfants, il considérait ce statut comme un honneur et ne cherchait en aucune façon à en tirer un profit.

Le confucianiste lui-même se considère comme un transmetteur. Il aime s’entourer de disciples, mais n’a sur un plan personnel aucune ambition politique. Il n’aspire à aucun autre pouvoir qu’intellectuel.

L’Idéal confucianiste est antérieur à l’existence de Confucius lui-même.  Avant Confucius il y avait des sages qui aspiraient à mener une vie paisible avec peu de moyens matériels, sans désir de possession, en quelque sorte une vie d’ermite, mais souvent entourée de quelques disciples. Confucius a hérité de cette tradition et en a rassemblé les éléments en les interprétant. Pour lui, l’homme est nécessaire à l’homme, c’est-à-dire, que le premier besoin de l’être humain est d’entrer en relation avec d’autres humains. Le Taoisme, autre école de pensée qui avait précédé le confucianisme, n’en est pas très éloigné à cette différence prés que, pour le taoïste, ce qui est essentiel c’est l’harmonie entre l’homme et la nature, alors que, pour le confucianiste, c’est l’harmonie entre les êtres humains.

L’entrée de la Chine dans le concert des grandes nations mondiales, non pas tant au niveau économique (ce qui est déjà fait) qu’au niveau culturel (ce qui reste à faire) n’est pas seulement l’affaire de la Chine, mais celle des autres nations en particulier du monde occidental.

La compréhension réciproque des fondements de la civilisation occidentale et de la civilisation chinoise traditionnelle, les interactions qui peuvent s’opérer entre ces deux types de civilisation et l’unité au sens large qui peut les rassembler, telles sont les données dont il faut prendre conscience de deux côtés si l’on veut comprendre les affaires et l’avenir du monde.

(Traduit par Jean-François BARBIER et Yu LI)

周剑铭:“中国文化:文化、文明与政治”

如果要比较全面地理解中国文化,就要知道“文化”与“文明”是不同层次的概念(这属于范畴论的内容),我对于文化的定义是:文化本质是文化的整合,比如,不同文明的冲突与吸收就是文化的整合过程,文化的整合比文明更具有长期的历史阶段和超越性。

政治制度和政治活动属于文明层次,中国封建制度主要受古代的社会经济基础制约,中国封建制度具有完全不同于西欧封建的性质。在这里简要地解释中国与西欧“封建”的不同:

1. “封建”是以土地的所有权为基础的社会政治制度。
2.   西欧君主与贵族各自领有自己的领地,共同组成政治共同体,君主是贵族政治的“法人代表”。西方现代政治民主制度与西欧封建制度具有一定的承继性。
3.   “中国封建”建立在对所有土地的所有权的基础上,“天下”这个最传统性的观念包括了所有的土地和人民,从早期的文化国家到中、晚期的封建政治的专制统治,“中国封建”这个概念经历了复杂的内涵转变,迄今未得到全面、正确的阐释;中国近现代以来的社会和政治制度转型问题迄今仍在困扰中国人。“中国封建”现在主要指传统的王朝政治制,在这种政治制度中,帝王的绝对所有权由暴力、战争取得,“分封制”或“帝制官僚体制”只是指部份权力的委托管理。

由此可以看出,中国的政治“要素”与西方的情况完全不同。知道了这一点,就不难理解中国文化与中国政治总是让人感到相背谬的原因了。

中国文化实现了对中国封建制度与中国社会的文化整合,使中国封建社会创造了中国历史的辉煌;儒家文化在中国封建政治中具有文化指导性的地位,儒家从来没有以取得国家权力为自己的目标,“帝王之师”只是荣耀而不是功利;儒家自身本质是非政治的,孔子以前的儒家“先圣”中就以“隐士”为品质,这与中国文化中的具有哲学性质的道家一样。

中国的现代化不仅仅是中国自己意义上的,西方文明与中国传统文明的文化整合具有更全面的意义,理解这一点是对所有对人类文化和世界事务感兴趣的人的要求。

jeudi 9 avril 2015

La démocratie, une valeur chinoise ?

Cette question m’interpelle depuis longtemps : comment se fait-il que la sagesse chinoise n'est pas amenée sa société à adopter plus tôt le système politique démocratique ?

Parmi les éléments fondamentaux de cette civilisation, je retiens particulièrement pour mon propos :
- le Yin-Yang qui valorise également des oppositions complémentaires, une dualité interdépendante : chaque facette de cette dualité porte en germe l'autre et conduit à une transformation permanente ;
- ce processus de mutation sans fin qui caractérise la vie, perpétuel mouvement entre entropie et organisation ;
- la voie, qui n'est pas tracée à l'avance, constitue le chemin que nous choisissons parmi plusieurs possibles et que nous parcourons en mouvement, en essayant de trouver notre équilibre ;
- la diversité des points de vues témoignent de l'immensité du monde au cœur duquel se trouvent les hommes qui n'en perçoivent qu'une infime réalité, mais qui, par l'échange, arrivent à constituer une meilleure connaissance.

La démocratie, parmi les différents régimes politiques, se distingue d'une part par la diversité des pensées, des intérêts au sein de la société et d'autre part, par une pratique de consensus qui permet son fonctionnement.
Ainsi, les opinions contraires, les conflits sont possibles, voire souhaitable pour permettre à la société de se transformer. La confrontation d'idées opposées, de points de vues divergents fait évoluer les mentalités.
Le dispositif consensuel prends des formes diverses : élection directe ou non, lutte syndicale et négociations, débats et manifestations, partis et ONGs, majorité contre minorité, alternance. Ses règles mêmes sont régulièrement remises en cause dans un mouvement inventif perpétuel.
L'indétermination, l'inachèvement de ce régime est nécessaire à sa vie même.


Le parallèle entre les 4 éléments de la sagesse chinoise et les soubassements de la démocratie me semble saisissant et me rend plus incompréhensible encore la voie politique actuelle de la société chinoise.

笛杰。菲荷芒(Didier Ferment):“民主:中国的价值?”

很久以来,我就在思考这个问题:为什么中国思想的智慧没能更早的把中国社会引向一个民主的政治制度?

关于这个文明的基本要素,我特别记住几点:
- 阴阳也促进对立面的互补 ,相互依存的二元关系:此关系中的一方总是蕴含着另一方的种子,导致永恒的变易;
- 这个标志着生命的变化过程无止尽,在熵和组织之间永恒变动;
- “道”并非事先制定,而是在我们的选择中、行走中、试图寻找平衡中,形成的;
- 不同的观点见证着浩瀚的世界,在其中心是人类,他只能感知微小的现实,但是通过交流,能够达到一个较好的理解。

在不同政治制度中,民主一方面以在社会中思想和利益多元化见称;另一方面,以协商共识的形式保证其运行。

因此,相反的意见和冲突是可能的,甚至是希望的,由此社会才能变化。对立观点、不同意见的交锋让人思进步。

协商共识有各种形式:直接选举与否,工会斗争和谈判,辩论和游行,政党和非政府组织,多数反对少数等,交替进行。其规则在永久的创造性运动中不断被审视。

这样体制的不确定性和不完备性是生命所必须的。

在我看来,中国智慧的四大要素和民主基础之间的并行是可行的,这更让我不解当代中国社会的政治道路了。

mardi 7 avril 2015

Fête de Qing Ming et Fête de Pâques - la vie et la mort sont étroitement liées dans un cycle permanent de réciproque transformation

Cette année, la fête chinoise de Qing Ming (清明节 / 清明節, Qīngmíng jié) et la fête de Pâques sont tombées le même jour, le 5 avril!

Le Qing Ming est la fête des Morts chinoise, une journée consacrée à l’entretien des tombes. En cela, on peut la comparer à la fête des morts chrétienne, le lendemain de la Toussaint.  A travers la communion avec les ancêtres disparus à qui les chinois rendent un culte, c’est aussi la vie qu’ils célèbrent. Tel est également le sens de la fête de Pâques qui commémore la résurrection du christ.

La vie et la mort sont des sujets éternels. Ils ont été abordés par Confucius dans son Analects. Voici un court extrait du fameux dialogue qu’il entretient avec son disciple Chî Lû :

A la question de Chî Lû qui lui demande comment servir les esprits des morts, le Maître répond « Lorsque vous n'êtes pas en mesure de servir les hommes vivants, comment pouvez-vous servir leurs esprits une fois qu’ils sont morts? »

- Chi Lû continue, « puis-je oser poser une question sur la mort? » Le Maître répond alors « Si vous ne connaissez pas la vie, que pouvez-vous connaître de la mort? »

季路問“事鬼神”。
子曰:“未能事人,焉能事鬼?”
曰:“敢問死?”
曰:“未知生,焉知死?”

jeudi 2 avril 2015

Des Conflits des Dieux n'ont pas de solution au point de vue de l'homme (1) - Zhou JianMing

Des Conflits des Dieux n'ont pas de solution au point de vue de l'homme (1)
- Zhou JianMing

Le drame qui a frappé "Charlie Hebdo" à Paris le 7 Janvier 2015 a choqué le monde entier. Comme les attentats du 11 Septembre 2001 aux états-unis, il ne peut pas être interprété simplement comme un conflit entre les hommes. Les deux événements ne peuvent pas être exclusivement réduits à leurs dimensions politique, économique et morale. Ils se situent à un niveau différent. Lorsqu'il s'agit d'un conflit politique comme par exemple une opposition idéologique, ou d'un conflit économique comme la lutte pour une prépondérance commerciale, on peut parler d'un même niveau, car dans ces deux cas seuls les hommes sont impliqués. Pour les deux événements qui nous occupent, il y a une dimension religieuse qui intervient. Ici, l'extrémisme religieux qui a armé les bras des terroristes vise en réalité le système démocratique, celui qui est garant de la liberté d'expression en général et de la presse en particulier pour les événements du 7 Janvier 2015 en France et de l'économie de marché pour ceux de Septembre 2001 aux états-unis. On n'est plus vraiment dans un conflit traditionnel entre religion et politique à l'intérieur d'un même modèle culturel. Ici, ce sont deux modèles culturels qui se trouvent confrontés, l'un séparant nettement le politique et le religieux, alors que dans l'autre le politique et le religieux sont étroitement imbriqués. Quand des innocents sont tués, La France dit d'une même voix "nous sommes tous Charlie". Le monde entier devrait se sentir concerné, car c'est l'être humain dans sa totalité qui est en question. Les conflits religieux qui sont du ressort de la foi ne sauraient être résolus par la seule raison humaine.

La religion est enracinée au plus profond de la vie spirituelle de l'homme, tandis que la politique est généralement liée à l'intérêt économique. Les deux sont des structures élémentaires de la société. C’est à leur point de rencontre et à travers leurs interactions que se situe l’intégration à l’intérieur d’un modèle culturel. C’est dans les conceptions différentes que se font les sociétés des rapports entre le politique et le religieux que se trouvent les sources des conflits.  La civilisation est la façon dont un modèle culturel se perçoit concrètement. Le "conflit de civilisations" n’est autre que la résistance à la coexistence voire au mélange et à l’harmonisation de différentes cultures à l’intérieur d’une même culture qui serait universelle, en sachant bien que toute culture est le produit d’un processus de construction permanente et jamais close d’une identité en perpétuel devenir. Ce conflit dépasse les enjeux à caractère politique et économique, puisqu’il touche à l’homme dans sa totalité, y compris dans sa dimension religieuse. C’est en ce sens qu’il se situe comme la prolongation de la guerre des dieux.

Le judaïsme, le christianisme et l'islam ont la même origine. "Tous deux nés de la même racine, pourquoi se tourmenter l'un l'autre si cruellement!  " , dit un poème chinois. Tous ces conflits interreligeux entre Israëliens et Palestinens, Indiens et Pakistanais, ou entre les courants d’une même religion , que de victimes innocentes ils ont pu faire depuis tant d’années, sans compter les innombrables pertes matérielles. L’appellation « guerre des dieux » est une image qui recouvre la complexité du phénomène (s’agit-t-il d’un conflit à caractère strictement religieux, y a-t-il interaction entre le politique, l’économique et le religieux, ou les hommes utilisent-ils le prétexte religieux pour justifier leurs actes?) et traduit l’impuissance de la raison humaine à envisager tous les aspects du conflit compte tenu de ses nombreuses implications et de toutes les interprétations qui peuvent en être données.

Le christianisme, né du judaïsme et associé à la tradition grecque, devient la religion principale des sociétés européennes médiévales.  Avec l’émergence de la raison instrumentale au sortir du moyen age, ces sociétés  sortent de  l’enchantement religieux et en même temps de l’obscurantisme dans lequel cet enchantement les confinait. 

Les occidentaux, "égaux en naissance" , on quitte le jardin d’Eden,  se sont peu à peu éloignés de dieu, et ont fondé des sociétés laïques où le politique et le religieux sont séparés. Parallèlement le développement de l’économie moderne a permis à l’homme d’échapper la malédiction divine en le délivrant du souci élémentaire de la nourriture et de l’habillement.

Le judaïsme a survécu en se transmettant de génération en génération au prix parfois des souffrances indicibles. L’Islam a connu bien des vicissitudes au cours de ses 14 siècles d’histoire avec des périodes de rayonnement mais aussi des reculs. Comme le christianisme, ils sont à la fois créateurs, dépositaires, et continuateurs d’une certaine dimension culturelle qui imprègne tout esprit humain.  La croyance la plus importante et communément partagée par ces trois religions est que Dieu a créé l’homme. C’est la métaphore de l’autre rive, l’homme séparé de Dieu pouvant espérer rejoindre son royaume, une fois son existence terrestre achevée. Mais il est une autre conception de la culture humaine, celle de l’homme qui est l’artisan de sa propre existence, et fondateur d’une société laïque. « La vie de l’homme dans une société laïque désignerait l’espace qui recouvre l’ensemble des activités humaines, et des relations que les hommes entretiennent les uns avec les autres, dans un sens plus large ce qu’on peut appeler la culture. C’est dans cet espace que l’homme est appelé à devenir véritablement homme en se réalisant lui-même ». (Zhou JianMing: Philosophie chinoise - l'existence culturelle et la morphologie culturelle - de la vision philosophique à la vision culturelle)

Culture et civilisation sont des concepts qui se situent à des niveaux différents. Dieu est le créateur de l'homme, et de la culture originelle, mais l'homme laïque est le créateur de lui-même, et de la civilisation. Du point de vue des études théoriques concernant le phénomène de culture, la civilisation, produit de cette culture serait la modélisation concrète d’une idée préexistante s’incarnant dans un langage qui permettrait à l’homme de vivre en société, dans un processus de transformation et de progrès continus.

Mais malheureusement, les trois grandes religions monothéistes, toutes soeurs qu’elles soient, ont chacune leur propre interprétation de Dieu et de la foi. Le judaïsme n’a pas pu empêcher la naissance du christianisme, de la même façon que le christianisme n’a rien pu faire face à la naissance de l'islam. Cette division répond à un processus vital de transformation permanente qui s’inscrit précisément dans la conception chinoise du « Yi » . (Yi Jing: la transformation est appelée Yi). De nombreux événements qui peuvent être rationnellement expliqués et d’autres plus irrationnels constituent la trame de l’histoire. Ainsi, on peut considérer que l’apport de la culture grecque au christianisme, de la même façon que le conflit entre le christianisme et l'islam, participent d’un même processus vital de transformation. Les Croisades qui avaient permis aux européens de reprendre contact avec ce qui survivait de la culture grecque devenue étrangère à l’Europe, auraient ainsi contribué  à la Renaissance européenne. 

Les conflits religieux seraient le résultat d’une transformation vitale impulsée par un Dieu qui ne serait ni celui des juifs, ni celui des chrétiens, ni celui des musulmans, mais plutôt une concept (existence?)  universel qui dépasserait le cadre de toute religion constituée. En poursuivant la métaphore, ce conflit échappe à la volonté humaine dans le mesure où l’homme qui y est confronté est placé face à ses propres limites d’homme. Toute  solution proprement humaine serait forcement incomplète, puisqu’il s’agit des affaires de Dieu.  

Les principales formes de liberté dont jouit le monde occidental, en particulier la liberté de la presse, ont été permises d’une certaine façon grâce à la séparation entre le l’homme et Dieu. « Rendre à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu » . Dans la pensée occidentale, l’âme pure serait l’émanation de Dieu, et le corps est les plaisirs qu’il donne seraient le propre de l’homme. L’homme qui n’est plus sous le contrôle de Dieu devient dès lors l’artisan conscient de sa propre liberté. 

La liberté de la presse qu’on peut traduire métaphoriquement par « marché libéral des idées » est dans cette perspective garantie et soutenue par un système d’organisation politique sur lequel le regard de Dieu n’intervient plus. A la trilogie classique des pouvoirs, le législatif, l’exécutif et le judiciaire, qui caractérise les régimes démocratiques, s’ajoute aujourd’hui un quatrième pouvoir, celui des médias. Mais lorsque la presse est confrontée à une culture qui n’est pas de même nature et où la religion ne saurait être assimilée à une idéologie, elle ne semble pas vouloir tenir compte d’une réalité complexe qui dépasserait la simple perception humaine, celle où le divin a sa place.  De son côté, l’extrémisme religieux qui se venge de l’offense qu’il estime avoir été subie par son Dieu par le sang et le feu, dépasse la volonté supposée de Dieu, et devient par le fait même l’ennemi de l’humanité toute entière. C’est en ce sens que les terroristes ont été considérés, à travers l’expression unanimiste « nous sommes tous Charlie! » , comme des ennemis du genre humain.  

La guerre des dieux est dépassée par la guerre des hommes, c'est le malheur des hommes, et aussi le malheur de Dieu.

L'essence de la culture chinoise est différente de celle de la culture occidentale, mais la civilisation chinoise a connu aussi au cours de sa longue histoire ses propres désastres. "La culture chinoise est d’essence exclusivement humaniste, et il n’y  pas d’absolu prédéfini à partir duquel s’exercerait la raison instrumentale. C’est ainsi que dans l’histoire de la Chine il n’y a jamais eu de Croisades qui procèdent d’une volonté d’éliminer l’autre dans la mesure où, en l’absence de vérité absolue, n’ont jamais été semées les graines de l’extrémisme religieux.  Ce qui manque dans la culture chinoise, c’est le terreau qui permettrait à la raison instrumentale de se développer. 

Tout au long de l’histoire de la Chine, l’idéologie au nom de la quelle fonctionnait la société féodale excluait le principe de propriété privée durable.  C’est justement en raison de cela que le capitalisme n’est pas apparu spontanément en Chine. 

L'erreur fondamentale de la société chinoise moderne serait de ne pas avoir encore saisi la nécessité d’introduire en Chine un système de civilisation fondé, entre autres, sur l’idée de propriété privée inviolable. Sans doute, faut-il y voir la survivance de l’âme du féodalisme tel qu’il était conçu dans les sociétés anciennes.

La culture chinoise s’est constamment nourrie d’apports culturels multi-ethniques. C’est sans doute la raison pour laquelle elle n’a pas cessé de s’enrichir. 

Malheureusement, depuis un peu plus deux siècles, la civilisation féodale chinoise qui s’est sentie agressée par le rationalisme instrumental a certes profité des apports technologiques de l’occident, mais l’esprit qui a impulsé les découvertes et les nouveaux systèmes d’exploitation ayant permis la révolution industrielle du 19ième siècle n’a pas été intégré par la conscience chinoise, c’est comme si la Chine était passée du premier âge de la agriculture au troisième âge de l’information en ayant raté l’étape du deuxième âge industriel.  En fait, même si effectivement l’industrie chinoise a connu un certain développement depuis le début du 20ième siècle, développement devenu exponentiel ces trente dernières années, celui-ci n’a jamais été véritablement intégré et considéré comme faisant partie de la culture chinoise restée profondément ancrée dans la ruralité. Si on assiste actuellement à un extraordinaire décollage économique de la Chine, l’esprit du chinois est resté à bien des égards dans la boue. 

Aujourd’hui, il s’agit pour la Chine de faire en sorte que la troisième âge qui est celui de l’information et des nouvelles technologies ne s’inscrive pas seulement dans un processus de progrès civilisationnel (matériel), mais qu’il imprègne aussi profondément sa culture. Ce serait aussi, à travers la rencontre et l’interaction entre les modèles culturels chinois et occidentaux  une façon d’ouvrir de nouveaux chemins de vie et de créer de nouveaux modes d’être dont l’occident est l’orient pourraient profiter dans une perspective d’enrichissement culturel réciproque. Il est donc important pour la Chine de savoir saisir cette opportunité. Comme le dit un proverbe chinois, « si nous achetons la boîte et rendons la perle », nous risquons de perdre en richesse culturelle ce que nous gagnons en satisfaction matérielle, et rien n’est plus précieux que la richesse de l’âme.

(Traduit par Jean-François Barbier et Yu LI)

***********

神与神的冲突于人无解 --- 周剑铭 

2015年1月7日巴黎《查理周刊》事件震惊世界,和9.11事件一样,这并不能理解为人与人之间的冲突,这两个事件不能直接归属于政治、经济、道德性质的行为,事件的两方完全是不对称的,他们不在同一个层次上,我们可以把政治冲突解释为意识形态对立,把贸易战争归源于经济关系,这些关系中的人和事是对等出现的,但《查理周刊》事件是宗教极端与新闻自由后的民主政治,9.11是宗教极端与市场经济后的民主政治,而且它们还不能简单归结到宗教与政治之间的传统冲突范围,真正的严重性是,现在的冲突中的宗教与政治不在同一个文化形态中,只有在文化研究的深远性上,我们才能看到他们背后是神与神的冲突,当无辜的人遭到杀戮,当法兰西同声“我们都是查理”,全世界都应为人类的命运担忧:神与神的战争于人无解。

宗教深深植根于人类精神生活底层,政治却大多源于经济利益,这两者都是人类社会的基本组织方式。这两者在不同程度的交织或分离,大体上就是不同文化的整合模式,文明就是不同的文化模式,所谓“文明的冲突”只不过是不同文化模式对文化整合的抗拒,这种冲突超越了政治和经济层次,超越了通常的人类自我行为,实质是神与神的战爭的继续。

犹太教、基督教、伊斯兰教有共同的渊源,“本是同根生,相煎何太急”,以色列与巴勒斯坦,印度与巴基斯坦,更有各宗教内部产生的形形色色的无休止的教派之争,无数的无辜死亡,无数的财富损失,这时没有政治上清醒,没有经济上的精明,我们看到只是人的理性的无能为力,因为这后面是神与神的战争。

基督教从犹太教脱生,结合希腊传统后,成为了西方世界的主流宗教,西方主流世界借助工具理性的“去魅”最先走出了中世纪的黑暗,“被创造的平等”的西方人不仅逃离了上帝伊甸园,而且在自己不断创造的世俗社会中,理性地隔离了自治政治与上帝的关系,现代市场经济使西方世界逃脱了上帝对亚当和该隐诅咒(参见“创世纪”),实现了社会产品的极大丰富,使绝大多数人无衣食之虞,西方主流社会基本上获得了精神和物质上的人权自由,几乎成了不分宗教的所有其它国家的人的移民向往。

犹太教经历了无穷的苦难而世脉延绵,伊斯兰教也经历了不同的兴衰历史,他们和基督教一样,都是人类文化的创造者和继承者,从这个意义上说,宗教是人类文化的原初创造者,所以宗教的最主要的和共同的信仰就是神创造了人,这就是彼岸的隐喻,但实质上是创造了此岸人的世俗平等和世俗社会的文明创造力,“世俗的意义就是现实的人的行为空间,世俗生活就是人的社会存在,在广义的文化概念的意义上,这也就是最大的文化模式,被创造成的人成为实现自己的(世俗的)人,与人类的自然存在转化为社会的存在一样,人成为了人自身、人自身的历史意义上的文化存在”。(周剑铭:中国哲学——文化存在与文化形态论 ——从自然哲学观到文化观)

这就是文化与文明层次不同,神是人的创造者,也即文化的原初创造者,但世俗的人是自己的创造者,是社会文明的创造者,从文化理论上说,文明是文化整合的模式化,人类社会的进步就是由种种不同的文明的生成、变易、融合、替代的进步过程。 

但不幸的是,不同的宗教有不同的对神的理解和信条,犹太教阻止不了基督教的出生,基督教同样对伊斯兰教的产生无能为力,这是无情的历史,是生生不己的变易(周易·系辞上:生生之谓易),历史就是由无数的合理与不合理组成的,我们可以看到,基督教和希腊文化的结合、伊斯兰教与基督教之间的冲突都成为了历史上最重要的世界化过程,十字军东征使欧洲人发现了在欧洲已经消失了,却仍在当地存在的古希腊文化的残存,最终导致了欧洲的文艺复兴,这是神通过宗教方式实现的文化的变易整合,这不是人的事业,也不是某个宗教的必然,而是文化与历史的同一,我们继续这个隐喻,对神事业于人无能僭越,神与神的战争于人无解。

西方世界的新闻自由和政治自由是由人与神之间的分离实现的,“上帝的归上帝,凯撒的归凯撒”,世俗的西方人把心灵纯洁留给上帝,把肉体享乐留给自己,他们基本上能自觉地遵守这个分界,社会文明和政治制度支持和保障了新闻自由,“观点的自由市场”以及与之相关的理论是新闻学的理论基础,新闻媒体被认为具有与行政权、立法权与司法权以外的第四权力的相当地位,这是西方社会的现代性进步,但当新闻媒体面对异质的宗教文化时,就会陷入天真,宗教极端对这种无辜的天真加以血与火为服复,就僭越了自己的神,也就与整个人类为敌了,正是在这个本质上,恐怖主义是全人类的敌人——“我们都是查理!”。神的战争被人的战争僭越了,这是人的不幸,也是神的不幸。

中国文化是本质异于西方文化的,但中国文明同样有自己的灾难。中国文化是本质人性的文化,与工具理性的根源性不同,所以中国历史上没有出现十字军东征,也不会有产生宗教极端的基因,中国文化中缺少的是工具理性的土壤,中国长期封建历史中就没有制度私有制和相应的意识形态的根源,这正是资本主义没能在中国历史中自发产生的根本原因,中国近代历史最根本的失误,就是没有真正认识到对这种制度文明的引进的必要,这是封建主义亡灵至今不死的根本原因。中国文化历史上不断地实现了多民族的文化整合,因而延绵了数千年的历史不绝。不幸的是,近代以来,西方科学和民主对中国封建社会的渗透所产生的影响最终被中国人自己扼杀,中国文化的整合在最终完全失败,迄今仍在这个泥淖中挣扎。历史的中国己经错过了工业文明的机遇,今天有幸地迎来了现代新文明的大潮,这是中西文化的互补性在变易中的实践最好的机遇,但如果对此“买椟还珠”,就会又一次错过这个伟大的时代了!

附录:圣经·创世纪·第三、四章:

因为你听了你妻子的话,吃了我禁止你吃的果子,为了你的缘故,地成了可咒骂的;你一生日日劳苦才能得到吃食。
地要给你生出荆棘和蒺藜,你要吃田间的蔬菜。
你必须汗流满面,才有饭吃,直到你归于土,因为你是由土来的;你既是灰土,你还要归于灰土。
现在你必从这地受诅咒。你种地,地不再给你效力,你必流离飘荡在地上。